Pages

jeudi 20 novembre 2025

11.10 - MON AVIS SUR LE FILM ZION DE NESLON FOIX (2025)

 


Vu le Film Zion de Nelson Foix (2025) avec Sloan Descombes Zebrist Philippe Calodat Saint Eloi Dominique Axelle Delisle YourI Christophe Lucile Kancel 

 

Zion est un aperçu de certains aspects de la vie en Guadeloupe à travers le parcours d’un jeune de l’Ile qui se retrouve bien malgré lui au sein du trafic de drogue. Trajectoire personnelle et environnement y trouvent un écho tragique, au sens de la mythologie grecque, la répétition étant le chef d’orchestre. Entre enfance, âge adulte, paternité et transmission. 

Les films venant de Guadeloupe traversent rarement l’Atlantique, et c’est déjà un petit événement de voir Zion débarquer sur nos écrans. Pour son premier long-métrage, le jeune Nelson Foix nous emmène très loin des cartes postales, dans des contrées oubliées par les autorités, là où la violence n’a rien de métaphorique. Ici, on navigue entre casses, trafics de drogue, règlements de comptes et hyper-violence : pas la moindre chance de croiser une once de tendresse, ou alors il faut la chercher sous les décombres. Foix n’est pas tendre avec son île, il la montre brute, dure, indomptable. Une Guadeloupe bien éloignée du cliché touristique, débarrassée de ses palmiers souriants pour revenir à la réalité d’un territoire fracturé. 

Au cœur du récit, un jeune délinquant, interprété par Sloan Descombes, qui porte le film et le sauve même de sa propre descente aux enfers. Il incarne un garçon à la dérive, pris dans un engrenage qui le dépasse, confronté à des responsabilités bien trop lourdes pour ses épaules. C’est lui qui donne chair, sueur et âme à cette histoire. Son jeu, tendu et habité, apporte une humanité bouleversante au milieu du chaos. Il est le fil rouge, le point d’équilibre, celui qui fait tenir ensemble drame intime, tension mafieuse et quête de rédemption. 

Le scénario explore justement cette bascule : comment un jeune homme, perdu au milieu des guerres de territoires et des ombres menaçantes de la rue, peut-il retrouver une forme d’horizon ? L’histoire de la rédemption est certes un peu attendue, on devine les contours, mais Foix l’amène avec sincérité et sans artifice. Et surtout, il l’inscrit dans un contexte où l’avenir des enfants devient un enjeu vital : ces enfants que le film filme partout, silhouettes fragiles mais essentielles, symboles d’origine et d’avenir, de transmission et de survie. Cette multitude d’enfants, qui peuplent Zion, rappelle constamment ce qui est en jeu : un territoire qui cherche sa place, une population en crise d’identité et une jeunesse qui refuse de disparaître. 

La mise en scène est l’autre grande force du film. Nelson Foix filme avec une énergie brute, presque organique, comme s’il voulait attraper la pulsation de l’île elle-même. Les rues, les maisons, les visages portent une vérité presque documentaire. La photographie, elle, est particulièrement belle : chaque cadre semble chargé de tension, de poussière, d’humidité, de lumière brûlante. On sent un jeune réalisateur qui veut faire du cinéma, vraiment, et qui le prouve par ses images autant que par sa manière de diriger ses acteurs. 

Car le casting fonctionne : les seconds rôles, souvent non-professionnels, apportent une authenticité frappante. Rien ne sonne faux, rien ne semble surjoué. Tout est ancré dans la réalité de la Guadeloupe profonde, celle qu’on ne voit jamais dans les brochures. 

Alors oui, tout n’est pas parfait : certaines transitions sont abruptes, le film se cherche parfois entre drame mystique et thriller mafieux, et quelques idées scénaristiques auraient gagné à être davantage creusées. Mais qu’importe : Zion reste un premier film tendu, bien mené, bien filmé, bien interprété. Et surtout, un film qui ose montrer autre chose, avec une audace rare. 

Un film venu des Antilles qui vibre, qui respire et qui frappe. Un vrai détour qui, pour une fois, en vaut la peine. 

 NOTE : 11.10

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Nelson Foix
  • Scénario : Nelson Foix
  • Musique : Brice Davoli
  • Décors : Arnaud Putman
  • Costumes : Naïké Lafleur
  • Photographie : Martin Laugery
  • Son : Arnaud Lavaleix
  • Montage : Clémence Samson
  • Production : Slievan Harkin et Laurence Lascary
  • Société de production : Kiss Films, De l'autre côté du périph[]
  • Société de distribution : The Jokers Films
  • Budget : 3,3 millions d'euro

DISTRIBUTION

  • Sloan Descombes : Chris
  • Philippe Calodat : Joe
  • Zebrist : Odell
  • Saint-Eloi Dominique : Tidog
  • Axelle Delisle : Lika
  • Youri Christophe : Jayson
  • Lucile Kancel : Lucie

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire