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samedi 8 novembre 2025

8.10 - MON AVIS SUR LE FILM SMACHING MACHINE DE BEN SAFDIE (2025)


 Vu le Film Smaching Machine de Ben Safdie (2025) avec Dwayne Johnson Emily Blunt Ryan Bader Lyndsey Gavin Oleksandr Usyk Bas Rutten Satoshi Ishii James Montasri Yoko Mamamura Paul Cheng 

À la fin des années 1990, Mark Kerr, un champion invaincu de combats d'arts martiaux mixtes dans la ligue UFC, domine la scène mondiale. Mais derrière les victoires se cache une lutte personnelle : dépendance aux antidouleurs, relations tumultueuses et quête de sens. 

Avec Smashing Machine, Ben Safdie semblait vouloir offrir à Dwayne Johnson l’occasion de casser son image de “The Rock”, littéralement et symboliquement. Et le film, dès ses premières minutes, ressemble presque à un message subliminal inscrit sur le front de l’acteur : ne m’appelez plus jamais The Rock. Après des années de catch à la WWE, après les blockbusters où ses biceps servaient de scénario, Johnson veut visiblement montrer qu’il a autre chose sous le capot que des pectoraux XXL et des punchlines sur fond d’explosions. 

Le problème, c’est que malgré la caméra d’un grand réalisateur comme Safdie, qu’on connaît pour ses films nerveux, haletants, collés à la peau des personnages, on sent trop l’effort, trop le projet, trop le “regardez-moi jouer”, comme si The Rock ambitionnait de nous refaire le coup de Stallone dans Rocky, direction la route des Oscars, discours préparé et larmes au coin de l’œil. Sauf que la grande force de Rocky, c’était justement l’inconnu : on ne connaissait pas Stallone à l’époque. Ici, Johnson, on le connaît par cœur. On connaît ses tics, son sourire Colgate, ses épaules de montagne, ses rôles calibrés. Et ce n’est pas en lui collant une moumoute et des prothèses qu’on va oublier qui se cache dessous. 

Le film raconte l’histoire de Mark Kerr, légende du MMA des années 90, colosse fragile broyé par la pression, les douleurs chroniques et les opiacés. Sur le papier, un personnage tragique, parfait pour un biopic à la fois physique et introspectif. Sauf que Safdie, qui d’habitude excelle dans la fureur et l'immersion, peine à trouver le point d’équilibre : on reste dans un récit trop convenu, trop appliqué, où les scènes touchantes semblent fabriquées pour signaler “attention, moment émotion”. Même les fans de Kerr ou de MMA, qui attendaient un portrait cru, ne se sont pas vraiment reconnus dans cette version édulcorée et un peu flottante du combattant. 

La bande originale, puissante, martiale, veut nous secouer, nous arracher une larme, presque à coups de percussion dans les oreilles. Sauf que l’émotion forcée, quand elle est trop démonstrative, finit par provoquer l’effet inverse : on la voit venir de trop loin. Le sujet des opiacés, pourtant passionnant, aurait pu donner au film une profondeur inattendue, un vrai commentaire sur le monde du sport, la douleur, l’autodestruction. Mais là encore, c’est survolé, effleuré, aussitôt abandonné pour revenir au drame “à Oscars”. 

Artistiquement, Johnson tente sincèrement quelque chose : il ralentit, se fragilise, brise son image de héros indestructible. Mais entre le maquillage envahissant, le jeu un peu trop appuyé et notre connaissance intime du personnage public, l’alchimie ne prend pas. On voit Johnson jouer, jamais Kerr vivre. Le naturel reste coincé à la porte du gymnase. 

Ben Safdie, lui, se retrouve dans un entre-deux étrange : ni totalement dans son style brut et nerveux, ni dans le grand biopic hollywoodien qu’il semble lorgner. Résultat : un film honnête mais qui manque de souffle, de véritable chaos intérieur, de chair. Un projet noble, mais qui finit en uppercut dans le vide. 

Au finalSmashing Machine laisse une impression décevante, comme si The Rock avait voulu tout casser autour de lui pour montrer qu’il n’est plus “The Rock”, mais qu’il n’a pas trouvé la fissure dans laquelle passer. Le public n’a pas vraiment suivi, et l’Oscar peut retourner se recoucher : Johnson pourra revenir à ses amours musclés, là où, paradoxalement, il est souvent bien plus sincère que dans ce biopic trop calculé pour convaincre. 

« Mesdames et messieurs, ce soir dans la cage : Dwayne “The Return” Johnson contre la réalité. Fini le spectacle, place au verdict. » 

 NOTE : 8.10

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation et scénario : Benny Safdie
  • Musique : Nala Sinephro
  • Direction artistique : James Chinlund
  • Décors : Shannon Gottlieb
  • Costumes : Heidi Bivens
  • Photographie : Maceo Bishop
  • Production : Benny Safdie, Eli Bush, Beau FlynnDany Garcia, Hiram Garcia, Dwayne Johnson, David Koplan
    • Production déléguée : Tracey Landon
  • Sociétés de production : A24Flynn Picture Company, Magnetic Fields Entertainment, Out for the Count et Seven Bucks Productions
  • Sociétés de distribution : A24 (États-Unis), Zinc. (France[])
  • Budget : 40 millions de dollars

DISTRIBUTION

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