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mardi 25 novembre 2025

12.00 - MON AVIS SUR LE FILM L'ORIGINE DE LA VIOLENCE DE ELIE CHOURAQUI (2016)


 Vu le Film L’Origine de la Violence de Elie Chouraqui (2016) avec Stanley Weber Richard Berry Michel Bouquet César Chouraqui Miriam Stein Catherine Samie Martin Peillon Didier Bezace Lars Eidinger  

Lors d’un voyage en Allemagne, un jeune professeur, Nathan Fabre, découvre dans l'ancien camp de concentration de Buchenwald la photographie d’un détenu dont la ressemblance avec son propre père, Adrien, le stupéfie. De retour en France, le souvenir de cette photographie ne cesse de l'obséder. Face au silence de son père, il décide alors de se pencher sur l'histoire de sa famille. Les secrets qu'il y découvre bouleversent son existence. 

Je ne suis pas, d’ordinaire, un grand adepte du cinéma d’Élie Chouraqui — ni d’ailleurs de celui d’Alexandre Arcady. Leur manière très frontale d’aborder leur propre communauté finit souvent par produire des films dont le point de vue, même légitime, paraît un peu trop univoque. 
Mais il faut reconnaître que L’Origine de la violence échappe en partie à ce travers. 

Ici, Chouraqui parvient à tisser un véritable récit, presque une leçon de scénario, en articulant le passé et le présent de manière à montrer combien les excès de l’un irriguent encore l’autre. Il y a là une intelligence de construction qui justifie pleinement le titre du film. 
On suit Nathan dans une quête où tout part d’une simple photo — un visage aperçu lors d’une visite scolaire à Buchenwald — et qui ouvre une brèche dans un récit familial soigneusement verrouillé. C’est d’ailleurs tout l’intérêt du film : montrer que dans certaines familles d’après-guerre, le silence, la pudeur ou la honte ont fabriqué d’autres mythes, d’autres mensonges, parfois aussi lourds que la vérité qu’ils voulaient éviter. 

Le film fonctionne d’ailleurs très bien lorsqu’il adopte la forme d’un thriller mémoriel, où Nathan s’avance vers une vérité qui le dépasse. Pas besoin d’artifice narratif : la mécanique de révélation est claire et fluide. 

Le casting aide beaucoup Stanley Weber trouve ici un rôle solide, Richard Berry apporte sa rigueur habituelle,et Michel Bouquet, immense comme toujours, donne au film une gravité que seul lui savait transmettre. On sent qu’il porte dans sa voix tout un siècle d’histoire enfouie. 

Ce n’est pas un chef-d’œuvre, et à mon sens ce n’est pas non plus le meilleur film de Chouraqui. Quelques invraisemblances demeurent, notamment cette romance assez fade et dépourvue d’émotion, qui parasite un peu le récit principal. Mais malgré ces faiblesses, le film se regarde avec un vrai plaisir, et même un certain intérêt, parce qu’il parvient à toucher quelque chose de sensible : 
la manière dont le non-dit peut modeler une identité, falsifier un héritage, et fabriquer une violence silencieuse mais durable. 

Un Chouraqui plus maîtrisé qu’à l’accoutumée, imparfait mais sincère, et qui trouve sa force dans cette exploration des secrets d’après-guerre — secrets qui, comme toujours, finissent par éclater au grand jour lorsqu’une génération, enfin, ose poser les questions interdites. 

NOTE : 12.00

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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