Vu le film War Games de John Badham (1983) avec Matthew Broderick Ally Sheedy Dabney Coleman Barry Corbin Juanin Clay John Wood Dennis Liscomb Kent Williams Michael Madsen Art la Fleur
Au début des années 1980, alors que la guerre froide entre les deux « blocs bat son plein, David Lightman, un jeune lycéen américain, mène également des activités de pirate informatique pendant son temps libre, notamment pour corriger ses mauvaises notes sur l’ordinateur de son lycée ou bien pour s’introduire dans des systèmes informatiques d’entreprises.
Un jour, Lightman accède à distance (et sans le savoir) au serveur informatique du NORAD (qui fait partie du réseau de Défense américain) alors qu'il croyait avoir piraté le serveur de Protovision, une compagnie de jeux vidéo. Pour ce faire, Lightman a usurpé l'identité de Stephen Falken, un chercheur américain en informatique qui travaillait pour le NORAD et dont il a deviné le login et le mot de passe pour entrer dans le système.
WarGames de John Badham, sorti en 1983, c’est un pur concentré d’ADN eighties. Le film appartient à cette grande famille des teen movies qui ont marqué l’époque, mais en décalant la focale : ici, pas de lycée avec son lot de fêtes et de blagues potaches, mais un adolescent qui flirte avec la fin du monde en pianotant sur son ordinateur. C’est ça la magie des années 80 : croire qu’un gamin pouvait brancher son modem, se connecter à un super-ordinateur militaire et lancer la Troisième Guerre mondiale… tout en draguant sa copine de classe.
Au centre du récit, il y a David Lightman (Matthew Broderick), ce "glandeur" sympathique qui triche en cours, bidouille son micro-ordinateur et sait surtout comment se sortir des situations les plus absurdes grâce à son bagout. On retrouve déjà dans ce rôle l’esquisse du Ferris Bueller qu’on adore dans La Folle Journée de Ferris Bueller : un ado insolent, beau parleur, pas très studieux mais incroyablement attachant. Broderick incarne à merveille ce charme faussement désinvolte, et c’est sans doute pour ça que son Lightman reste si mémorable.
L’histoire démarre comme une farce d’ado : pirater pour accéder à des jeux vidéo. Mais la blague prend un tournant terrifiant lorsqu’il tombe sur WOPR (War Operation Plan Response), le super-ordinateur de la Défense américaine. Pensant déclencher une simple partie de stratégie, il met en branle une simulation de guerre nucléaire qui, vue de l’extérieur, ressemble à une vraie attaque soviétique. Résultat : la planète est au bord du chaos parce qu’un teenager s’ennuyait dans sa chambre !
À ses côtés, on retrouve Ally Sheedy dans le rôle de Jennifer, la copine qui incarne à la fois la fraîcheur et l’œil du spectateur. Elle est incrédule, effrayée mais fidèle à David, ce qui donne au film une vraie dynamique de duo. Leur complicité fonctionne bien, et Badham injecte dans leur relation une touche légère et drôle, même quand les enjeux deviennent apocalyptiques.
Côté adultes, Dabney Coleman est impeccable en McKittrick, bureaucrate arrogant et dépassé par la situation, pendant que John Wood incarne Falken, le scientifique reclus qui a créé WOPR et qui revient dans le jeu comme une sorte de conscience morale. Ces personnages donnent du relief, et rappellent que derrière la science-fiction et l’aventure adolescente, il y a une vraie réflexion sur la course aux armements.
Ce qui rend WarGames unique, c’est son mélange de tons : à la fois thriller paranoïaque, comédie de teenager et anticipation technologique. John Badham réussit à rendre palpitant le spectacle d’écrans verts qui clignotent et de lignes de code qui défilent. Ce qui pourrait sembler absurde aujourd’hui reste terriblement efficace, car tout est filmé avec un vrai sens du suspense : la fameuse séquence finale où WOPR apprend que la guerre nucléaire est un jeu sans gagnant est encore culte.
Et puis, oui, le film a vieilli, mais dans le bon sens : il transpire la nostalgie des années 80, ces modems stridents, ces écrans monochromes, ces ordinateurs qui ressemblaient à des coffres-forts. Face à nos drones, satellites et IA militaires d’aujourd’hui, l’histoire semble presque naïve, mais c’est précisément cette naïveté qui la rend irrésistible. C’est un film qui nous ramène à une époque où la technologie était mystérieuse, presque magique, et où un ado pouvait jouer avec le destin du monde en tapant deux ou trois commandes.
WarGames, c’est un film-doudou générationnel : drôle, malin, haletant, porté par un Matthew Broderick au sommet de son charme de teenager. Il cristallise cette vision des années 80 où les jeunes pouvaient être plus rusés que les adultes et sauver la planète entre deux rendez-vous amoureux. Un film qui appartient à la fois à la culture geek naissante, au cinéma de suspense et à la grande famille des teen movies… bref, un classique indémodable.
NOTE : 14.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : John Badham
- Scénario : Lawrence Lasker et Walter F. Parkes
- Musique : Arthur B. Rubinstein
- Direction artistique : James J. Murakami
- Décors : Angelo P. Graham et Jerry Wunderlich
- Costumes : Barry Francis Delaney (costumes hommes) et Linda Matthews (costumes femmes)
- Photographie : William A. Fraker
- Son : Willie D. Burton
- Montage : Tom Rolf
- Production : Harold Schneider
- Producteur délégué : Leonard Goldberg
- Producteur associé : Richard Hashimoto
- Sociétés de production : United Artists, Sherwood Productions
- Sociétés de distribution :
MGM/UA Entertainment Company /
Swashbuckler Films - Budget : 12 000 000 $ (USD) (estimation)
- Matthew Broderick (VF : Thierry Bourdon) : David Lightman
- Ally Sheedy (VF : Amélie Morin) : Jennifer Katherine Mack
- Dabney Coleman (VF : William Sabatier) : John McKittrick
- Barry Corbin (VF : Jacques Deschamps) : le général Jack Beringer
- John Wood (VF : Dominique Paturel) : Robert Hume, alias le docteur Stephen W. Falken / la voix de Joshua-WOPR
- Juanin Clay : Pat Healy
- Dennis Lipscomb (VF : Claude Giraud) : Lyle Watson
- Kent Williams (VF : Bernard Murat) : Arthur Cabot
- Irving Metzman (VF : Roger Lumont) : Paul Richter
- James Tolkan (VF : Jacques Thébault) : l'agent Nigan
- Michael Ensign : l'assistant de Beringer
- William Bogert (VF : Bernard Tiphaine) : M. Lightman
- Susan Davis (VF : Arlette Thomas) : Mme Lightman
- Maury Chaykin (VF : Mario Santini) : Jim Sting
- Eddie Deezen (VF : Henri Courseaux) : Malvin
- Jason Bernard (VF : Med Hondo) : le capitaine Knewt
- John Spencer (VF : Philippe Ogouz) : le capitaine Jerry Lawson
- John Garber (VF : Patrick Poivey) : le caporal à l'infirmerie
- Billy Ray Sharkey (VF : Roland Ménard) : l'analyste radar
- Michael Madsen (VF : Jean-Pierre Moulin) : le 1er lieutenant Steve Phelps
- Alan Blumenfeld : M. Liggett
- Art LaFleur : le garde Gainsburg
- Stephen Lee : le sergent Schneider
- James Ackerman : Joshua, le jeune fils de Falken (photos d'archives)

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