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jeudi 16 octobre 2025

15.10 - MON AVIS SUR LE FILM L HOMME INVISIBLE DE JAMES WHALE (1931)


 Vu le Film L’Homme Invisible de James Whale (1933) avec Claude Rains Gloria Stuart William Harrigan Henry Travers Una O’Connor Forrester Harvey Holmes Herbert E.E Clive Dudley Digges Harry Stubs 

Le Dr Jack Griffin est un scientifique qui a inventé une substance qui rend invisible. Mais l'ayant essayée sur lui-même, il se retrouve dans un état d'invisibilité dont il ne peut sortir, malgré ses efforts pour fabriquer un antidote. La substance ayant par ailleurs une action néfaste sur l'esprit, son caractère naturellement aimable est devenu d'une extrême agressivité. Ayant loué une chambre dans une auberge, il brutalise les aubergistes, les voisins et un policier, avant de s'enfuir. 

James Whale, déjà auréolé du succès de Frankenstein, signe avec L’Homme invisible un autre sommet du fantastique classique, où la science déraille et l’humanité se dissout, littéralement, dans la folie. Inspiré du roman d’H.G. Wells, le film s’impose comme un pur spectacle d’invention et de rythme, une mécanique de cinéma parfaitement huilée où chaque plan semble pensé pour le plaisir du spectateur. Whale, maître du ton, parvient à concilier humour et tragédie avec une aisance déconcertante : il joue du grotesque comme du drame, transformant l’effroi en burlesque à la manière d’un Keaton hanté par le surnaturel. 

L’histoire du professeur Griffin, savant génial devenu invisible après une expérience chimique, pourrait tourner à la simple curiosité scientifique. Mais Whale en fait une descente aux enfers : la transparence physique devient métaphore d’un effacement moral. L’homme, libéré du regard des autres, se croit tout-puissant, mais finit prisonnier de sa propre invention. Ce vertige de la démesure, Whale le filme avec une énergie constante, un montage nerveux, une action sans pause, où la folie du héros se reflète dans la frénésie visuelle du récit. 

Claude Rains, dont c’est ici le premier grand rôle américain, parvient à exister sans visage. Sa voix seule — autoritaire, ironique, cassante — compose un personnage d’une puissance inouïe. Derrière ses bandages et ses lunettes noires, il exprime une humanité brisée, un orgueil qui vire à la démence. Il faut rappeler que, pendant une grande partie du tournage, Rains n’est qu’une présence vocale ; pourtant, on croit à son corps, à sa colère, à son désespoir. C’est une prouesse de jeu rare, antérieure à toute forme de performance capture. 

Les seconds rôles, typiquement « Whaleiens », oscillent entre grotesque et tendresse : Gloria Stuart en fiancée bouleversée (Oui la Rose du film Titanic) , William Harrigan en ami dépassé, et surtout Una O’Connor, dont les cris et les mimiques accentuent la dimension à la fois théâtrale et cauchemardesque du film. Ces figures servent de contrepoint à la froideur du savant, ramenant sans cesse la tragédie dans un décor de comédie populaire. 

Mais c’est surtout sur le plan technique que L’Homme invisible reste une leçon de cinéma. Les effets spéciaux de John P. Fulton, véritables prodiges d’ingéniosité pour 1933, transforment la pellicule en terrain de jeu : chemises volantes, vélos animés, empreintes dans la neige, cigarettes qui fument toutes seules. Chaque trucage devient une trouvaille poétique, un émerveillement d’enfant devant la puissance de l’illusion. Oui, les effets paraissent aujourd’hui naïfs, mais ils portent la magie du geste premier : celle du cinéma qui se construit sous nos yeux. 

Whale n’oublie jamais le spectateur : il raconte, il amuse, il effraie, il fascine. L’action file, sans lourdeur, sans digression, comme un feu d’artifice de trouvailles et de folie. Le rire se mêle à la peur, le merveilleux au drame, et cette tension constante fait tout le charme du film. L’association Wells–Whale produit un vertige : celui d’un cinéma qui pense, qui invente, qui ose tout. L’Homme invisible n’est pas seulement un chef-d’œuvre du fantastique, c’est un hommage à la pure idée de cinéma — ce rêve collectif où l’invisible devient visible. 

 NOTE : 15.10

FICHE TECHNIQUE



DISTRIBUTION
Acteurs non crédités

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