Vu le Film Cléopâtre de Joseph L.Mankiewicz (1963) avec Elizabeth Taylor Richard Burton Rex Harrison Walter Matthau Roddy McDowall Cesare Danova Kenneth Haigh George Cole Hule Crowmyn John Doucette Douglas Winner
César poursuit Pompée jusqu'en Égypte où le jeune souverain, Ptolémée, fait exécuter le fugitif. Écartée du trône d'Égypte par son frère, Cléopâtre demande l'aide de César pour rétablir son pouvoir. Celui-ci accepte, succombe à ses charmes et lui donne un fils, Césarion. De retour à Rome, César est assassiné.
Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, c’est l’idée fixe qu’on se fait du cinéma quand on est gosse puis ado : quelque chose de gigantesque, de trop grand pour l’écran mais qu’on regarde quand même les yeux ronds. Et il faut dire qu’apprendre l’Histoire à travers les yeux bleus d’Elizabeth Taylor, on a connu pire méthode. Taylor, reine d’Égypte plus mirifique que toutes les fresques murales réunies, entre deux costumes démentiels, veut dominer le monde et convertir Rome à sa manière douce : se mettre les Romains à ses pieds. Mission qui semble presque facile quand elle entre en scène.
Mankiewicz orchestre ça comme un opéra surdimensionné : César d’abord, Marc Antoine ensuite. Le pouvoir, la stratégie, le charme qui tourne à l’arme de guerre. Et Taylor, souveraine en tout point, impose sa volonté comme si le monde entier devait se plier à son eyeliner. On y croit, on suit, on applaudit.
Le film dure quatre heures, mais quatre heures de vrai cinéma, de celui qu’on regardait sans respirer. Batailles sur terre, armadas sur mer, décors qui débordent, figurants par milliers. L’argent est partout à l’écran : on ne l’imagine pas, on le voit. La production la plus chère du monde ? Oui. Et alors ? Quand c’est beau, c’est beau.
Et pour accompagner la belle dans sa gloire comme dans sa chute : Richard Burton en Marc Antoine. Charisme massif, regard sombre, appétit de pouvoir et besoin de vengeance. Un duo qui brûle tout ce qu’il touche. Elle manipule, il s’emporte, ils s’aiment mal mais intensément. Un couple qui ferait fondre le marbre des temples.
Les superlatifs ne suffisent plus. Ou alors il faut en inventer. Parce que, oui, "Cléopâtre", c’est le triomphe de l’excès. L’entrée de la Reine dans Rome ? On ne fait pas plus démesuré. Une scène qui dépasse tout, même l’imagination du studio. Deux ans de tournage, Londres, Cinecittà, l’Espagne, des fortunes englouties, et Mankiewicz qui finit par déclarer que c’est un des films les plus difficiles de sa vie. On le croit volontiers.
Pourtant, malgré la taille XXL du projet, le scénario reste riche, précis, jamais en roue libre. Intrigues politiques, alliances fragiles, enjeux de pouvoir, amours fatales : le film tient, avance, intrigue. Cléopâtre y apparaît dans toute sa complexité : souveraine calculatrice, femme amoureuse, stratège brillante, reine qui refuse de plier. César (Rex Harrison), glacé et analytique ; Marc Antoine (Burton), passion et chaos ; elle, au centre, maîtresse de son destin jusqu’au bout.
La mise en scène est élégante malgré la surcharge, la caméra sait rester intime quand il le faut. Et c’est peut-être ça le plus fort : un film colossal capable de se faire sensible sans perdre sa grandeur. Les quatre Oscars ne sont pas un bonus, mais la moindre des choses.
"Cléopâtre", c’est trop, mais du trop qui fait du bien. Du cinéma comme on en fait quand on décide que rien n’est assez grand. Et ça, franchement, on en a pour notre argent.
NOTE : 16.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Joseph L. Mankiewicz
- Scénario : Joseph L. Mankiewicz, Ranald MacDougall, Sidney Buchman, d’après Plutarque, Suétone, Appien et The Life and Times of Cleopatra de C.M. Franzero
- Producteur : Walter Wanger et Peter Levathes (producteur exécutif, non crédité)
- Société de production : Twentieth Century Fox, MCL Films S.A. et Walwa Films S.A.
- Photo : Leon Shamroy et Jack Hildyard (non crédité)
- Musique : Alex North
- Décors : John De Cuir et autres (dont Ray Moyer)
- Costumes : Irene Sharaff (costumes d’Elizabeth Taylor), Vittorio Nino Novarese (costumes masculins), Renie (autres costumes féminins)
- Chorégraphe : Hermes Pan
- Montage : Dorothy Spencer et Elmo Williams (non crédité)
- Scripte : Lucie Lichtig
- Budget: 44 millions USD[] (340 millions en 2016; Le budget initial était évalué à 2 millions de dollars
- Elizabeth Taylor (VF : Claude Winter + Évelyn Séléna) : Cléopâtre
- Richard Burton (VF : Jean-Claude Michel + Bernard Alane) : Marc Antoine
- Rex Harrison (VF : Roger Tréville + Bernard Dhéran) : Jules César
- Roddy McDowall (VF : Jean-Louis Jemma) : Octave
- Pamela Brown (VF : Marie Francey) : La Grande Prêtresse
- George Cole : Flavius
- Hume Cronyn (VF : Michel Etcheverry) : Sosigène
- Cesare Danova (VF : Jacques Harden + Philippe Dumond) : Apollodore
- Kenneth Haigh (VF : Serge Lhorca) : Brutus
- Martin Benson (VF : Roland Ménard) : Ramos
- Andrew Keir (VF : Claude Bertrand) : Agrippa
- Martin Landau (VF : Roger Rudel + Yves-Marie Maurin) : Rufio
- Robert Stephens (VF : Jean-François Laley) : Germanicus
- Grégoire Aslan (VF : Grégoire Aslan) : Pothinos
- Michael Gwynn (VF : Michel Gudin) : Cimber
- John Doucette (VF : Pierre Collet) : Achillas
- Andrew Faulds (VF : Gérald Castrix) : Canidius
- Carroll O'Connor (VF : René Fleur) : Casca
- Richard O'Sullivan : Pharaon Ptolémée XIII
- Herbert Berghof : Theodotos
- John Cairney : Phoebus
- Michael Hordern : Cicéron
- John Hoyt (VF : Maurice Pierrat) : Cassius
- Marne Maitland (VF : Georges Hubert) : Amiral Euphranor
- Francesca Annis : Eiras
- Gwen Watford (VF : Nadine Alari) : Calpurnia
- Jean Marsh (VF : Jeanine Freson) : Octavie
- Douglas Wilmer : Decimus
- Finlay Currie : Titus
- Ben Wright (VF : François Valorbe) : Le narrateur
Acteurs non crédités :
- John Alderson : Un officier romain
- Marina Berti : La reine de Tarsus
- Desmond Llewelyn (VF : Louis Arbessier) : Un sénateur
- Laurence Naismith : Arachesilaus

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