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dimanche 2 novembre 2025

6.10 - MON AVIS SUR LE FILM LES INTRUS CHAPITRE DE DE LENNY HARLIN (2025)

 


Vu le Film Les Intrus Chapitre 2 de Lenny Harlin (2025) avec Madelaine Petsch Gabriel Basso Frou Gutteriez Ema Horvath Ella Bruccoreli Richard Brake Rachel Shenton 

 

En 2021, dans la petite ville de Venus, en Oregon, la serveuse de Carol's Diner, Shelly, salue un homme nommé Frank Quintanno, partageant les informations qu'elle apprend sur lui avec un client invu. Plus tard dans la nuit, Shelly frappe à la porte de sa chambre de motel et demande si Tamara est à la maison. Quelque temps plus tard, Shelly (Pin-Up Girl), Scarecrow et Dollface tuent Frank dans les bois par une nuit pluvieuse. 

 

Le cauchemar continue… ou plutôt, il s’étire. Avec Les Intrus : Chapitre 2Renny Harlin, vétéran du cinéma d’action musclé (Cliffhanger58 minutes pour vivre), s’aventure à nouveau sur les terres du slasher, genre qu’il tente visiblement de dompter à coups de surenchère et d’hémoglobine. Ce deuxième chapitre s’inscrit dans une trilogie que le cinéaste semble vouloir ériger comme un retour au « vrai » film d’épouvante, celui des années 2000 où les cris rivalisaient avec les litres de faux sang. Mais à force de vouloir faire peur avec tout, on finit par ne plus effrayer avec rien. 

L’histoire reprend à la suite du premier opus – que je n’ai pas vu, mais dont l’absence de vision n’a finalement aucune importance, tant le scénario se suffit à lui-même… ou plutôt s’auto-parodie sans le vouloir. On retrouve Maya (Madelaine Petsch), rescapée du premier massacre, toujours traquée par les mystérieux intrus masqués. Une nouvelle petite communauté s’apprête à connaître le même sort, et très vite, les cris remplacent les dialogues. Ce qui aurait pu être un huis clos anxiogène vire à la répétition mécanique : fuite, hurlement, couteau, retour des tueurs, et ainsi de suite. 

Renny Harlin, pourtant cinéaste aguerri, semble ici filmer par réflexe plus que par inspiration. Sa mise en scène, efficace sur le papier, manque cruellement de personnalité. Là où il excellait autrefois dans l’action millimétrée, il semble s’égarer dans le gore gratuit. Tout est fait pour provoquer un sursaut immédiat, jamais pour installer une angoisse durable. Le film aligne les jumpscares comme un métronome cassé. Même la photographie, censée jouer sur les contrastes entre ombre et lumière, finit par sombrer dans une laideur numérique accentuée par des CGI catastrophiques – notamment lors d’une apparition finale qu’on préférerait oublier. 

Les acteurs, quant à eux, font ce qu’ils peuvent au milieu de ce chaos scénaristique. Madelaine Petsch, révélée par la série Riverdale, a de l’énergie à revendre, mais son jeu reste coincé entre la peur hystérique et le surjeu dramatique. Derrière elle, on cherche en vain des personnages consistants : tout le monde semble interchangeable, réduit à sa fonction narrative – la victime naïve, le mec courageux mais stupide, le tueur muet. Aucun n’existe vraiment. Le spectateur, pourtant prêt à s’attacher à un visage ou à une histoire, reste à distance. 

Côté scénario, c’est un festival de clichés : la maison isolée, les portes qui grincent, les bruits suspects dans la nuit, les téléphones qui tombent en panne pile au mauvais moment. On sent à chaque instant le recyclage d’un genre déjà usé, sans jamais y apporter ce qu’on pourrait appeler du « sang neuf ». L’idée d’une trilogie aurait pu donner lieu à un vrai développement mythologique – comprendre qui sont ces tueurs, d’où vient cette folie, ce qu’elle dit de notre époque – mais rien ne dépasse le stade du prétexte. Tout se réduit à une succession de meurtres aussi répétitifs que prévisibles. 

Le plus frustrant reste cette impression de film vide, qui emprunte à tout le monde sans rien proposer en échange. Harlin tente de surfer sur la vague des succès récents du genre (HalloweenScream 6The Strangers) mais sans en comprendre la subtilité ni la mise en tension. Là où Carpenter ou Craven savaient distiller la peur dans les silences, Harlin la noie sous des cris. Là où l’on pouvait espérer une montée dramatique, on obtient une course sans but. 

Visuellement, le film ne se distingue que par ses excès : éclairages agressifs, montage clippé, gore en numérique outrancier. Et que dire du dernier acte, censé tout renverser ? Un climax aussi absurde que grotesque, qui sombre dans le ridicule à cause d’effets spéciaux indignes d’un téléfilm. On en vient à rire là où on devrait trembler. 

Et pourtant, malgré tout, on sent dans les intentions de Harlin une forme de nostalgie du vrai cinéma d’horreur. Le problème, c’est que cette nostalgie n’est jamais transcendée par une vision. Le film aligne les meurtres sans tension, les dialogues sans intérêt, les symboles sans fond. Le spectateur, comme les personnages, attend que tout cela s’arrête. 

« Mais quand ce cauchemar va-t-il se terminer ? » pourrait-on se demander, à la fois pour eux et pour nous. Si Les Intrus : Chapitre 2 devait nous ouvrir la porte d’un troisième volet, espérons que celle-ci se referme rapidement. Renny Harlin, qui fut un temps un vrai faiseur d’action, livre ici une œuvre de commande sans âme, un épisode de plus dans la grande série des films qu’on oublie en sortant. 

En somme : un slasher sans frisson, une suite sans enjeu, un film d’horreur qui fait surtout peur pour l’avenir du genre. Les Intrus : Chapitre 2 ressemble à une mauvaise blague étirée jusqu’à la dernière goutte de faux sang. On ressort de là épuisé, non pas par la peur, mais par l’ennui. 

Le cauchemar, cette fois, c’est surtout celui du spectateur. 

NOTE : 6.10

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Renny Harlin
  • Scénario : Alan R. Cohen, Alan Freedland et Amber Loutfi
  • Musique : Justin Caine Burnett
  • Direction artistique : Ghinea Diana et Silvia Nancu
  • Décors : Adrian Curelea
  • Costumes : Oana Draghici
  • Photographie : José David Montero
  • Montage : Michelle Harrison
  • Production : Alastair Burlingham, Mark Canton, Charlie Dombek, Christopher Milburn, Gary Raskin et Courtney Solomon
  • Production déléguée : Andrei Boncea, Dorothy Canton, Anders Erdén, Ken Halsband, Kia Jam, Roy Lee et Blair Ward
  • Sociétés de production : Lionsgate Films, Fifth Element Productions et Frame Film
  • Sociétés de distribution : Lionsgate (États-Unis), Cineplex Pictures (Canada), Metropolitan Filmexport (France)

DISTRIBUTION

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