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mercredi 19 novembre 2025

17.50 - MON AVIS SUR LE FILM LES SEPTG SAMOURAIS DE AKIRA KUROZAWA (1954)

 


Vu le Film Les 7 Samouraïs de Akira Kurozawa (1954) avec Toshiro Mifune Takashi Simura Yoshio Inaba Seiji Miyaguchi Minoru Chiaki Daisuke Kato Isao Kimura Yoshio Tsuchiya 

En 1586 , à l'époque Sengoku, dans un Japon médiéval ravagé par des guerres civiles[5], les paysans sont fréquemment opprimés par des brigands qui les rançonnent. Une troupe de bandits à cheval s'apprête à attaquer un village mais décide de reporter l'attaque en attendant la prochaine récolte. Un des paysans, Yohei, a surpris la discussion et court aussitôt avertir les autres villageois. Ces derniers sont effondrés, à l'exception de Rikichi, qui essaie de trouver une solution. Ils finissent par consulter Gisaku, l'Ancien du village, qui, à la surprise de tous, rejoint l'avis de Rikichi et conseille d'engager des samouraïs pour défendre le village. 

Découvrir Les 7 Samouraïs, c’est un peu comme remonter au point d’origine du cinéma d’aventure moderne : on y retrouve tout, mais en version brute, flamboyante, épique, plus violente et plus théâtrale que son célèbre remake américain de John Sturges. Et pour quiconque, comme moi, a vu Les 7 Mercenaires avant l’original, il y a un réel plaisir de comparaison, un jeu dans le jeu, un petit plaisir cinéphile à repérer ce qui a voyagé du Japon au Far West, ce qui a été réinterprété, simplifié, ou au contraire amplifié. Mais la magie du film de Kurosawa, c’est que même si l’on arrivait vierge de toute version ultérieure, on serait happé par ce monument de cinéma qui, non seulement a traversé les âges, mais semble encore aujourd’hui plus vif que beaucoup de productions modernes (oui, ça change du Hobbit, quand même…). 

La grande force du film réside d’abord dans sa mise en scène, cette manière qu’a Kurosawa de transformer un espace concret en aire mythologique. Les cadrages sont pensés comme une chorégraphie martiale : une diagonale devient un champ de bataille, une pluie battante devient l’encre du drame, un village de paysans devient un théâtre d’honneur et de survie. Les mouvements de caméra, eux, ont quelque chose de militaire : précis, stratégiques, décisifs. Kurosawa dirige son film comme Kambei dirige ses hommes — avec calme, intelligence et une lucidité parfois cruelle. 

Le scénario, d’un classicisme presque biblique, impressionne surtout par sa capacité à rester limpide malgré la densité du récit. Plus de trois heures, et pourtant aucune longueur : chaque scène porte du sens, chaque dialogue creuse un personnage, chaque rebondissement sert l’ensemble. C’est à la fois une fresque sociale sur le Japon du XVIe siècle, une étude de caractère et un proto-film d’action où l’affrontement final, sous une pluie apocalyptique, garde encore aujourd’hui une puissance presque physique. 

Et parlons des personnages, qui est aussi la vérité du film : « Aucun personnage n’est vraiment délaissé ». Même parmi les sept samouraïs, tous existent, tous ont une fonction dramatique, une nuance, une manière d’habiter l’écran. Kambei, leader sage et mélancolique ; Kyuzo, l’ascète de l’épée au silence tranchant ; Heihachi, l’artisan de la bonne humeur ; Gorobei, second calme et observateur. Et puis il y a lui : Kikuchiyo, cyclone ambulant, volcan d’émotions, maladresse sublime et sauts d’humeur permanents. Toshiro Mifune y livre l’un de ses rôles les plus iconiques, à mi-chemin entre le bouffon tragique et le guerrier habité par ses fantômes. Sans lui, le film perdrait son humour, sa folie et sa brèche émotionnelle. 

Le casting fonctionne comme une troupe de théâtre antique : expressions marquées, gestes amples, mais toujours justes. Ce jeu très théâtral, typique du cinéma japonais de l’époque, pourrait dérouter, mais il contribue paradoxalement à l’accessibilité du film. On ressent vite qui est qui, quelles sont les alliances, les tensions, les enthousiasmes et les peurs. Les paysans ne sont pas seulement des silhouettes : ce sont les véritables commanditaires et, au fond, les véritables héros d’une histoire où mourir pour trois bols de riz est à la fois noble, dérisoire, héroïque et tragique. 

L’action, elle, impressionne encore — non pas par la surenchère, mais par la lisibilité, l’énergie, la vérité brute. Les corps tombent, s’épuisent, dérapent dans la boue, et chaque coup semble avoir du poids, du vent, de la sueur. Kurosawa filme la bataille comme on filme une idée : l’honneur, la survie, le courage, mais aussi la peur et l’improvisation. 

Au final, malgré sa durée de 3h20, je n’ai pas vu le temps passer. Le film reste infiniment accessible, même pour un néophyte qui ne connaîtrait rien à la culture japonaise ou au cinéma des années 50. Et il serait effectivement dommage de rater un film qui a su vieillir sans perdre ni son efficacité ni son âme. 

Les 7 Samouraïs nous emmène dans des contrées cinéphiliques rarement abordées, et nous rappelle qu’avant que Hollywood ne s’en empare, l’idée même de « film d’équipe » avait déjà été portée à son sommet au Japon. Et quand on quitte le village, il reste une phrase de Kambei qui résonne encore : « Encore une fois, nous avons perdu. » Une défaite magnifique — et un triomphe absolu de cinéma. 

NOTE ; 17.50

FICHE TECHNIQUE

 DISTRIBUTION

Samouraïs

 

Paysans

 

Dans le bourg

 

Brigands

 

  • Shinpei Takagi : le chef des brigands
  • Toshio Takahara : le brigand au fusil
  • Masanobu Ōkubo : le brigand du toit
  • Kichijirō Ueda : le premier espion
  • Senkichi Ōmura : le brigand qui s'enfuit
  • Shin Ōtomo : le second du chef


 

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