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jeudi 6 novembre 2025

14.70 - MON AVIS SUR LE FILM LE GARCON AU PYJAMA RAYE DE MARK HERMAN (2008)


 Vu le Film Le Garçon au Pyjama Rayé de Mark Herman (2008 ) avec Asa Butterfield Jack Scanlon Vera Farmiga David Thwelis David Hayman Rupert Friend Jim Norton Amber Beattie 

En 1943 en Allemagne, alors qu'il rentre de l'école, Bruno apprend que lui et sa famille doivent quitter Berlin et déménager car son père a reçu une promotion dans son travail. Celui-ci, un brillant officier SS, a en effet été remarqué par Adolf Hitler et a été envoyé en mission spéciale en Pologne occupée, pour diriger ce qui semble être un camp d'internement. Bruno est très triste, car il doit quitter ses amis, sa maison qu'il aime tant, ainsi que Berlin. 

(Il s'agit d'une adaptation du roman jeunesse éponyme de l'écrivain irlandais John Boyne.) 

Il y a des films qui risquent le faux pas à chaque plan tant le sujet est fragile. Le Garçon au pyjama rayé, adapté du roman de John Boyne, fait partie de ceux-là. On pouvait craindre le larmoyant ou la maladresse, et pourtant Mark Herman parvient à marcher sur ce fil étroit entre émotion, innocence et tragédie. Ici, la Shoah est racontée à hauteur d’enfant, sans effets, sans pathos, mais avec une pudeur déchirante. 

Le film suit Bruno, huit ans, fils d’un officier nazi. Il quitte Berlin pour suivre son père promu à la tête d’un camp « à la campagne », qu’il croit être une ferme. Derrière les barbelés, il découvre Shmuel, un autre garçon, du même âge, vêtu d’un pyjama rayé. Le premier ne comprend pas ce qu’il voit ; le second ne peut plus croire à rien. Et pourtant, entre eux, une amitié naît — fragile, sincère, impossible. 

C’est cette relation qui porte le film, entre l’innocence du regard et l’horreur qu’on devine à travers les grilles. Le pari de Mark Herman est là : raconter l’indicible par le silence, par les gestes, par les questions sans réponse d’un enfant qui ne sait pas qu’il vit au bord de l’abîme. Il n’explique rien, il montre. Et c’est ce qui rend le film d’autant plus bouleversant. 

Asa Butterfield, tout jeune, est déjà incandescent. Il donne à Bruno une naïveté lumineuse, une curiosité désarmante, une douceur qui rend la fin d’autant plus insupportable. Face à lui, Jack Scanlon (Shmuel) joue tout en retenue, avec un regard qui contient tout le poids du monde. Deux enfants aux deux extrémités d’une frontière inhumaine : l’un les pieds du « bon côté », l’autre de celui des damnés. Deux mondes qui ne devraient jamais se rencontrer, et pourtant… 

Les adultes, eux, sont prisonniers de leurs rôles. David Thewlis, glaçant en père officier, incarne la banalité du mal, cet homme qui croit bien faire son devoir. Vera Farmiga, bouleversante en mère qui découvre peu à peu la vérité, apporte une humanité brisée, une culpabilité muette. Les seconds rôles sont à l’unisson, sobres, douloureux, presque fantomatiques. 

La mise en scène de Mark Herman, d’une grande sobriété, choisit la retenue. Pas de musique appuyée, pas de plans spectaculaires : juste la lumière grise, la brume, le silence, le vent sur les barbelés. Une simplicité qui donne au film une force morale. Chaque image semble traversée par le contraste entre la douceur de l’enfance et la dureté du monde. 

Et puis vient cette fin — terrifiante, bouleversante, nécessaire. Le destin de Bruno et Shmuel se rejoint dans l’horreur absolue, dans une chambre que la caméra filme sans détour ni complaisance. On comprend alors que la pureté de l’amitié n’a pas de place dans ce monde-là. Le spectateur reste pétrifié, les larmes viennent sans qu’on les cherche. Nos cœurs battent de détresse, de pleurs, de honte aussi. 

C’est un film qu’on n’oublie pas. 
Un film qui, sans jamais donner de leçon, rappelle que l’innocence peut survivre à tout, sauf à la folie des hommes. 
Le Garçon au pyjama rayé est une œuvre simple, poignante, magnifiquement incarnée — un cri silencieux, à hauteur d’enfant, qui traverse le temps et continue de nous brûler le cœur. 

NOTE : 14.70

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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