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samedi 25 octobre 2025

12.40 - MON AVIS SUR LE FILM LE CHAT NOIR DE EDGAR J .ULMER (1934)


 Vu le Film Le Chat Noir de Edgar J.Ulmer (1934) avec Bela Lugosi Boris Kharloff David Manners Jacqueline Wells Lucille Lund Egon Brecher Harry Cording Albert Corti 

Durant leur lune de miel en Hongrie, Peter et Joan Alison apprennent qu'en raison d'une confusion, ils doivent partager un compartiment de train avec le Dr Vitus Werdegast, un psychiatre hongrois. Dix-huit ans auparavant, Werdegast a participé à la Première Guerre mondiale, sans jamais revoir sa femme car il a passé les 15 dernières années dans un camp de prisonniers tristement célèbre en Sibérie. Dans le train, le médecin explique au couple qu'il va voir un vieil ami architecte autrichien, Hjalmar Poelzig. 

Attention. On ne passe pas devant un chat noir, ni devant cette chronique. Avec les chats, on ne sait jamais : un regard, un miaulement, et hop, votre destin bascule. Et dans ce film, ce n’est pas juste un matou qui traîne sur un muret : c’est le mauvais présage incarné, griffe du Diable et muse d’Edgar G. Ulmer. Ici, Universal réunit deux monstres sacrés d’avant-guerre : Bela Lugosi et Boris Karloff. Bien avant le duo Cushing / Lee, il y avait eux, les pères fondateurs, les Dracula & Frankenstein en chair blanchâtre et regard fixe. On les réunit, on ajoute un chat maléfique, une demeure froide et labyrinthique, des messes noires, plus une musique qui vous hérisse le poil comme un greffier face à un sèche-cheveux, et on obtient un classique de l’épouvante en noir et blanc. 

L’histoire ? Un jeune couple, Peter (David Manners) et Joan (Julie Bishop), se retrouve dans la demeure inquiétante du sinistre Hjalmar Poelzi(Boris Karloff), architecte charismatique, glaçant, adorateur de rites sataniques. Sur place, ils rencontrent le mystérieux Dr. Vitus Werdegast (Bela Lugosi), psychiatre tourmenté, rescapé de la guerre et du passé sombre de Poelzig. Entre vengeance, secrets enfouis, murs qui parlent et chats qui veillent, la tension monte crescendo. Rien à voir avec la nouvelle de Poe, sauf l’aura maudite et l’obsession morbide : le film invente autre chose, et le fait avec style. 

La mise en scène d’Ulmer ? Épurée, glaciale, moderne pour 1934. Pas d’effets numériques, pas de 3D, pas d’IA, juste du cinéma artisanal qui sculpte la peur à la main. Les décors anguleux, les silences pesants, les portes qui grincent comme si elles criaient « fuyez »… tout cela crée un malaise délicieux. Et que dire de la photographie ? Somptueuse : ombres tranchées, clair-obscur expressionniste, silhouettes fantomatiques. On est entre Poe, le film gothique, et les restes de Caligari. Un noir et blanc qui respire le mystère, la mort et le velours. 

Au casting, ce sont Lugosi et Karloff qui gouvernent le film. Lugosi, fascinant psychiatre rongé par la revanche, joue sur la retenue et donne l’âme du récit. Karloff, lui, glace le sang, avec cette lenteur hypnotique, ce sourire au cyanure et cette présence qui fait de chaque scène un rituel. Les autres acteurs — David Manners et Julie Bishop — font le job, sans éclat particulier. Le fantôme, la bête et la terreur, ce sont les deux géants qui s’affrontent. 

Au finalLe Chat Noir, c’est un rituel cinéphile : un film qui ne cherche pas à faire sursauter, mais à envoûter. Une œuvre malade, élégante, un cauchemar feutré qui montre qu’avant les effets spéciaux, on savait faire peur avec une ombre et un escalier. Une très belle réussite de l’ère Universal, qui traverse les décennies comme un chat : sur ses pattes, et avec un sourire inquiétant. 

NOTE : 12.40

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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