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dimanche 5 octobre 2025

15.30 - MON AVIS SUR LE FILM THE LOST BUS DE PAUL GREENGRASS (2025)


 Vu le Film The Lost Bus de Paul Greengrass (2025) (Sur AppleTV) avec Matthew MacConaughey America Ferrara Yul Vasquez Ashlie Atkinson Spencer Watson Danny McCarthy 

Comté de Buttenovembre 2018. Kevin McCay, chauffeur de bus, transporte des enfants et leur enseignante Mary Ludwig. Alors qu'un terrible incendie ravage la Californie, Kevin va tout faire pour mettre en sécurité ses passagers 

 

Paul Greengrass est un cinéaste qui a toujours su conjuguer le spectaculaire et l’humain. Avec The Lost Bus, il s’attaque à un drame inspiré de faits réels : les incendies meurtriers de Californie en 2018, qui ont laissé derrière eux des paysages calcinés et des souvenirs tragiques. Là où certains auraient privilégié l’enquête politique, la dénonciation écologique ou le discours idéologique, Greengrass choisit une voie plus directe, plus sensorielle : filmer l’urgence, la peur, mais aussi le courage et l’abnégation face au chaos. 

L’histoire est simple et tient dans un pitch qui pourrait sembler classique mais qui devient, sous sa caméra, d’une intensité rare. Dans une petite ville menacée par les flammes, un bus scolaire devient le dernier refuge pour une poignée d’enfants piégés dans leur école. Aux commandes de ce bus, un homme ordinaire – un conducteur incarné avec sobriété et force par Matthew McConaughey – et une institutrice (jouée par American Ferarra que Greengrass filme avec une dignité incroyable, refusant les excès lacrymaux) vont tenter de sauver ces gamins, alors que le feu se propage à une vitesse terrifiante. 

Greengrass reste fidèle à sa mise en scène nerveuse, avec ces mouvements de caméra vifs, ses plongées vertigineuses et ces plans aériens d’une puissance visuelle exceptionnelle. Les scènes d’incendies, vues de haut, sont d’une beauté apocalyptique : torrents de flammes, panaches de fumée, villages réduits en cendres. On pense parfois à United 93 ou à Capitaine Phillips : même tension, même refus du pathos inutile, même ancrage dans l’action immédiate. Le spectateur n’a pas le temps de respirer, il est pris au piège comme les personnages. 

Ce qui frappe, c’est l’économie narrative. Greengrass ne cherche pas à alourdir son récit de discours ou de sous-textes politiques. Pas de « qui est responsable ? », pas de grande envolée sur le climat, pas de querelles partisanes. Il se concentre sur le geste héroïque, sur l’instinct de survie et de protection. L’unique intrigue secondaire – un petit conflit père/fils, esquissé entre le conducteur et son adolescent – n’est là que pour ajouter une nuance intime, une fragilité dans ce personnage qui, autrement, serait presque trop solide. Mais Greengrass ne s’y attarde pas : ce n’est pas le film des non-dits familiaux, c’est le film de l’action brute. 

On pourrait reprocher au cinéaste de ne pas « creuser » davantage, mais en réalité c’est ce dépouillement qui rend le film si fort. Il va droit au but : montrer la lutte d’un homme et d’une femme pour sauver des vies. L’institutrice, dans ce rôle capital, incarne la lucidité et le sang-froid face à la panique, complément idéal du conducteur plus instinctif. Le duo fonctionne à merveille, non pas dans une romance forcée mais dans une alliance immédiate et crédible, forgée par la catastrophe. 

L’émotion est d’autant plus forte qu’elle n’est jamais soulignée. Les gamins ne sont pas filmés comme des clichés d’innocence menacée, mais comme des êtres fragiles qui comprennent par bribes l’ampleur de ce qui se joue. Une scène particulièrement marquante reste celle du chien, abandonné et piégé par les flammes : Greengrass capte ce moment avec une pudeur qui serre la gorge, sans en rajouter, et l’impact est immense. 

Quant à McConaughey, il retrouve ici une forme impressionnante. Pas de cabotinage, pas de surjeu : il incarne un homme ordinaire, cabossé par la vie, mais qui trouve dans l’urgence une énergie presque surhumaine. C’est exactement ce genre de rôle qui rappelle pourquoi il est l’un des acteurs américains les plus fascinants : il a cette capacité à allier charisme et simplicité, héros et homme du peuple. 

Alors pourquoi un tel film, taillé pour le grand écran, avec ses images aériennes et sa puissance sensorielle, sort-il uniquement sur une plateforme ? Probablement par crainte d’un box-office trop fragile pour un sujet aussi sombre et ancré dans une réalité récente. Le cinéma post-COVID privilégie désormais les blockbusters ou les comédies fédératrices, et les drames réalistes de grande ampleur trouvent refuge dans le streaming, qui assure une visibilité mondiale immédiate. Mais il est indéniable que The Lost Bus perd une partie de son impact hors de la salle : les flammes filmées par Greengrass réclament le grand écran, le noir complet, le souffle coupé par le gigantisme des images. 

The Lost Bus est une œuvre puissante, tendue, efficace, débarrassée de tout superflu. Un film qui honore le courage anonyme, qui croit encore à la force du cinéma d’action réaliste, et qui rappelle que Greengrass reste un maître pour filmer le chaos sans jamais sombrer dans le spectaculaire creux. Ce n’est pas un mélodrame, ce n’est pas un pamphlet, c’est une course contre la montre, une lutte pour la vie. Et dans ce registre, peu de cinéastes savent atteindre ce degré de pure intensité. 

NOTE ; 15.30

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Paul Greengrass
  • Scénario : Paul Greengrass et Brad Ingelsby, d'après Paradise: One Town's Struggle to Survive an American Wildfire de Lizzie Johnson
  • Musique : James Newton Howard
  • Décors : David Crank
  • Costumes : Mark Bridges
  • Photographie : Pål Ulvik Rokseth
  • Montage : N/A
  • Production : Jason BlumJamie Lee Curtis, Gregory Goodman et Brad Ingelsby
    • Producteurs délégués : Greg Goodman, Lizzie Johnson, Nicole Jordan-Webber, Cliff Lanning, Amy Lord et Robin Mulcahy Fisichella
  • Sociétés de production : Blumhouse Productions et Comet Films
  • Société de distribution : Apple TV+

DISTRIBUTION

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