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mercredi 15 octobre 2025

12.60 - MON AVIS SUR LE FILM NANNY MCPHEE DE KIRK JONES (2006)

 


Vu le film Nanny McPhee de Kirk Jones (2006) avec Emma Thompson Colin Firth Angela Lansbury Thomas Brodie-Sangster Raphael Coleman Kelly MacDonald Samuel Honywood Celia Imrie 

Depuis la disparition de son épouse, le brave M. Brown a bien du mal avec ses sept enfants. Il faut dire que de l'aîné à la petite dernière, tous font de la maisonnée un véritable enfer. En un rien de temps, ils sont parvenus à décourager 17 candidates au poste à hauts risques de gouvernante. Mais il ne va pas en aller de même avec Nanny McPhee, la nouvelle postulante aussi effrayante qu'énigmatique. 

Adapté des romans de Christianna Brand, Nanny McPhee s’inscrit dans la pure tradition du conte éducatif anglais, quelque part entre Mary Poppins et Peter Pan, mais avec une touche de farce burlesque et de satire sociale typiquement britannique. Le film raconte l’histoire de M. Brown (Colin Firth), un père veuf dépassé par ses sept enfants, véritables petits démons qui font fuir toutes les nounous du pays. Jusqu’à l’arrivée d’une étrange gouvernante au visage grêlé et à la canne magique : Nanny McPhee (Emma Thompson, qui signe aussi le scénario). À mesure que les enfants apprennent la discipline, l’obéissance et la bienveillance, le visage hideux de la nounou s’adoucit. La morale est claire : la vertu rend beau — un message très victorien, mais charmant dans son exécution. 

Kirk Jones, réalisateur venu de la comédie sociale (Waking Ned), filme cette fantaisie domestique avec un certain goût pour les décors colorés et les cadrages symétriques, mais son style manque parfois de souffle. L’ensemble donne l’impression d’un studio étriqué, trop propre, où la mise en scène se contente d’illustrer l’action sans réelle invention visuelle. Les effets spéciaux, eux, accusent leur âge : mal incrustés, un peu criards, ils confirment que la magie au cinéma ne se résume pas à des éclairs numériques. On aurait préféré que la fantaisie passe davantage par le jeu et le rythme que par ces artifices un peu lourds. 

Reste que les acteurs, eux, s’amusent comme des fous, et c’est ce qui sauve le film. Emma Thompson impose une double présence : sorcière sévère et ange gardien, avec cette ironie douce qui la rend irrésistible. Son Nanny McPhee est d’abord une figure de terreur, puis une mère de substitution, et son regard de tendresse finale parvient à émouvoir même les plus sceptiques. Colin Firth campe un père débordé mais digne, modèle de gentleman maladroit, toujours sur le fil entre comédie et mélancolie. Et il faut saluer la présence d’Angela Lansbury — délicieuse en tante acariâtre et grotesque, un des derniers rôles marquants d’une immense actrice. On retrouve aussi Imelda Staunton, en domestique dévouée, et Kelly Macdonald, très juste en servante douce promise au bonheur. 

Le scénario suit un schéma moral implacable : sept leçons pour sept bêtises, sept étapes vers la sagesse. C’est un peu trop mécanique, mais les enfants y trouvent un vrai plaisir de répétition. Pour les adultes, le propos se fait plus ambigu : la discipline comme apprentissage de la liberté, la morale comme métaphore du devenir adulte — on pense, en très lointain contrepoint, à If… de Lindsay Anderson, où la révolte des enfants éclatait contre ce même système éducatif. Ici, tout est rentré dans l’ordre : l’obéissance forme les hommes de demain. Vision rassurante, un peu poussiéreuse, mais sincère. 

En tant que spectateur plus âgé, on peut trouver tout cela gentiment désuet, voire trop sucré. Le film manque de cette folie poétique qui animait Mary Poppins, et sa mise en scène ne transcende pas les situations. Mais difficile de nier le charme de l’ensemble : couleurs vives, humour anglais, comédiens en liberté et morale claire comme de l’eau de rose. Nanny McPhee est un conte moral pour enfants bien élevés, un peu maladroit dans sa forme, mais attachant dans son fond. 

Bref, un film familial, coloré, aimable et so British, à recommander aux plus jeunes plutôt qu’aux nostalgiques du cinéma d’enfance. Les adultes y verront peut-être un Super Nanny victorien sous effets spéciaux, mais les enfants, eux, croiront à la magie — et c’est bien pour eux que cette magie existe. 

NOTE : 12.60

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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