Vu le film Les Indomptés de Daniel Minahan (2024) avec Jacob Elordi Daisy Edgar Jones Diego Calva Will Poulter Sasha Calle Don Swayze Katrina Cunningham David Lovio Andrew Keenan John Lee Ames
Muriel et son mari Lee démarrent une nouvelle vie en Californie après son retour de la guerre de Corée. Rapidement, l'équilibre de leur couple est bouleversé par l'arrivée de Julius, le frère de Lee, un flambeur au passé secret. Quand Julius décide de suivre Henry, un jeune joueur de cartes dont il est tombé amoureux, Muriel, ébranlée par ce départ, trouve un exutoire dans les courses de chevaux et l'exploration d'un amour qu'elle n'aurait jamais osé imaginer.
Avec Les Indomptés, Daniel Minahan adapte le roman On Swift Horses de Shannon Pufahl et plonge dans une Amérique des années 50 écartelée entre son vernis de prospérité et ses désirs inavouables. Le film n’a rien d’une fresque tape-à-l’œil : il explore l’intime, les failles, les silences, les regards. À travers ses personnages, il montre comment l’amour, le désir et la recherche d’un foyer deviennent des actes de résistance face à une société corsetée.
L’histoire suit Julius (Jacob Elordi), joueur professionnel, grand, magnétique, qui semble attirer les regards de tout ce qui vit autour de lui. Depuis trois ou quatre ans, Elordi incarne une sorte de nouveau sex-symbol du cinéma américain. Avec les filles, avec les garçons, peu importe : l’écran capte sa sensualité fluide, et les personnages autour de lui tombent inévitablement sous son charme. Après Barry Keoghan dans Saltburn et avant son rôle très attendu de créature de Frankenstein chez Guillermo del Toro, le voici désiré par Muriel (Daisy Edgar-Jones) et Henry (Diego Calva).
Muriel, jeune épouse d’un certain Lee (Will Poulter), se perd dans une vie conjugale où la tendresse s’efface au profit de l’ennui. Elle trouve en Julius un écho à sa soif de liberté, un trouble qu’elle n’arrive pas à canaliser. Mais Julius, lui, préfère s’évader dans les chambres d’hôtel avec Henry. Ce dernier incarne la complicité, la sensualité GAY, le désir assumé malgré les interdits d’une Amérique encore puritaine.
Lee, mari cocu et volontairement aveugle, complète le tableau. Poulter joue avec une sobriété douloureuse cet homme qui ne voit rien ou ne veut rien voir, prisonnier de ses illusions domestiques. Le triangle devient rectangle, une mécanique de désirs croisés où chacun cherche à s’affirmer, quitte à se briser.
La photographie de Luc Montpellier est l’un des grands atouts du film : chaque plan semble fait pour faire monter la température. Les corps s’approchent, se frôlent, se reflètent dans des miroirs de motel ou se dessinent dans des intérieurs tamisés. Le réalisateur sensualise les gestes simples : une cigarette allumée, une main posée sur une table, une chemise déboutonnée. Dans ces instants, la tension est palpable, brute, presque suffocante.
Mais au-delà de la sensualité, Minahan parle de solitude et de quête de foyer. Ses personnages veulent aimer, non pas pour posséder, mais pour exister. Julius fuit, Muriel attend, Henry espère, Lee se résigne. Chacun tente de trouver dans l’autre une part de lui-même. Le rêve américain, avec ses promesses de maison, de prospérité et de famille modèle, se délite sous leurs yeux. Reste une quête plus essentielle : être reconnu, aimé, accepté.
Jacob Elordi est le cœur battant du film. Sa présence magnétique fait de Julius à la fois un héros et une énigme. Daisy Edgar-Jones apporte une fragilité poignante, Diego Calva une intensité sensuelle, Will Poulter une mélancolie presque muette. Ensemble, ils composent une partition à la fois fragile et tendue.
Les Indomptés devient ainsi un drame sensoriel, brut et poignant, où chaque silence, chaque regard, chaque geste compte. L’espoir persiste malgré les ruines, et l’amour se révèle comme la dernière frontière. Oui, Elordi s’affirme bel et bien comme le nouveau sex-symbol du cinéma américain, capable d’incarner à la fois l’objet du désir féminin et la figure GAY magnétique. Mais au-delà de son aura, c’est tout le film qui vibre de ce paradoxe : la beauté du désir et la douleur de ne jamais le posséder complètement.
NOTE : 14.40
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Daniel Minahan
- Scénario : Bryce Kass, d'après le roman On Swift Horses de Shannon Pufahl[1],[2]
- Musique : Mark Orton
- Décors : Erin Magill
- Costumes : Jeriana San Juan
- Photographie : Luc Montpellier
- Son : Sean O'Malley et Wen Hsuan Tseng
- Montage : Robert Frazen, Joe Murphy et Kate Sanford
- Production : Mollye Asher, Michael D'Alto, Tim Headington, Daniel Minahan et Peter Spears
- Production exécutive : Claude Amadeo, Nate Kamiya, Bryce Kass, Theresa Steele Page, Mason Plotts, Joe Plummer, Randal Sandler, Chris Triana, Christine Vachon, Alvaro R. Valente et Jenifer Westphal
- Sociétés de production : FirstGen Content et Ley Line Entertainment, en coproduction avec Cor Cordium Productions, The Dan Corp et Wavelength
- Sociétés de distribution : Sony Pictures Classics (États-Unis) ; Metropolitan Filmexport (France), Metropole Films Distribution (Québec)[
- Daisy Edgar-Jones (VF : Rebecca Benhamour) : Muriel, épouse de Lee
- Jacob Elordi (VF : Alexis Gilot) : Julius, frère de Lee, vétéran de la guerre de Corée
- Will Poulter : Lee, époux de Muriel et frère de Julius
- Diego Calva : Henry, petit ami de Julius
- Sasha Calle : Sandra, voisine et petite amie de Muriel
- Kat Cunning (VF : Juliette Lamboley) : Gail
- Don Swayze (en) : Terence

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