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mercredi 8 octobre 2025

12.10 MON AVIS SUR LE FILM STEVE MIELANTS (2025)


 Vu le Film Steve de Tim Mielants (2025) avec Cillian Murphy Jay Lycurgo Little Sylz Tracey Ullman Emily WatsonTu Nuyot Joshua J Parker Ruby Serkis 

Au cours d'une journée intense, Steve, directeur d'un établissement pour mineurs délinquants menacé de fermeture, s'efforce de maintenir ses élèves dans le droit chemin tout en se retrouvant aux prises avec sa propre santé mentale. 

Steve de Tim Mielants est un film d’une intensité rare, une plongée dans la fatigue morale et la compassion éreintée d’un homme au bord de la rupture. Inspiré de la nouvelle Shy de Max Porter, le film se déroule sur une seule journée — mais c’est une journée d’apocalypse intérieure. Dans une école anglaise de réinsertion pour adolescents en perdition, Steve, le directeur (incarné par Cillian Murphybouleversant), tente de maintenir un semblant d’ordre, un reste d’humanitétandis que tout s’effrite autour de lui. Il affronte la violence, le découragement, les murs fissurés d’un système éducatif qui ne sait plus soigner ni comprendre. 

Tim Mielants (déjà auteur du poignant Patrickfilme cette détresse sans fard, avec une pudeur quasi documentaire. La caméra reste proche des visages, des gestes infimes, de la respiration lourde d’un homme qui n’en peut plus mais ne renonce pas. Steve n’est pas un héros au sens classique : c’est un survivant, un éducateur uséhanté par les échecs de ses élèves comme par les siens. Il fume trop, boit trop, dort mal — mais reste deboutparce que ces garçons qu’il encadreviolentssilencieux ou perdus, ne tiendraient plus sans lui. Le film épouse son rythme cardiaque : tendu, fragile, oscillant entre rage et douceur. 

L’un des adolescents, Shy (formidable Jay Lycurgo ), devient le miroir de Steve : deux êtres à la dérive, chacun prisonnier d’une colère qu’il ne sait plus exprimer. Leurs confrontations, souvent muettes, disent tout du drame : un monde où l’éducation n’est plus qu’un champ de ruines, où la bienveillance se heurte à la bureaucratie, à la misère, à la lassitude. Mielants filme cette journée comme une chute lente, ponctuée de sursauts de tendresse — un regard, une main posée, un mot retenu. 

Le film, d’une grande sobriété formellerenonce à tout pathos. Son noir et blanc presque sale (ou ses teintes ternes, si on le voit en couleurs délavéesreflète le climat moral : tout est épuisémême la lumière. Pourtant, dans cette grisaille, un éclat subsiste : l’espoir ténu que la compassion, même maladroitesauve encore quelque chose. 

Murphy, dans un rôle à contre-courant de ses performances flamboyantes, livre une interprétation magistraleintérieuredouloureuse. Son Steve est un homme vidé, et c’est précisément cette vacuité qui émeut : il n’a plus rien à offrir que sa présence, et c’est déjà immense. La mise en scèned’une justesse déchirantes’inscrit dans la tradition du cinéma social britanniquemais avec une gravité presque métaphysique. 

Steve est un film triste, ouimais traversé d’une lueur — celle de ceux qui refusent d’abandonnermême lorsqu’ils n’ont plus de force. Dans ce portrait d’un éducateur épuisé mais digneMielants signe un drame humain, sans concession,  la douleur devient le revers de la tendresse. Un film sur la responsabilité, la solitude et le prix de la bonté dans un monde qui n’en veut plus. Un grand film, austère mais profondément humain, qui serre la gorge longtemps après la dernière image. 

NOTE : 12.10

FICHE TECHNIQUE

irected byTim Mielants
Screenplay byMax Porter
Based onShy
by Max Porter
Produced by
Starring
CinematographyRobrecht Heyvaert
Edited byDanielle Palmer
Music by
Production
company
Distributed byNetflix (Worldwide)
Volta Pictures (Ireland)[

DISTRIBUTION



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