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mardi 28 octobre 2025

8.20 - MON AVIS SUR LE FILM MON AMI ROBOTS DE PABLO BERGER (2023)


 Vu le film d’Animation Mon Ami Robots de Pablo Berger (2023)  

Dans un univers peuplé d'animaux où il est possible de fabriquer des robots pour palier à la solitude, Dog, un chien new-yorkais, se fait un nouvel ami : Robot. Ils jouent à la console, se baladent à Central Park, et deviennent vite inséparables. Mais lorsqu'un voyage à la plage laisse son ami Robot rouillé et immobilisé dans le sable, Dog doit malheureusement retourner seul à sa vie d'avant. 

Mon ami Robot (Robot Dreams) de Pablo Berger est de ces films qui, sans un seul mot, parlent plus fort que la plupart des longs-métrages bavards. On y suit Dog, un chien new-yorkais solitaire qui s’offre un compagnon sur catalogue : Robot. Le pitch pourrait annoncer une bluette anthropomorphique, mais Berger vise plus haut : il filme la naissance, la joie, l’effritement et la mort d’un lien, comme s’il avait décidé de condenser dans un film d’animation muet tout ce qu’un amour, une amitié ou une relation peut traverser dans une vie entière. Et c’est précisément là que le film frappe au cœur. 

Parce qu’ici, la parole n’existe pas : pas de dialogues, pas d’explications, pas de béquilles. Juste l’image, le rythme, le mouvement, les sons, la musique, les micro-gestes — et une animation d’une douceur folle. C’est la preuve éclatante qu’un plan bien composé vaut dix pages de dialogues : le mutisme devient un langage. 

Le scénario, faussement simple, repose sur une idée brillante : que se passe-t-il quand celui qu’on aime ne peut plus suivre ? Au lieu de céder au mélodrame facile, le film bifurque vers la métaphore du deuil, du regret, de la reconstruction. La séquence de la plage — Robot rouillant au soleil, figé dans l’attente tandis que Dog se débat avec l’impossible — est un coup de poing émotionnel d’une limpidité désarmante : c’est la vie qui abîme, c’est le temps qui sépare, c’est l’impuissance qui dévore. 

La référence au Bûcheron en fer-blanc du Magicien d’Oz n’est pas un clin d’œil gratuit : Robot aussi cherche un cœur qu’il possède déjà, et Dog ressemble à une Dorothy qui aurait dû dévier de la route de briques jaunes, faute de pouvoir sauver son ami. Là où Fleming filmait la quête d’un cœur, Berger filme la perte de celui qu’on avait trouvé. Deux faces d’un même mythe. 

Visuellement, c’est un festival d’idées de mise en scène et de gags visuels (tes easter eggs cinéphiles sont bien là, et bien sentis). Le sound design remplace les mots par le rythme : une porte, un pas, un souffle, un grincement prennent le rôle de dialogues entiers. Et ça fonctionne. Même les seconds rôles animaliers, en apparence anecdotiques, servent le propos : le monde continue, même quand une amitié s’arrête. 

Le plus beau, c’est que le film refuse la solution miraculeuse. Il ose l’impensable : accepter qu’une histoire puisse ne pas reprendre. Et c’est précisément là qu’il devient universel. Robot n’est pas seulement l’ami de Dog : c’est l’ami perdu que chacun d’entre nous porte. 

 un film sur l’attachement, la séparation, la mémoire et la renaissance, porté par une animation délicate, une mise en scène inventive, un scénario tendre mais lucide, et un mutisme qui rend chaque émotion plus nue. On rit, on souffre, on avance — comme Dog. Comme Robot. Comme nous. 

NOTE : 8.20

FICHE TECHNIQUE



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