13.20 - MON AVIS SUR LE FILM SUR UN FIL DE REDA KATEB (2024)

 Vu le Film Sur un Fil de Reda Kateb (2024) avec Aloise Sauvage Philippe Rebbot Sara Giraudeau Zinedine Soualem Samir Guesmi Barbara Bolotner Eva Yelmani 

Jo, une jeune femme, artiste de cirque de rue, découvre le travail des clowns professionnels de "Nez pour rire". Vite, peut-être trop vite, entrée dans l'association, elle se retrouve à l'hôpital au contact des enfants, des malades, des soignants et des familles, à qui ces clowns tentent inlassablement d'apporter de la joie et du réconfort. 

Il y a des films qui vous redonnent foi en la simplicité, en la chaleur humaine, en la beauté d’un geste. Sur un fil, premier long-métrage de Reda Kateb en tant que réalisateur, appartient à cette catégorie rare. Le sujet aurait pu sombrer dans le pathos : une artiste de cirque de rue, Léa (interprétée par la lumineuse Aloïse Sauvage), victime d’une chute qui la laisse sur des béquilles, doit affronter la perte de mobilité, le regard des autres, le doute, la reconstruction. Mais Kateb, avec une pudeur et une tendresse infinies, choisit une autre voie : celle du sourire, du jeu, de la résilience. 

Plutôt que de s’appesantir sur la douleur, il filme la renaissance. Léa, malgré ses béquilles, reprend contact avec le monde à travers une mission inattendue : devenir clown à l’hôpital pour divertir les enfants. Là, entre couloirs blanchis et chambres pleines d’espoir, elle rencontre un jeune garçon malade avec lequel se tisse une complicité bouleversante. Chaque chambre est un petit monde, entre souffrance et rires retrouvés, et le film rend hommage à ceux qui y travaillent avec courage et humilité : les soignants, ces figures silencieuses du dévouement quotidien. 

Reda Kateb, derrière la caméra, ne cherche jamais l’effet. Sa mise en scène se fait discrète, fluide, portée par une sincérité qui rappelle les premiers films de Kechiche ou les portraits de vie de Jeanne Herry. Il laisse la place à ses comédiens, et c’est ce qui fait la force du film. Aloïse Sauvage, dans un rôle presque autobiographique – elle qui est chanteuse, danseuse, artiste de cirque et comédienne – y est formidable de vérité. Elle donne au personnage une énergie folle, une joie de vivre contagieuse, une forme de rage douce contre la fatalité. 

À ses côtés, Philippe Rebbot offre l’un de ses plus beaux rôles : celui d’un soignant un peu désabusé, drôle et tendre à la fois, dont la maladresse cache une immense humanité. Chaque regard, chaque silence entre eux résonne d’une émotion juste, jamais forcée. On sent que Kateb a dirigé ses acteurs comme un frère de scène, dans une confiance totale. 

Le film, d’une modestie rare, évite les violons, les grands discours, les effets lacrymaux. Il préfère la douceur à la tristesse, l’humour au désespoir. Et c’est précisément là qu’il touche en plein cœur. Sur un fil parle de la fragilité comme d’une force, de la beauté des corps cabossés, de la joie qu’on arrache à la douleur. 

Porté par une lumière douce et des musiques discrètes, le film dégage une onde positive, sincère, communicative. On sort de la séance avec un sourire, une énergie nouvelle, une reconnaissance pour ces artistes et ces soignants qui, chaque jour, « tiennent sur un fil » entre la vie et la chute. 

Reda Kateb signe ici un premier film d’une humilité exemplaire, profondément humain, sans fausse note, qui prouve qu’on peut parler de la souffrance avec grâce et donner de la joie sans tricher. Un film qui donne la pêche, vraiment — et qui, par sa justesse, fait du bien là où ça compte : au cœur. 

NOTE : 13.20

FICHE TECHNIQUE

• Réalisation : Reda Kateb
• Scénario : Reda Kateb et Fadette Drouard
• Musique : Simon Henner (French 79)
• Décors : Catherine Jarrier-Prieur
• Costumes : Khadija Zeggaï
• Photographie : Sebastien Goepfert
• Montage : Dorian Rigal-Ansous
• Production : Robin Boespflug-Vonier et Stéphane Parthenay
• Sociétés de production : Pyramide Productions et Universal Pictures France
• Société de distribution : Universal Pictures International (France)
• Pays de production :  France

DISTRIBUTION

• Aloïse Sauvage : Jo / Zouzou
• Philippe Rebbot : Gilles / Poireau
• Jean-Philippe Buzaud : Thierry / Roger Chips
• Sara Giraudeau : Clémence
• Samir Guesmi : Abdel
• Massil Imine : Yacine
• Elsa Wolliaston : Tamara
• Christine Pignet : la mère de Jo
• Jean-Pierre Malignon : le père de Jo
• Barbara Bolotner : Mimi
• Béatrice Michel : L'amie de Jo
• Christian Bouillette : Monsieur Christian
• Zinedine Soualem : Zinedine