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dimanche 9 novembre 2025

16.30 - MON AVIS SUR LA SERIE DES VIVANTS DE JEAN XAVIER LESTRADE (2025)


 Vu la Série Des Vivants de Jean Xavier Lestrade (2025) avec Félix Moati Benjamin Laverhne Alix Poisson Antoine Reinartz Megan Northman Thomas Goldberg Foed Amara Anne Stephens Sam Karmann 

Sept anciens otages retenus pendant 2h20 par deux terroristes dans un couloir lors de l'attentat du Bataclan se lient d'amitié de 2015 à 2022, créant le groupe les « Potages », contraction de « potes » et « otages ». 

Des Vivants de Jean-Xavier de Lestrade, c’est une série qui m’a remué parce qu’elle revient sur une nuit que personne n’oubliera, même ceux qui, comme moi, n’en ont rien vu sur le moment. Le 13 novembre 2015, j’étais déjà couché, pas par indifférence mais parce que j’avais des soucis de santé et que je me couchais très tôt. Pendant que Paris basculait, moi je dormais profondément, et c’est seulement à mon réveil, très tôt, que j’ai trouvé sur mon téléphone des messages étranges : « Tu vas bien ? Tu es en sécurité ? ». Je ne comprenais rien. C’est en allumant la télé que j’ai vu l’horreur : le Stade de France, les terrasses, le Bataclan. Et d’un seul coup, toutes les sirènes que j’entendais régulièrement dans la ville prenaient un sens démultiplié. 

La série de Lestrade repart de là, de cette nuit impossible, mais du point de vue de sept otages coincés dans un couloir du Bataclan. Le réalisateur, habitué aux procès, filme tout avec une sobriété presque inquiétante, sans jamais en faire trop. Ce qui frappe, ce n’est pas la reconstitution en elle-même, mais le poids du bruit des armes, des cris, du chaos qui revient par flashs même plusieurs années après. C’est une série splendide mais vraiment difficile à regarder d’un trait. Moi j’ai dû y aller un épisode par un épisode, parce que l’anxiété remonte vite. On pense aux victimes, aux familles, aux secours qui ont vécu l’enfer en direct. On n’est jamais loin de cette nuit, même quand les personnages avancent dans leur reconstruction. 

La mise en scène reste collée aux corps, aux regards, presque comme si on était enfermés dans ce couloir avec eux. Tout est resserré, précis, sans effets, ce qui rend les choses encore plus dures. Le scénario suit les sept personnes sur plusieurs années, jusqu’au procès, sans jamais les lâcher. C’est simple, direct, presque brutal parfois, mais toujours sincère. 

Les sept comédiens sont tous remarquables, chacun avec son intensité, sans surjeu et sans chercher à nous tirer des larmes. J’ai vraiment été impressionné par Thomas Goldbergh. Il incarne David Fritz Goeppinger, le Franco-Chilien qui a vécu cet enfer, avec une justesse qui désarme. Je me souvenais de lui, gamin, dans La Guerre des Boutons de Barratier où il jouait le petit « méchant ». Ici, rien à voir : il est d’une sobriété et d’une vérité incroyables, toujours sur le fil entre la peur, la colère et l’effort de continuer à exister. 

Dans l’ensemble, la série est un hommage digne à ces hommes et ces femmes qui ont dû se reconstruire morceau par morceau. Elle ne cherche pas à expliquer l’inexplicable, elle montre juste ce que ça coûte de survivre. C’est dur, c’est nécessaire, et ça reste longtemps après le dernier épisode. 

Des Vivants n’est pas une série aisée. Elle demande du temps, de l’air, parfois une pause. Mais elle tient sa promesse : rendre hommage à ces hommes et ces femmes en reconstruction, témoigner sans détour, et rappeler que derrière la grande histoire demeurent des vies suspendues dont on ne mesure jamais vraiment le poids. 

NOTE : 16.30

FICHE TECHNIQUE

CrDéationAntoine Lacomblez
Jean-Xavier de Lestrade


ProductionMatthieu Belghiti
Nicolas Mauvernay
Jérôme Corcos
Société de productionWhat's Up Films
Mizar Films
NAC Films
Versus
RTBF
Pictanovo



DISTRIBUTION


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