Vu le Film Amelia’s Children de Gabriel Abrante (2024) avec Alba Batista Jack Haven Anabela Moreira Carloto Cotta Rita Blanco Sonia Balaco
Orphelin depuis sa naissance, Edward découvre à l'âge adulte qu'il a un jumeau et une mère qu'il ne connaît pas. Avec sa petite amie Ryley, il part les rencontrer dans leur magnifique demeure isolée au cœur d'une région recluse.
« Amelia’s Children », de Gabriel Abrantes, s’inscrit dans un territoire où le cinéma portugais s’aventure rarement : l’horreur. Et si l’audace du geste peut susciter une curiosité légitime, le résultat reste largement en-deçà de ses ambitions. Le film repose sur un schéma narratif déjà archi-pratiqué, et ne tente jamais de s’en émanciper. L’originalité attendue ne viendra pas : tout est familier, balisé, vu mille fois, et jamais transcendé. Pas Friedkin qui veut.
L’intrigue suit Edward (Carloto Cotta), persuadé d’avoir été adopté. En quête d’identité, il retrouve la trace de sa famille au Portugal et part avec sa compagne Rita (Brigette Lundy-Paine). Le couple est accueilli dans un manoir isolé par Amélia (Alba Baptista), mère trop douce pour être honnête, et par Manuel, frère jumeau d’Edward — incarné lui aussi par Carloto Cotta. Très vite, le vernis familial se fissure : dépendance maternelle, secrets enfouis, relation fusionnelle malsaine, enfermement psychologique. L’horreur s’installe, mais tard. Trop tard.
Le problème dominant est rythmique : le film parle beaucoup et n’avance pas. Une longue exposition étire les scènes et dilue la tension. Là où un grand metteur en scène aurait installé le malaise par l’image, Abrantes verbalise, explique, commente. Lorsqu’on atteint enfin le cœur du sujet, l’impact est affaibli : le spectateur a déjà pris de l’avance sur le récit.
Côté mise en scène, tout est appliqué, propre, mais sans nerf. Le décor du manoir, les cadres, la lumière : l’ensemble fonctionne plastiquement, mais jamais comme vecteur d’angoisse. Pas de véritable montée, pas de bascule choc, pas de séquence marquante. Le film mime des codes américains mainstream mais sans les dynamiter ni les maîtriser pleinement.
Les acteurs restent l’élément le plus solide. Carloto Cotta tire clairement son épingle du jeu : dualité crédible, présence physique, intensité retenue. Brigette Lundy-Paine apporte une fragilité intéressante à Rita, souvent seule boussole rationnelle du récit. Alba Baptista compose une mère-araignée convaincante, même si le personnage aurait gagné à être écrit avec plus d’outrance ou d’ambiguïté.
Le scénario, lui, demeure prévisible : secrets familiaux, séduction toxique, enfermement, répétition du trauma. Rien ne surprend, rien ne dévie. Même le twist final se contente de confirmer ce que l’on avait anticipé depuis longtemps. Le film refuse la radicalité et se contente de reproduire.
le cinéma de genre portugais existe, mais pas encore à pleine puissance. « Amelia’s Children » en est un symptôme plus qu’un accomplissement. L’œuvre se regarde sans peine, mais sans frisson, sans choc, sans souvenir durable. Un essai honorable, mais tiède. Un film qui veut plaire au plus grand nombre, et qui finit par ne marquer personne.
NOTE : 4.20
FICHE TECHNIQUE
| Portuguese | A Semente do Mal |
|---|---|
| Directed by | Gabriel Abrantes |
| Written by | Gabriel Abrantes |
| Produced by |
|
| Starring |
|
| Cinematography | Vasco Viana |
| Edited by | Margarida Lucas |
| Music by | Gabriel Abrantes |
Production company | Artificial Humors |
| Distributed by | NOS Audiovisuais |
- Jack Haven[a] as Riley
- Carloto Cotta as Edward "Ed" / Manuel / Artur
- Anabela Moreira as Amelia
- Alba Baptista as young Amelia
- Rita Blanco as Sra. Vieira

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire