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lundi 10 novembre 2025

12.10 - MON AVIS SUR LE FILM LA MAIN A COUPER DE ETIENNE PERIER (1974)


 Vu le Film La Main à Couper de Etienne Périer (1974) avec Léa Massari Michel Bouquet Michel Serrault Bernard Blier Michel Albertini Lisa Danvers Dora Doll José Arthur Pierre Tabard  

Hélène Noblet vit une existence paisible : un mari médecin, Georges, deux enfants gentils, Daniel et Nadine et un magasin d'antiquités qu'elle tient par plaisir avec une amie Pascale, une jolie maison, de l'argent... et un amant, Philippe, plus jeune qu'elle - un ami de son fils - qu'elle retrouve chaque mardi. Tout serait pour le mieux si, un mardi, Hélène ne trouvait pas Philippe assassiné 

La Main à Couper d’Étienne Périer, c’est le passage à la réalisation d’un jeune Franco-Belge qui a appris chez Clouzot, assistant sur Les Diaboliques. Et, oui, il en reste quelque chose : une petite odeur de soufre, une ambiance où chacun se ment avec application, presque comme un jeu de société, sauf qu’au milieu de la partie… on trouve un cadavre. L’idée est bonne, la base solide, mais le film reste un Chabrol low-cost, un cousin timide de La Femme infidèle : l’intention est là, l’élégance un peu moins, et surtout le piquant manque cruellement. 

Heureusement, Périer a eu l’idée du siècle : appeler les bons acteurs. Léa Massari d’abord, suave, trouble, parfaite en femme dont le sourire est déjà un mensonge. Michel Bouquet ensuite, et là c’est le jackpot : il retrouve presque par accident la réplique exacte de son personnage chabrolien, mélange unique de bonhommie trop calme et de froide détermination qui vous glace avant même qu’il ne bouge un doigt. Quand Bouquet prépare sa vengeance, on sait que personne ne va passer une bonne soirée. 

Autour d’eux, le film aligne deux monuments de vice tranquille : Bernard Blier, libidineux avec une décontraction olympique, et Michel Serrault, gluant comme seules les années 60 savaient le faire. Michel Albertini complète le tableau avec cette énergie de jeune premier un peu tordu, comme si Périer voulait offrir chaque nuance du “mec louche” possible en 90 minutes. 

L’histoire repose sur un scénario volontairement pervers : jeux de dupes, manipulations, secrets qui fuient, attitudes ambiguës. Tout devrait fonctionner, et parfois ça fonctionne. Mais il faut admettre que Périer demande au spectateur d’avaler quelques incohérences, notamment dans la manière dont certains personnages réagissent face aux événements. On se dit plusieurs fois : qui peut croire que quelqu’un agirait vraiment comme ça ? On croirait presque à un exercice de style. Chabrol savait rendre l’absurde crédible ; Périer, lui, force un peu. 

La mise en scène reste propre, appliquée, mais manque de nerf. Périer installe bien les situations, observe les personnages, laisse traîner sa caméra plutôt que de trancher. Ça donne parfois un charme d’époque, parfois un petit flottement. Et cette fin, expédiée, presque bâclée, donne l’impression qu’on l’a réveillé et qu’il a bouclé ça en vitesse. 

Reste que les acteurs portent le film. Massari magnétique, Blier et Serrault impeccables dans leur registre, et surtout Bouquet, impérial, glaçant, qui donne au récit sa raison d’être. C’est grâce à eux que le film tient debout, que les scènes prennent du poids, que les manipulations trouvent un sens. 

La Main à Couper n’est pas un grand film noir, pas un vrai Chabrol même s’il veut lui ressembler, mais il a ce charme trouble des œuvres un peu imparfaites où les comédiens font tout le travail. Et parfois, pour un soir, ça suffit. 

NOTE : 12.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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