Vu le film La Plus Grande Histoire Jamais Contée de George Sidney David Lean James Lee Barrett (1965) avec Max Von Sydow Angela Lansbury Charlton Heston Michael Anderson Jr Carroll Baker Ina Balin Pat Boone Victor Buono John Wayne José Ferrer Van Heflin Sidney Poitier Sal Minéo
Ce film se veut une adaptation cinématographique de la vie de Jésus Christ telle que relatée par le Nouveau Testament.
Grande fresque de près de quatre heures, La Plus Grande Histoire Jamais Contée se présente comme le récit ultime de la vie de Jésus, un film-bible pour les croyants qui y voient la représentation sacrée de leur Sauveur. Mais pour un athée — surtout un athée curieux qui regarde le cinéma comme un livre d’Histoire — l’expérience est toute autre. En réalité, les trois réalisateurs n’adaptent pas l’un des Évangiles, ni même la Bible, mais le roman de Fulton Oursler, écrivain de polars reconverti dans le religieux. Et cela change tout : au lieu d’un texte mystique ou spirituel, on se retrouve devant un blockbuster en toge, un monument aux ambitions titanesques, mais qui semble filmer la foi de certains au lieu d’interroger celle des autres.
Le film retrace les épisodes classiques : la naissance, Jean le Baptiste, les miracles, les apôtres, la prédication, Judas, l’arrestation, la marche au Calvaire et la crucifixion. L’Histoire est là — ou plutôt son catéchisme illustré — mais où est la chair ? Où est l’humanité ? Dès son apparition, Max von Sydow, Jésus hiératique et lunaire, donne l’impression d’être un hologramme avant l’heure. Aucun doute : ce Messie-là inspire la distance, pas l’empathie. On n’a jamais envie de le suivre, et encore moins de le comprendre. Et pour cause : une ellipse totale efface toute sa vie avant 30 ans ; Jésus sort du désert comme un personnage tombé d’un décor de péplum, sans passé, sans doute, sans faille. La Palestine, filmée comme un désert perpétuel, ressemble à un plateau de western biblique.
Ironie du sort : le casting est immense — Charlton Heston en Jean-Baptiste, Angela Lansbury, Martin Landau, Sidney Poitier, et même John Wayne en centurion — mais ces noms prestigieux traversent le cadre comme des figurines dorées. On admire, mais on n’y croit jamais. À l’image d’un budget pharaonique, tout respire la solennité, mais rien ne respire la vie. La mise en scène, statique, muséale, fige l’émotion. La marche au Calvaire et la crucifixion ressemblent à une exposition du musée Grévin : poses figées, drapés suspendus, drame absent. On dirait un catéchisme filmé pour les enfants sages de la Communion, pas le récit d’une tragédie humaine.
Le film accumule les tableaux pieux sans véritable vision dramatique. Là où Lean et Negulesco auraient pu bousculer, ils se contentent d’illustrer. Résultat : malgré son souffle annoncé, La Plus Grande Histoire Jamais Contée devient un monument figé, un spectacle démesuré mais sans chair, sans fièvre, sans doute. En croyant transmettre la foi, le film passe à côté de l’Histoire, et à côté de l’homme.
Pour les croyants, c’est peut-être une bible en Technicolor. Pour les incultes, un cours en images. Pour les athées comme moi, c’est surtout une légende filmée sans incarnation, un récit qui, à force de vouloir être sacré, en devient abstrait — et qui fait perdre la foi plus sûrement que le doute.
NOTE : 13.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : George Stevens, assisté de Richard Talmadge, William Hale, David S. Hall et Paul Baxley ; participation non créditée de David Lean et Jean Negulesco.
- Scénario : James Lee Barrett, George Stevens et Henry Denker d'après le livre de Fulton Oursler
- Production : Frank I. Davis, George Stevens, George Stevens Jr. et Antonio Vellani
- Musique : Alfred Newman
- Photographie : Loyal Griggs et William C. Mellor
- Montage : Harold F. Kress, Art J. Nelson et Frank O'Neil
- Décors : Fred M. MacLean, Ray Moyer et Norman Rockett
- Costumes : Marjorie Best et Vittorio Nino Novarese
- Société de distribution : United Artists
- Max von Sydow (V.F. : Michel Gatineau) : Jésus
- Michael Anderson Jr. (V.F. : Georges Poujouly) : Jacques le Mineur
- Carroll Baker : Véronique
- Ina Balin (V.F. : Jeanine Freson) : Marthe de Béthanie
- Pat Boone (V.F. : Marc de Georgi) : le personnage dans le tombeau
- Victor Buono (V.F. : Albert Augier) : Sorak
- Richard Conte : Barabbas
- Joanna Dunham (V.F. : Arlette Thomas) : Marie Madeleine
- José Ferrer (V.F. : André Valmy) : Hérode Antipas
- Van Heflin (V.F. : Claude Bertrand) : Bar Amand
- Charlton Heston (V.F. : Jean-Claude Michel) : Jean Baptiste
- Martin Landau (V.F. : Georges Atlas) : Caïphe
- Angela Lansbury : Claudia
- Janet Margolin : Marie de Béthanie
- David McCallum (V.F. : Marc Cassot) : Judas Iscariote
- Roddy McDowall (V.F. : Marc de Georgi) : Mathieu
- Dorothy McGuire : la Vierge Marie
- Sal Mineo : Uriah
- Nehemiah Persoff (V.F. : Paul Amiot) : Shemiah
- Donald Pleasence (V.F. : Paul Ville) : Ermite - Satan
- Sidney Poitier : Simon de Cyrène
- Claude Rains (V.F. : Gerald Castrix) : le roi Hérode
- Gary Raymond : Pierre
- Joseph Schildkraut (V.F. : Fernand Fabre) : Nicodème
- Ed Wynn (V.F. : Richard Francoeur) : Vieux Aram
- Telly Savalas (V.F. : Henri Poirier) : Ponce Pilate
- Paul Stewart (V.F. : Stéphane Audel) : un questeur
- John Wayne (V.F. : Henri Poirier) : centurion de la crucifixion
- Shelley Winters : une femme
- Rodolfo Acosta (V.F. : Henry Djanik) : capitaine des lanciers
- Michael Ansara (V.F. : Duncan Elliott) : un commandant d'Hérode
- John Abbott (V.F. : Fernand Fabre) : Aben
- John Lupton : l'orateur à Capharnaüm
- Cyril Delevanti : Melchior
- Frank Silvera (V.F. : Maurice Pierrat) : Gaspard
- John Crawford : Alexandre
- Michael Tolan (V.F. : Jean Lagache) : Lazare
- Philip Coolidge (V.F. : Georges Hubert) : Chuza
- Harold J. Stone (V.F. : Jean Martinelli) : le général Varus
Et, parmi les acteurs non crédités :
- Richard Bakalyan (V.F. : René Bériard) : le bon Larron
- Jay C. Flippen : un soldat ivre à la cour d'Hérode Antipas
- Kay Hammond
- Christopher Lee (V.F. : Henry Djanik) : l'homme voulant la lapidation de Marie Madeleine
- Celia Lovsky : une femme derrière les grilles

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