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mardi 11 novembre 2025

16.00 - MON AVIS SUR LE FILM BORSALINO DE JACQUES DERAY (1970)

 


Vu le film Borsalino de Jacques Deray (1970) avec Jean Paul Belmondo Alain Delon (ou Alain Delon Jean Paul Belmondo) Catherine Rouvel Julien Guioma Michel Bouquet Françoise Christophe Corinne Marchand Mario David Daniel Ivernel Mireille Darc Jean Panisse 

Marseille1930. Roch Siffredi (interprété par Alain Delon) est un jeune voyou récemment libéré de prison. Il rend visite au patron d'un cabaret, dit « le Danseur »,(Christian de Tilière) pour retrouver sa compagne, Lola (Catherine Rouvel). Il est persuadé que le Danseur l'a donné et l'a fait envoyer en prison : il met le feu au cabaret. Il retrouve Lola sur les indications du Danseur ; celle-ci s'est entichée d'un certain François Capella (Jean-Paul Belmondo), truand lui aussi, pendant qu'il purgeait sa peine. 

« Borsalino » de Jacques Deray. Dans les années 60/70, Delon et Belmondo se tiraient la bourre dans la presse, sur les plateaux, dans les salles, bref partout. Deux égos surdimensionnés, deux styles opposés, deux manières de bouffer l’écran. Et Deray a la bonne idée – ou le culot – de les mettre ensemble, non pas pour qu’ils s’entretuent mais pour qu’ils se tiennent la main dans le Marseille des années 30, version voyoux, prostituées, règlements de comptes et parfum de mafia locale. Et le miracle, c’est que ça fonctionne comme une Formule 1 lancée pleine vitesse. 

Adapté du roman d’Eugène Saccomano – oui, le commentateur sportif, la voix du foot qui se transforme ici en conteur de truands –, le film se pose comme un classique instantané. L’histoire suit deux petites frappes ambitieuses, Roch (Delon) et François (Belmondo), qui vont grimper les échelons du milieu marseillais à la force du poing, du flingue et du charme. Le duo se forme par opportunisme mais finit par ressembler à une bromance avant l’heure, l’un plutôt chien fou, l’autre aristocrate du crime, et ensemble ils façonnent une légende de trottoir pavée de bastons, d’arnaques, de deals et de conquêtes. 

Le scénario, signé par un quatuor de luxe – Jean-Claude Carrière, Jean Cau, Jacques Deray et Claude Sautet – donne une élégance rare à un film de truands. Pas une scène qui dépasse, pas une réplique qui flotte. C’est taillé au cordeau, avec cette science du rythme que Sautet apportait partout et que Carrière sublimait. On a l’impression d’assister à un mélange parfait de comédie de potes, de polar musclé et de fresque historique. 

La mise en scène de Deray, elle, respire la maîtrise. Il connaît ses acteurs, il sait quand les laisser jouer, quand cadrer serré, quand laisser filer l’action. Les poursuites sont fluides, les bastons ont du nerf, le Marseille reconstitué sent la bouillabaisse mais aussi la poudre et la corruption. Chaque rue devient un terrain de jeu, chaque club un théâtre de tensions. Et au milieu de tout ça, un glamour presque insolent : costumes impeccables, voitures rutilantes, musique de Claude Bolling qui vous colle à la peau. 

Mais évidemment, le moteur du film, c’est le duo. Delon et Belmondo, ou Belmondo et Delon, suivant l’ego du jour. Belmondo, cabot magnifique, souriant, bondissant, cascadeur chevronné qui s’amuse comme un gosse. Delon, félin, froid, magnétique, regard d’acier et élégance absolue. Les voir ensemble, c’est assister à une joute d’acteurs où personne ne veut perdre mais où tout le monde gagne. On sent dans chaque scène qu’ils jouent autant pour le film que l’un contre l’autre, et ça donne une énergie unique, presque électrique. 

L’histoire avance avec cet équilibre magique entre humour, tension et classe, un cocktail que le cinéma français n’a plus vraiment réussi à reproduire depuis. Pas étonnant que près de 4 millions de spectateurs se soient déplacés : le film était un événement, une affiche que personne ne voulait manquer. On en ressort avec le sourire, l’envie de remettre un Borsalino sur la tête et de traverser Marseille en noir et blanc comme deux caïds de cinéma. 

Un film symbole, un film plaisir, un film qui a tout : du style, du panache, des acteurs en état de grâce. Ici, pas besoin de punchline : Borsalino, lui, les fabrique tout seul. 

NOTE : 16.00

FICHE TECHNIQUE


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