Vu le Film Papamobil de Sylvain Estibal (2025) avec Kad Merad Myriam Takeia
Au dernier jour d'un voyage historique au Mexique, le pape est enlevé par un cartel de drogue. Le Saint-Père découvre la personnalité mystique de la cheffe du cartel et les multiples activités de son gang. Mais bientôt, la redoutable criminelle découvre qu'elle a enlevé un imposteur.
Papamobile, c’est un peu comme ouvrir une boîte de sardines périmées en espérant quand même que ça sente bon. On se dit “allez, peut-être qu’il y aura un miracle, c’est un film sur un sosie du pape après tout.” Mais non : aucun miracle, aucun halo lumineux, aucune apparition divine — seulement une question : comment le cinéma comique français peut-il descendre aussi bas ? Creusons, creusons, et découvrons qu’au fond du trou il y a Kad Merad… en double, s’il vous plaît. Déjà que l’original n’est pas l’acteur du siècle, le voir cloné ne double pas le plaisir, mais double le malaise. À ce niveau, ce n’est plus embrasser les pieds : c’est carrément les sucer, et sans conviction en plus.
L’histoire, officiellement, suit un pauvre type (Kad Merad n°1) embarqué malgré lui dans une aventure rocambolesque autour d’un sosie du pape (Kad Merad n°2), avec des trafiquants, des faux miracles, des quiproquos et des courses-poursuites qui sentent la sueur et le surgelé. Sur le papier, on peut imaginer une comédie déjantée, façon BD farfelue. Sur l’écran, c’est plutôt l’enfer avec option “pas de sortie”. Et quand le Diable vous invite à rester, vous comprenez que vous avez signé pour quelque chose de sérieux.
Le scénario ? Faiblard, effiloché, un brouillon premier jet qui aurait dû rester au fond d’un tiroir. Les gags ? On se demande si on rit par dépit, par désarroi, ou parce qu’on n’a plus la force de lutter. Les scènes d’action, tournées à la va-vite, ressemblent à des répétitions qu’on aurait filmées faute d’avoir pu tourner les scènes finales. Tout va trop vite, ou trop mal, ou trop loin dans le vide.
Les acteurs, maintenant. Kad Merad assure le service minimum, parfois même le service “sauvez-moi, j’ai signé un truc que je n’ai pas lu”. Le pauvre laisse transparaître un désarroi presque émouvant, celui d’un homme embarqué dans une galère qui prend l’eau dès la première minute. On sent qu’il essaie de maintenir le navire droit, mais quand le scénario fait des trous dans la coque, il ne reste plus que l’humour involontaire.
Et que dire du reste du casting ? L’héroïne, qui est aussi — oh surprise — la conjointe du réalisateur, se retrouve parachutée dans un rôle qui aurait nécessité un comique, une présence, un timing… bref tout ce qu’elle n’a pas. Les seconds rôles oscillent entre “je passe dire bonjour en faisant n’importe quoi” et “je fais de mon mieux avec rien”. Il y a quelque chose de gênant, de presque triste, dans cette distribution qui semble avoir compris trop tard la nature du film.
La mise en scène de Sylvain Estibal, elle, ressemble à un film de vacances monté sur un logiciel gratuit avec l’option “gags automatiques” enclenchée par erreur. Tout est approximatif : les cadres, le rythme, les enchaînements, jusqu’à l’énergie des scènes, qui semblent avoir été tournées entre deux pauses café. On ne sent ni vision, ni souffle, ni envie d’oser. C’est plat comme une hostie humide.
Et puis il y a le destin du film : une sortie technique en plein 13 août, dans six salles paumées, comme si même le distributeur avait honte et voulait le cacher derrière un parasol. Une réputation sulfureuse… ou plutôt un manque total de réputation, parce qu'il n’est pas arrivé sur les écrans. Et quand même le producteur fait la grimace, c’est dire.
Papamobile, c’est une comédie ratée de bout en bout, un accident cinématographique où rien ne fonctionne : ni l’idée, ni l’exécution, ni l’humour, ni les acteurs, ni la technique. Une “daube”, oui, mais une daube qui ne mijote même pas : elle brûle, elle colle, elle fume, elle s’effondre.
Action, réaction s’impose : fuir. Et prier pour que Kad Merad retrouve un jour un rôle qui ne l’envoie pas en enfer.
NOTE : 1.30
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Sylvain Estibal
Scénario : Sylvain Estibal et Myriam Tekaïa
Production : Jean Bréhat
Sociétés de production : Tessalit Productions, Le Bureau, Furyo Films
Société de distribution : The Jokers
Budget : 1,2 million d'euros
DISTRIBUTION
- Kad Merad : Slim le sosie du pape / Barnabé VI le vrai pape
- Myriam Tekaïa : Françoise la cheffe du cartel

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