Vu le Film La Liste de Schindler de Steven Spielberg (1993) avec Liam Neeson Ben Kingsley Ralph Fiennes Caroline Goodall Jonathan Sagall Embeth Davidz Mark Ivanir Friedrich Von Thun Nobert Weisser
L'homme d'affaires Oskar Schindler arrive à Cracovie en 1939, prêt à profiter de la Seconde Guerre mondiale, qui vient de commencer. Après avoir rejoint le parti nazi pour des raisons politiques, il emploie des ouvriers juifs dans son usine.
La Liste de Schindler, c’est typiquement le genre de film qui ne quitte jamais vraiment la mémoire. Pas un simple souvenir de cinéphile, mais une empreinte brûlante, une cicatrice visuelle où chaque image rappelle ce que des êtres humains ont été capables d’infliger à d’autres. Ce que les Juifs ont souffert, dans leur chair et dans leur âme, dépasse parfois l’entendement, et Spielberg parvient à filmer cette incompréhension, cette sidération, sans jamais verser dans le voyeurisme. La scène de la douche ? Une terreur glacée, presque clinique, où l’on retient son souffle comme si notre propre vie dépendait de la vapeur qui en sortira — ou pas.
Et pourtant, au milieu de l’horreur, Spielberg — le GOAT, déniche une lueur d’humanité. Oskar Schindler, industriel allemand, membre du Parti nazi par opportunisme plus que par conviction, jouisseur, cynique, obsédé par le profit… et paradoxalement, futur Juste parmi les Nations. L’homme qui, en pleine machine de mort, va tenter de sauver 1100 à 1200 Juifs en utilisant les armes qu’il connaît le mieux : l’argent, la corruption et son sourire carnassier de businessman. Spielberg n’idéalise jamais Schindler. Il garde ses ambiguïtés, ses contradictions, ses travers. C’est précisément ce qui le rend humain, touchant, et d’une certaine manière héroïque malgré lui.
Face à lui, Amon Göth, interprété par un Ralph Fiennes d’une précision glaçante, rappelle que le mal n’a rien de mythologique. Il est banal, veule, lâche, parfois fasciné, parfois déchiré, surtout lorsqu’il observe la prisonnière juive qui réveille en lui un désir qu’il refuse d’assumer. Spielberg ne blanchit personne — ni Schindler, ni Göth — mais il montre à quel point la nature humaine est un labyrinthe. Rien n’est tout blanc, rien n’est tout noir. Juste une infinité de zones grises, parfois plus sombres que la nuit elle-même.
La mise en scène en noir et blanc renforce ce regard. Sobre, épurée, presque documentaire, elle nous propulse au cœur d’un monde où chaque visage, chaque rue, chaque cri devient un symbole. L’image de la fillette au manteau rouge — seul éclat de couleur — résume tout : l’innocence massacrée, la vie qui s’accroche, la mémoire qui insiste. Spielberg aurait pu tomber dans tous les pièges, faire de l’esthétisme, du pathos, du grand spectacle lacrymal. Il n’en fait rien. C’est justement ce refus du spectaculaire qui rend le film terrassant.
Le scénario suit la montée en conscience de Schindler, cet homme qui voit la “solution finale” s’imposer sous ses yeux et qui, au lieu d’en profiter davantage, décide de s’en détourner. Il rachète son ignorance, son égoïsme, son goût du luxe par un acte de résistance qui n’a rien de grandiloquent : il sauve une vie, puis dix, puis cent. À la fin, il regrette de ne pas avoir vendu sa voiture, sa bague, ses boutons. Et nous aussi, on regrette avec lui, parce qu’à ce moment-là, le film cesse d’être un film.
Liam Neeson livre une prestation immense, tout en retenue et en contradictions. Ben Kingsley, en Itzhak Stern, est la conscience silencieuse du film, la colonne vertébrale morale sans laquelle Schindler n’aurait rien pu faire. Quant à Ralph Fiennes, c’est la création d’un monstre d’une banalité effrayante. John Williams signe une partition d’une pureté bouleversante, un violon qui semble pleurer pour ceux qui ne le peuvent plus.
La scène finale, avec les survivants et leurs descendants déposant des pierres sur la tombe de Schindler, achève tout. Plus de cinéma, plus de fiction : juste l’Histoire, la vraie, celle qui hurle encore aujourd’hui. Et dans une époque où certaines idées reviennent — comme tu le rappelles très justement — ce rappel est vital. Pas seulement pour les jeunes, mais pour absolument tout le monde.
Merci, M. Spielberg. Pour la sobriété, pour la force, pour le courage, et pour cette œuvre qui ne cessera jamais de prévenir, d’émouvoir et de réveiller les consciences.
NOTE : 18.50
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Steven Spielberg
- Scénario : Steven Zaillian, d'après le roman biographique La Liste de Schindler (Schindler's Ark) de Thomas Keneally
- Musique : John Williams
- Décors : Allan Starski
- Costumes : Anna B. Sheppard
- Photographie : Janusz Kaminski
- Montage : Michael Kahn
- Production : Branko Lustig, Gerald R. Molen, Steven Spielberg et Lew Rywin (en)
- Société de production : Universal Pictures et Amblin Entertainment
- Sociétés de distribution : Universal Pictures (États-Unis) ; United International Pictures (France et pays divers)
- Budget : 22 000 000 $
- Réalisation : Steven Spielberg
- Scénario : Steven Zaillian, d'après le roman biographique La Liste de Schindler (Schindler's Ark) de Thomas Keneally
- Musique : John Williams
- Décors : Allan Starski
- Costumes : Anna B. Sheppard
- Photographie : Janusz Kaminski
- Montage : Michael Kahn
- Production : Branko Lustig, Gerald R. Molen, Steven Spielberg et Lew Rywin (en)
- Société de production : Universal Pictures et Amblin Entertainment
- Sociétés de distribution : Universal Pictures (États-Unis) ; United International Pictures (France et pays divers)
- Budget : 22 000 000 $

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