Vu le Film Steve de Tim Mielants (2025) avec Cillian Murphy Jay Lycurgo Little Sylz Tracey Ullman Emily WatsonTu Nuyot Joshua J Parker Ruby Serkis
Au cours d'une journée intense, Steve, directeur d'un établissement pour mineurs délinquants menacé de fermeture, s'efforce de maintenir ses élèves dans le droit chemin tout en se retrouvant aux prises avec sa propre santé mentale.
Steve de Tim Mielants est un film d’une intensité rare, une plongée dans la fatigue morale et la compassion éreintée d’un homme au bord de la rupture. Inspiré de la nouvelle Shy de Max Porter, le film se déroule sur une seule journée — mais c’est une journée d’apocalypse intérieure. Dans une école anglaise de réinsertion pour adolescents en perdition, Steve, le directeur (incarné par Cillian Murphy, bouleversant), tente de maintenir un semblant d’ordre, un reste d’humanité, tandis que tout s’effrite autour de lui. Il affronte la violence, le découragement, les murs fissurés d’un système éducatif qui ne sait plus soigner ni comprendre.
Tim Mielants (déjà auteur du poignant Patrick) filme cette détresse sans fard, avec une pudeur quasi documentaire. La caméra reste proche des visages, des gestes infimes, de la respiration lourde d’un homme qui n’en peut plus mais ne renonce pas. Steve n’est pas un héros au sens classique : c’est un survivant, un éducateur usé, hanté par les échecs de ses élèves comme par les siens. Il fume trop, boit trop, dort mal — mais reste debout, parce que ces garçons qu’il encadre, violents, silencieux ou perdus, ne tiendraient plus sans lui. Le film épouse son rythme cardiaque : tendu, fragile, oscillant entre rage et douceur.
L’un des adolescents, Shy (formidable Jay Lycurgo ), devient le miroir de Steve : deux êtres à la dérive, chacun prisonnier d’une colère qu’il ne sait plus exprimer. Leurs confrontations, souvent muettes, disent tout du drame : un monde où l’éducation n’est plus qu’un champ de ruines, où la bienveillance se heurte à la bureaucratie, à la misère, à la lassitude. Mielants filme cette journée comme une chute lente, ponctuée de sursauts de tendresse — un regard, une main posée, un mot retenu.
Le film, d’une grande sobriété formelle, renonce à tout pathos. Son noir et blanc presque sale (ou ses teintes ternes, si on le voit en couleurs délavées) reflète le climat moral : tout est épuisé, même la lumière. Pourtant, dans cette grisaille, un éclat subsiste : l’espoir ténu que la compassion, même maladroite, sauve encore quelque chose.
Murphy, dans un rôle à contre-courant de ses performances flamboyantes, livre une interprétation magistrale, intérieure, douloureuse. Son Steve est un homme vidé, et c’est précisément cette vacuité qui émeut : il n’a plus rien à offrir que sa présence, et c’est déjà immense. La mise en scène, d’une justesse déchirante, s’inscrit dans la tradition du cinéma social britannique, mais avec une gravité presque métaphysique.
Steve est un film triste, oui, mais traversé d’une lueur — celle de ceux qui refusent d’abandonner, même lorsqu’ils n’ont plus de force. Dans ce portrait d’un éducateur épuisé mais digne, Mielants signe un drame humain, sans concession, où la douleur devient le revers de la tendresse. Un film sur la responsabilité, la solitude et le prix de la bonté dans un monde qui n’en veut plus. Un grand film, austère mais profondément humain, qui serre la gorge longtemps après la dernière image.
NOTE : 12.10
FICHE TECHNIQUE
| irected by | Tim Mielants |
|---|---|
| Screenplay by | Max Porter |
| Based on | Shy by Max Porter |
| Produced by | |
| Starring |
|
| Cinematography | Robrecht Heyvaert |
| Edited by | Danielle Palmer |
| Music by | |
Production company | |
| Distributed by | Netflix (Worldwide) Volta Pictures (Ireland)[ |
- Cillian Murphy as Steve
- Tracey Ullman as Amanda
- Jay Lycurgo as Shy
- Simbi Ajikawo as Shola
- Emily Watson as Jenny
- Douggie McMeekin as Andy
- Youssef Kerkour as Owen
- Luke Ayres as Jamie
- Joshua J Parker as Riley
- Araloyin Oshunremi as Benny
- Tut Nyuot as Tarone
- Tom Moya as Paul
- Ahmed Ismail as Nabz
- Joshua Barry as Ash
- Archie Fisher as Posh Cal
- Ben Lloyd-Hughes as Julian
- Priyanga Burford as Kamila
- George Fouracres as Angus
- Marcus Garvey as Geoff
- Ruby Ashbourne-Serkis as Charlotte
- Roger Allam as Sir Hugh Montague Powell

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire