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mardi 25 novembre 2025

16.40 - MON AVIS SUR LE FILM TRAIN DREAMS DE CLINT BENTLEY (2025)

 


Vu le Film Train Dreams de Clint Bentley (2025) avec Joel Edgerton Félicity Jones Clifton Collins Jr Kerry Condon William H.Macy Chuck Tucker Paul Schneider Joel Diehl Nathaniel Arcand Will Patton narrateur) 

Au début du 20e siècle dans une Amérique en pleine évolution, le bûcheron Robert Grainier (Edgerton) travaille au développement du chemin de fer à travers les États-Unis, ce qui l'amène à des de longues séparations loin de sa femme Gladys (Jones) et de sa fille, et il lutte pour trouver sa place dans un monde en mutation. 

Adapté du roman limpide et mystique de Denis Johnson, Train Dreams a débarqué en début d’année à Sundance comme un film de circonstance : un western métaphysique, un conte boisé, et un hommage vibrant à Robert Redford, amoureux de ces contrées  les arbres semblent parler plus fort que les hommes. On y retrouve un parfum de Leone – pas celui des Colts au soleil, mais celui des premiers pans de l’ère du chemin de fer, quand il fallait littéralement “faire de la place”. Chez Leone on achetait les terres ; ici, on élague, on abat, on dégage ce qui entrave : des arbres colossauxreconstitués pour l’occasion avec une précision presque hallucinatoire. Rien que pour cela, le film vous attrape déjà par les sens. 

Au cœur de ce monde en mutation, il y a Robert Grainier, incarné par un Joel Edgerton monumentalcomme taillé directement dans un tronc de séquoia. Physique rugueux, regard las mais droit, corps façonné par le travail et par les saisons. Grainier n’habite pas “dans la prairie” comme dans les récits édulcorés : il vit dans la forêt, la vraiecelle qui cogne l’hiver, qui lacère l’été, qui rend fragile au moindre faux pas. Et pourtant c’est  qu’il construit sa cabane, son monde, son îlot. Il travaille comme il faut, au mieuxcomme on travaillait à l’époque : avec l’honnêteté austère de ceux pour qui chaque journée peut être la dernière. 

Puis la vie, comme souventvient lui arracher ce qu’il a de plus précieux. Et ce qui est magnifique dans le film, c’est que Grainier, au lieu de continuer à baisser les yeux vers la scieva lever la tête. Lever les yeux vers les arbres, vers la lumière, vers la part du monde qui lui échappe mais qu’il finitcomme nous, par contempler. Les images deviennent alors une forme de grâceRarement un film sur la nature aura donné autant l’impression d’être en communion avec quelque chose de plus vasteChaque plan semble suspendu entre la terre et le ciel. 

Clint Bentley filme la forêt comme un sanctuaire et l’homme comme un petit point brillant au milieu. Il n’explique rien –  le film montre, longuement, patiemment. La vie, la mort, la beauté, l’amour, l’écologie qu’on porte sans y penser : tout est là, en filigrane, sans bavardage. C’est du cinéma qui se ressent plus qu’il ne se décrypte. Un chef-d’œuvre, ce n’est pas seulement une histoire bien déroulée : c’est une brûlure, une passion, une présence. Et ce film, porté par un Edgerton immense, en est une pureQue je dis depuis longtemps qu’il est un des plus grands comédiens actuels; 

Il y a des œuvres avec lesquelles on entre en communion sans savoir pourquoiTrain Dreams est de celles-là. Il parle de la vie qui passe, de ce qu’on perd en un souffle, de ce qu’on reconstruit malgré tout. Grainier attend sa vie qu’il a vue partir en fumée – littéralement – mais continue d’avancerd’observerd’aimer le monde même quand le monde ne l’épargne pas. C’est un film simple, mais jamais simpliste. Beau, mais jamais décoratifHumainprofondément. 

Dommageouidommage qu’il ne soit pas sorti en salles : Train Dreams était fait pour être vu en grand, pour que ses arbres et ses silences nous écrasent comme ils écrasent Grainier. Mais même à domicile, la magie opère. Et comment : de la vie et du cinéma, tout simplement. 

 NOTE : 16.40

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