Vu le Film Quand les Aigles Attaquent de Brian G.Hutton (1968) avec Richard Burton Clint Eastwood Mary Ure Donald Houston Derren Nesbitt Michael Hordern Patrick Wymark
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le colonel Turner et l’amiral Rolland, du MI6, forment une équipe de commandos pour une mission périlleuse derrière les lignes ennemies. Le détachement comprend le major John Smith, les sergents Harrod et MacPherson, les capitaines Lee Thomas, Ted Berkeley et Olaf Christiansen, ainsi que le lieutenant américain Morris Schaffer, des Rangers de l’US Army. Leur objectif est de libérer le général George Carnaby, planificateur des opérations alliées sur le front de l’Ouest, capturé par les Allemands et détenu au Schloß Adler, forteresse alpine en Bavière accessible uniquement par téléphérique.
Il fut un temps — avant Wikipédia, avant les IA et les experts en uniformes allemands — où on se posait pas la question de savoir si un commando pouvait vraiment traverser les Alpes en plein hiver pour attaquer un château nazi perché à 2000 mètres d’altitude. On s’installait dans son fauteuil, on choisissait son camp — le bien, forcément — et on se laissait embarquer. Quand les Aigles Attaquent, c’est ce genre de cinéma d’aventure qu’on ne fait plus : du vrai, du solide, du grand spectacle à l’ancienne, où les cascadeurs ont plus de temps d’écran que les vedettes et où le scénario déroule son plan comme une mission de commando.
L’histoire est simple sur le papier et diabolique dans les faits : un commando britannique mené par le major John Smith (Richard Burton, impérial, aussi sobre qu’une bombe de whisky écossaise) doit infiltrer un château-forteresse nazi pour sauver un général américain détenu. Mais très vite, la mission tourne au labyrinthe d’espions, de doubles jeux et de trahisons. Derrière Smith, un certain lieutenant Schaffer (Clint Eastwood, le jeunot encore peu bavard mais déjà regard de granit) suit le mouvement. Sauf que ce duo-là va vite découvrir que tout n’est pas aussi simple qu’un bon vieux “sauver le prisonnier et rentrer à la base”.
Hutton signe ici un film de guerre déguisé en film d’aventure et inversement : un spectacle total. Dès la première scène, dans la neige et le silence, on sent le souffle de l’épopée. Puis viennent les explosions, les fusillades, les poursuites, et cette fameuse scène sur le téléphérique — anthologique, tendue, vertigineuse — qui reste l’une des plus mémorables du cinéma d’action des années 60. On ne regarde plus le film, on y participe. On sent le froid, la tension, l’altitude. On a presque envie de se jeter à terre à chaque détonation.
Le scénario signé Alistair MacLean (auteur du roman original et roi des intrigues à tiroirs) est une mécanique d’horlogerie : rebondissements en cascade, fausses pistes, agents doubles, triple identités. On croit avoir compris et paf, tout bascule. Pas une minute de répit, pas un plan inutile. Et surtout, cette logique de mission militaire parfaitement rythmée : briefing, infiltration, sabotage, extraction. Tout y est, comme un manuel de survie pour soldat de fiction.
Richard Burton, dans son registre le plus shakespearien, apporte une gravité inattendue à ce rôle d’officier au sang-froid imperturbable. Il aurait pu jouer Hamlet avec un fusil d’assaut, ça n’aurait pas détonné. Clint Eastwood, lui, incarne le silence utile : celui qui agit pendant que les autres discutent. L’un parle, l’autre tire — parfait équilibre. Le duo fonctionne à merveille, entre l’intellectuel britannique et le pragmatique américain. On sent déjà poindre la star qu’il deviendra chez Leone quelques mois plus tard.
La mise en scène de Brian G. Hutton, solide artisan de l’action, est un modèle d’efficacité. Pas d’effets tape-à-l’œil, pas de caméra tremblante : du découpage clair, du montage nerveux et une gestion du rythme impeccable. On respire entre deux rafales, et on repart de plus belle. La musique de Ron Goodwin, elle, ajoute la touche héroïque, martiale, presque ironique, qui donne envie de monter soi-même dans le téléphérique, fusil en bandoulière.
Ce film, c’est l’incarnation du plaisir de spectateur pur. On en redemande, même après deux heures et demie de neige, de balles et de trahisons. Oui, c’est invraisemblable par moments, oui, on se demande comment ils survivent à tout ça sans geler, mais on s’en fout royalement. Parce qu’à l’époque, le cinéma d’action, c’était ça : de la bravoure, de la mise en scène, des acteurs qui ont de la gueule et un vrai sens du spectacle.
Quand les Aigles Attaquent, c’est un grand huit de cinéma, une mission impossible avant Tom Cruise, un pur moment d’adrénaline vintage. Un film qui ne cherche pas à être réaliste, mais à être épique. Et il y parvient haut la main. Bref, du cinéma comme on l’aime : invraisemblable, héroïque, spectaculaire — et diablement efficace.
NOTE : 13.40
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Brian G. Hutton
- Scénario : Alistair MacLean, d'après Where Eagles Dare d'Alistair MacLean
- Musique : Ron Goodwin
- Direction artistique : Peter Mullins
- Costumes : Arthur Newman
- Photographie : Arthur Ibbetson
- Montage : John Jympson
- Effets spéciaux : Fred Hellenburg, Richard Parker, Tom Howard
- Production : Elliott Kastner et Jerry Gershwin
- Société de production : Winkast Film Productions
- Société de distribution : Metro-Goldwyn-Mayer
- Budget : 6 200 000[]-7 700 000[] millions de dollars
- Richard Burton (VF : Michel Gatineau / VA : Holger Hagen) : Major Jonathan Smith
- Clint Eastwood (VF : Denis Savignat / VA : Herbert Stass) : Lieutenant Morris Schaffer
- Mary Ure (VF : Jeanine Freson / VA : Ilse Kiewiet) : Mary Elison, agent du MI6 parachuté
- Patrick Wymark (VF : Jean-Henri Chambois / VA : Hans W. Hamacher) : Colonel Wyatt Turner
- Michael Hordern (VF : Gérard Férat / VA : Konrad Wagner) : Amiral Rolland
- Donald Houston (VF : Jean-Louis Maury / VA : Paul Edwin Roth) : Capitaine James Christiansen
- Peter Barkworth (VF : Michel Paulin / VA : Peter Schiff) : Edward Berkeley
- William Squire (VF : Georges Aubert / VA : Edgar Ott) : Capitaine Philip Thomas
- Robert Beatty (VF : Michel Gudin / VA : Wolfgang Amerbacher) : Général George Carnaby
- Brook Williams (VF : Bernard Murat) : Sergent Harrod
- Neil McCarthy (VF : Jacques Richard) : Sergent Jock MacPherson
- Vincent Ball : Carpenter
- Anton Diffring (VA : Wilhelm Borchert) : SS-Standartenführer Kramer
- Ferdy Mayne (VF : Paul-Émile Deiber / VA : Erich Fiedler) : Général Rosemeyer
- Derren Nesbitt (VA : Lothar Blumhagen) : SS-Sturmbannführer Von Hapen (Gestapo)
- Ingrid Pitt (VA : Anneliese Priefert) : Heidi, agent du MI6 déjà sur place
- Guy Deghy (VA : Alexander Welbat) : Major Wilhelm Wilner
- Olga Lowe (VA : Ruth Gerlach) : Lieutenant allemand Anne-Marie Kernitser, (non crédité)
- Lyn Kennington : Femme allemande, (non crédité)

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