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mardi 11 novembre 2025

6.20 - MON AVIS SUR LE FILM FRANCE SOCIETE ANONYME DE ALAIN CORNEAU (1973)


 Vu le Film France Société Anonyme de Alai Corneau (1973) avec Michel Bouquet Roland Dubillard Michel Vitold Ann Zacharias Alltbn McLeary Joe Barcelos Yves Afonso Daniel Ceccaldi Francis Blanche Gérard Desarthe Pierre Maguelon 

En l'an 2222, un homme est tiré de l'état d'hibernation dans lequel il était plongé. Il raconte son histoire. Il était un trafiquant de drogue prospère en 1970, avant que le gouvernement mondial ne légalise la vente et l'usage de ces substances. 

« France Société Anonyme » d’Alain Corneau. Premier film, oui, mais on a beau être indulgent, il y a des limites. Corneau débutant ou pas, ici on a l’impression qu’il a tourné un brouillon qu’il aurait dû laisser dormir dans un tiroir. On sait ce qu’il fera plus tard, on sait de quoi il sera capable, mais là… on se demande vraiment comment tout cela a pu passer le stade de la pré-production sans que personne ne tire le frein d’urgence. 

Le plus sidérant reste la présence d’acteurs de cette trempe, Michel Bouquet en premier. Bouquet, l’homme qui pouvait réciter l’annuaire en lui donnant une noblesse tragique. Bouquet qui savait habiter un silence mieux que d’autres n’habitent une tirade. Et pourtant, le voilà englué dans ce nanar qui ferait presque passer les films d’Arielle Dombasle pour du Fassbinder. Comment expliquer une telle dégringolade de choix ? Besoin d’argent pour les impôts ? Amnésie passagère ? Pari perdu ? On ne saura jamais. Mais le constat est là : quel gâchis. Voir un comédien de cette stature patauger dans une mise en scène aussi hasardeuse fait presque mal physiquement. 

L’histoire, parlons-en. On nous vend un récit d’anticipation sur une France future droguée, décadente, mécanique. Sur le papier, pourquoi pas. Sauf qu’à l’écran, tout ressemble à un collage mal collé, une succession de scènes qui ne s’enchaînent pas, un script bâclé où l’on cherche désespérément un fil conducteur. Les personnages semblent improviser leur existence, comme si chaque scène avait été écrite cinq minutes avant d’être tournée. On appelle ça un scénario ? Ici on dirait plutôt un puzzle sans image de référence. 

Les dialogues suivent le même chemin : insipides, plats, parfois involontairement comiques. On attend une phrase qui claque, qui justifie le talent de ceux qui les prononcent. Rien. Le vide. Un désert textuel. 

Et la mise en scène… Sous la ceinture, littéralement et artistiquement. Les années 70 ont vu débarquer la vague des films dits « sexuels » destinés à attirer le spectateur par la promesse d’un peu d’audace. Sauf qu’ici, l’audace tourne au ridicule. Les scènes de sexe, censées être sulfureuses, sont surtout grotesques et vulgaires, filmées comme des pubs pour un matelas en promo. Les femmes y sont traitées comme de simples accessoires décoratifs, objetisées au point qu’on ne sait plus si on regarde un film ou un catalogue. Le mauvais goût en guise de moteur narratif. 

Tout cela donnerait presque envie d’envoyer une lettre de soutien aux acteurs, tant on se demande ce qu’ils sont venus faire dans cette galère. Même les décors semblent gênés d’être là. L’ensemble ressemble à un film qui aurait voulu être subversif, mais qui finit juste embarrassant. 

Triste cinéma, vraiment. Un prototype mal assemblé, une œuvre qui cherche une identité qu’elle ne trouve jamais, et un casting perdu dans un champ de ruines. On pardonne à Corneau parce que c’était le premier, mais on ne pardonne pas au film d’être ce qu’il est : un naufrage annoncé où seules nos punchlines survivent au naufrage. 

NOTE : 6.20

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION


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