Pages

vendredi 7 novembre 2025

12.00 - MON AVIS SUR LE FILM LE JOUET DE FRANCIS VEBER (1976)


 Vu Le Film Le Jouet de Francis Veber (1976) avec Pierre Richard Michel Bouquet Fabrice Greco Jacques François Daniel Ceccaldi Suzy Dyson Charles Gérard Gérard Jugnot Michel Robin Eva Darlan 

François Perrinjournaliste au chômage depuis « dix-sept mois et six jours », parvient à trouver du travail dans le quotidien France Hebdo. Il y est reçu par M. de Blénac, le rédacteur en chef, puis par le président-directeur du journal, le multi-milliardaire Pierre Rambal-Cochet. François ne tarde pas à découvrir les méthodes expéditives et arbitraires de licenciement, Rambal-Cochet virant par exemple Pignier, un autre journaliste, parce qu'il a « les mains moites ». 

Le Jouet est une comédie acide qui, sous ses airs franchouillards, cache une charge sociale bien plus pointue qu’elle n’en a l’air. Francis Veber y construit un conte moderne où un puissant industriel, Pierre Rambal-Cochet, qui détient un groupe de presse tentaculaire, décide pour calmer les caprices de son fils de lui offrir… un humain comme jouet. Pas de chez Shein, ah ah, mais bel et bien François Perrin, modeste journaliste interprété par Pierre Richard, que le patron repère dans son supermarché personnel, sorte de galerie marchande pour milliardaire en mal de sensations. 

La première partie du film repose sur cette idée volontairement outrancière — presque une fable — : un adulte transformé en objet de divertissement pour un enfant capricieux. Le petit Éric, joué par Fabrice Greco, est d’ailleurs parfaitement insupportable, petit tyran en culottes courtes qui ne connaît aucun frein. C’est autour de ce duo improbable que Veber orchestre sa mécanique comique : un homme soumis par nécessité, réduit au rang de marchandise, et un gamin persuadé que le monde se plie à son désir. Dans l’ombre, plane le père, Rambal-Cochet, joué par Michel Bouquet, glaçant à souhait, d’une froideur qui fait peur, incarnation d’un pouvoir tellement sûr de lui qu’il ne se rend même plus compte de sa cruauté. 

Peu à peu pourtant, Perrin se redresse. La comédie trouve alors sa seconde impulsion : la révolte douce mais déterminée de cet homme humilié, qui va déstabiliser tour à tour l’enfant et le patron. Veber montre très bien comment l’humain finit par reprendre ses droits : au contact de Perrin, le garçon commence à douter, à se redéfinir, à considérer pour la première fois que son “jouet” est peut-être une personne. Le rapport de force se fissure, et la carapace du père, si imposante, révèle des brèches inattendues. Jusqu’où Perrin ira-t-il dans sa désobéissance ? Et Rambal-Cochet cédera-t-il enfin un peu de terrain ? C’est là que la comédie se charge d’une petite dimension morale, jamais pesante, mais bien présente. 

Comme toujours chez Veber, les dialogues sont savoureux, souvent ciselés, portés par des acteurs très à l’aise dans cette mécanique. Pierre Richard, tête d’affiche indétrônable de l’époque – le distrait magnifique – trouve ici un rôle sur mesure, oscillant entre maladresse attachante et dignité retrouvée. Michel Bouquet, en grand fauve froid du patronat, domine ses scènes par un mélange d’autorité et de cynisme qui donne tout son relief au film. Quant à Fabrice Greco, il compose un enfant détestable sans tomber dans la caricature pure, ce qui n’était pas gagné. On retrouve aussi, comme souvent chez Veber, un cortège de seconds rôles efficaces, à commencer par Daniel Ceccaldi, toujours impeccable pour donner du liant à ce type de comédie. 

La mise en scène reste fonctionnelle – Veber n’est pas un formaliste – mais elle accompagne correctement l’histoire, laissant parler les acteurs et les situations. L’ensemble demeure typique du cinéma de Veber : une idée brillante, des moments éclatants, certains gags d’une précision diabolique… et quelques scènes plus molles, moins inspirées, qui rendent le film un peu inégal. Du pur Veber dans ce balancement : parfois irrésistible, parfois plus anodin. 

Reste que Le Jouet, malgré ses limites, garde une vraie personnalité. C’est une comédie française qui ose un sujet grinçant sous un emballage populaire, portée par un trio d’acteurs aux registres complémentaires, et par le charme toujours singulier de Pierre Richard, héros malgré lui perdu dans une satire du pouvoir où l’on rit, mais souvent jaune. 

NOTE : 12.00

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire