Vu le Film Finch de Miguel Saporchnik (2021) avec Tom Hanks Caleb Landry Jones Emily Jones Seamus
Dans un monde post-apocalyptique ravagé par un évènement solaire, Finch est l'un des seuls survivants. Souffrant de cette solitude et malade, cet ancien inventeur et ingénieur en robotique décide de construire un androïde qui prendra soin de son chien. Alors que le trio entreprend un long voyage vers l'ouest, Finch tente d'apprendre au robot, surnommé Jeff, l'amour et l'amitié nécessaires pour s'occuper de l'animal. Il va par ailleurs tout tenter pour que son chien accepte le robot
Tom Hanks a décidément l’art de se retrouver seul face au vide du monde. Après l’île déserte de Seul au monde, le voilà dernier survivant d’une Terre brûlée, ravagée par une éruption solaire qui a réduit l’humanité à néant. Dans Finch, Miguel Sapochnik met en scène une fable post-apocalyptique intimiste où l’homme, le chien et la machine composent un trio fragile, improbable, presque sacré. Finch, ingénieur vieillissant et malade, vit avec son unique compagnon, un chien fidèle nommé Goodyear. Redoutant sa propre fin, il décide de fabriquer un robot, Jeff, conçu pour veiller un jour sur l’animal qu’il ne pourra plus protéger. Cette idée narrative simple, presque candide, porte en elle la dimension la plus touchante du film : transmettre, éduquer et aimer malgré la disparition du monde.
Tom Hanks, une fois encore, incarne avec une justesse désarmante l’homme ordinaire plongé dans l’extraordinaire. Il joue ce survivant comme un Américain moyen, fatigué, farouchement humain, ni héros ni prophète, juste un être qui s’accroche à ce qu’il reste de vivant. On sent chez lui la solitude, mais aussi cette tendresse brusque qu’il réserve au chien et, peu à peu, au robot qu’il a façonné. Son jeu porte le film sur ses épaules : il parle peu, mais tout passe dans le regard, dans la voix, dans l’usure du corps.
Sapochnik, qui vient de la mise en scène nerveuse et spectaculaire (notamment à la télévision), choisit ici l’épure. Sa mise en scène privilégie la poussière, le vent, l’horizon désert, le silence. Le road movie qui s’engage, une fois Finch, Jeff et Goodyear lancés sur les routes, est un périple simple dans une Amérique fantôme : stations-service abandonnées, villes effacées, dangers à peine visibles. L’aventure suscite la curiosité, mais le réalisateur refuse le spectaculaire. Là où d’autres auraient mis du chaos et des menaces, Sapochnik installe une douceur mélancolique. On peut regretter qu’il manque d’humour ou de fantaisie — la situation s’y prêtait — mais son ton constant, grave et pudique, crée une cohérence touchante.
Le scénario, lui, reste assez convenu : transmission, paternité symbolique, survie, rédemption. On devine très vite les étapes du voyage et l’issue du parcours. Mais l’émotion fonctionne, portée par la relation entre Finch et Jeff, créateur et créature dans un renversement à la Frankenstein, sans la noirceur du mythe. La présence de Robert Zemeckis à la production n’est pas anodine : on retrouve ses thèmes — l’homme seul, l’apprentissage, la connexion au vivant, la machine comme miroir de l’humanité. On sent même ce qu’aurait pu être le film sur grand écran : Finch possède le souffle d’un vrai cinéma, et il est presque frustrant qu’il soit confiné à une plateforme. Certaines images méritaient l’obscurité d’une salle, la taille d’un écran, le silence d’un public.
Finch est une bonne surprise : modeste, sincère, parfois prévisible, mais jamais cynique. Tom Hanks y est parfait, le trio avec Goodyear et Jeff fonctionne, et la mise en scène installe une fable simple sur la vie, la mort, et ce qu’on laisse derrière soi. Ce n’est pas un grand film, mais un film profondément humain, qui choisit la tendresse plutôt que le bruit. Une œuvre apaisée, à défaut d’être inoubliable
NOTE : 13.00
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Miguel Sapochnik
- Scénario : Craig Luck et Ivor Powell
- Décors : Tom Meyer
- Costumes : Kurt & Bart
- Photographie : Jo Willems
- Montage : Tim Porter
- Musique : Gustavo Santaolalla
- Production : Jacqueline Levine, Kevin Misher, Ivor Powell, Jack Rapke et Robert Zemeckis
- Producteurs délégués : Andy Berman, Craig Luck, Adam Merims et Miguel Sapochnik
- Coproducteur : Daniel Maze
- Sociétés de production : ImageMovers, Walden Media, Reliance Entertainment, Amblin Entertainment et Misher Films
- Société de distribution : Apple TV+
- Budget : 2,5 millions de dollars
- Tom Hanks (VF : Jean-Philippe Puymartin) : Finch
- Caleb Landry Jones (VF : Julien Frison) : Jeff, l'androïde (capture de mouvement)
- Emily Jones (VF : Caroline Cadrieu) : voix du système d'alerte
- Seamus : Goodyear, le terrier irlandais

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