Pages

mercredi 8 octobre 2025

14.80 - MON AVIS SUR LE FILM LE BEL ANTONIO DE MAURO BOLOGNINI (1960)

 


Vu le Film Le Bel Antonio de Mauro Bolognini (1960) avec Marcello Mastroianni Claudia Cardinale Pierre Brasseur Rina Morelli Tomas Millian Fulvia Mammi Patrizia Bini Anna Arena 

(Hommage à Claudia Cardinale , et pour le défi indiqué dans la filmo de Manolo Bolognini) 

Après avoir longtemps vécu à Rome, le séduisant Antonio Magnano revient dans sa ville natale, à Catane. Là, sa beauté lui vaut une réputation de véritable don Juan. Sur ordre de son père, il épouse Barbara Puglisi, la fille d'un notaire. Amoureux, il est cependant incapable de consommer le mariage. 

Le Bel Antonio (1960) de Mauro Bolognini demeure un sommet du cinéma italien, un drame d’une subtilité rare où la beauté visuelle et la douleur des êtres s’entrelacent avec une cruauté élégante. Dans un noir et blanc d’une perfection picturale, Bolognini filme la Sicile comme un théâtre d’ombres et de lumières, où l’honneur masculin s’effrite au contact du désir et du mensonge. L’histoire, adaptée du roman de Vitaliano Brancati (avec la plume de Pasolini au scénario), raconte le destin tragique d’Antonio Magnano (Marcello Mastroianni), jeune homme d’une beauté légendaire dont tout Catania vante les exploits amoureux. Mais derrière cette façade d’Apollon se cache une impuissance que la société sicilienne, corsetée par l’orgueil et la virilité ostentatoire, ne peut tolérer. 

Le mariage d’Antonio avec Barbara (Claudia Cardinale) cristallise cette hypocrisie : l’union rêvée du plus bel homme et de la plus belle femme du pays tourne au drame intime, lorsque la rumeur, puis la vérité, viennent déchirer le mythe. Le film s’impose alors comme une radiographie du masculin humilié, de la virilité comme fardeau social, bien avant que le cinéma ne s’empare pleinement de ces questions. Bolognini ne juge pas Antonio : il le montre prisonnier de son image, victime d’une société où le désir féminin est nié et où la puissance sexuelle devient une valeur d’État. 

Marcello Mastroianni, contre toute attente, brise ici son image de séducteur impeccable : son Antonio, beau comme un dieu et fragile comme un enfant, touche par sa honte, son silence, ses gestes de repli. Claudia Cardinale, elle, incarne la fidélité et la douleur de l’amour vrai : la scène de la balançoire, suspendue entre légèreté et tragédie, est un pur moment de grâce. Et Pierre Brasseur, en père tyrannique et hâbleur, campe l’orgueil masculin dans toute sa brutalité, vantant les conquêtes imaginaires de son fils pour sauver la face familiale, tout en aggravant son désespoir. 

Sous les oripeaux d’un drame sentimental, Le Bel Antonio dévoile une œuvre sur la chute du masculin triomphant, sur la honte comme tragédie antique, et sur l’impossibilité d’aimer librement dans une société qui fait du sexe un instrument de domination. Bolognini, avec la délicatesse d’un entomologiste et la pudeur d’un poète, filme le désespoir humain à hauteur d’âme. 

Un classique majeur, à la fois sensuel et cruel, où chaque plan respire la beauté blessée d’une Italie corsetée par l’orgueil et la morale. Dans ce monde, quand on aime, c’est pour toujours — même si l’amour, ici, brûle dans le silence. 

 NOTE : 14.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire