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lundi 20 octobre 2025

7.20 - MON AVIS SUR LE FILM AVIGNON DE JOHAN DIONNET (2025)


 Vu le Film Avignon de Johann Dionnet (2025) avec Baptiste Lecaplain Elisa Erka Johann Dionnet Alison Wheeler Lyes Salem Amaury de Crayencour Rudy Milstein Ariane Mourier  

Comédien en perte de vitesse, Stéphane débarque avec sa troupe au Festival d'Avignon pour jouer une pièce de boulevard. Il y recroise Fanny, une comédienne de renom, et tombe sous son charme. Profitant d'un quiproquo pour se rapprocher d'elle, Stéphane s'enfonce dans un mensonge qu'il va devoir faire durer le temps du festival, mais qui va très vite le dépasser. 

Avignon de Johann Dionnet — ou comment continuer à explorer le gouffre du cinéma français sans lampe torche. Le film, à l’image de son pont célèbre, n’est pas fini. Il reste suspendu au quai des illusions d’un scénario bancal, oscillant entre carte postale provençale et comédie de troupe sans chef. On voudrait y croire, on voudrait se laisser porter par la bonne humeur annoncée, mais très vite on comprend que la croisière va s’échouer. Heureusement qu’il n’y a pas de mer à Avignon, sinon on aurait coulé depuis longtemps. 

Dionnet, visiblement amoureux de sa ville et de son festival, filme comme on envoie une carte postale : jolie, propre, mais vide. Il confond tendresse avec platitude et comédie avec agitation. Il y a bien des comédiens sympathiques, des visages qu’on sent prêts à donner, à improviser, à jouer ensemble — mais le film ne leur donne rien à jouer. Ce n’est pas une troupe, c’est une assemblée d’âmes errantes qui se débattent pour exister, cherchant à s’accrocher à la moindre réplique pour ne pas sombrer dans le néant. 

Et dans ce vide organisé, pas un acteur connu pour tirer le groupe vers le haut. Pas une figure charismatique pour donner un cap à cette troupe en déroute. On se retrouve devant un film où tout le monde parle, rit, court, s’agite, mais sans direction. C’est du théâtre de rue filmé sans enjeu, sans nerf, sans émotion. On ne sait pas ce qu’on regarde : une répétition ? Un making-of ? Un brouillon ? 

Le scénario, lui, a la consistance d’un programme de festival : plein de promesses, mais rien qui tienne une fois les lumières éteintes. Dionnet veut célébrer le théâtre, la passion des planches, l’utopie collective… mais il ne fait que recycler les clichés du genre : les egos qui s’entrechoquent, les amours contrariées, les fuites vers la scène. On connaît déjà la fin, on devine chaque ressort, et l’ennui s’installe dès la première demi-heure. 

“Avignon” a pourtant remporté le Grand Prix du festival de comédie de l’Alpe d’Huez. On se demande franchement pourquoi. Peut-être que les autres films étaient pires. Peut-être que le jury a confondu “tendresse provinciale” avec “chef-d’œuvre populaire”. Car le problème d’Avignon, et c’est un handicap de poids, c’est d’être une comédie pas drôle. Pas une seule scène qui déclenche un vrai rire, pas même un sourire franc. Le ton est léger, certes, mais jamais vivant. Tout flotte, tout traîne, tout s’effrite. 

Le jeu des acteurs se veut “frais” — et moi aussi, je cède à la mode du mot, sans être bien sûr d’en maîtriser le sens. Ils font ce qu’ils peuvent, sincèrement. Mais quand le texte est creux et les situations vues mille fois, la fraîcheur tourne vite à la fadeur. Les quiproquos tombent à plat, les bons sentiments suintent par tous les pores, et le sentimentalisme devient vite un sucre trop fondu. 

Avignon, c’est la tragédie d’un film qui croit parler de passion et de théâtre, mais qui finit par jouer la pièce la plus redoutée : Le Vide et l’Ennui. Dionnet a sans doute voulu rendre hommage à la ville, à ses remparts, à son festival, à son âme artistique. Mais on sort de là avec une seule envie : passer le pont, vite, pour rejoindre la réalité. 

Avignon, c’est comme son pont — interrompu, branlant, inutile. Une carte postale sans émotion, une comédie sans rire, un film sans souffle. Et si le cinéma français continue à se regarder ainsi jouer sans se raconter, alors oui : le gouffre est profond, et Johann Dionnet vient d’y planter un drapeau 

NOTE :7.20

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Johann Dionnet
  • Scénario : Johann Dionnet et Benoît Graffin
  • Musique : Sébastien Torregrossa
  • Décors : Frédéric Grandclère et Frederique Doublet
  • Costumes : Dorothée Lissac
  • Photographie : Thomas Rames
  • Montage : Sylvie Landra
  • Production : Maxime Delauney, Mathieu Ageron et Romain Brosseau
  • Sociétés de production : Nolita Cinéma[2] ; coproduit par Studio TF1 Cinéma et France 2 Cinéma
  • Société de distribution : Warner Bros. France (France)
  • Budget : 4 millions d'euros

DISTRIBUTION

 

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