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dimanche 16 novembre 2025

4.90 - LES BODINS PARTENT EN VRILLE DE FREDERIC FORESTIER (2025)


 Vu le Film Les Bodins Partent en Vrille de Frédéric Forestier (2025) avec Vincent Dubois Jean Christophe Fraiscinet Michel Bompoil Guillaume Clérice Kamel Abdeli Hajar Aboucharid Marie Hélène Lentini Khaalid Maadour Nelson Monfort 

Lorsque Maria Bodin découvre que le PDG de Mondialacta et le maire de Pouziou sont d'accord pour créer une usine de fromages de chèvre près de sa ferme, elle met tout en œuvre pour faire capoter le projet. Ce qui va l'emmener avec son fils Christian au Salon de l'Agriculture et même au Maroc. 

On retrouve une fois de plus, après leurs succès en salles et surtout leurs triomphes répétés sur scène, le duo inséparable Vincent Dubois (La Mère Bodin) et Jean-Christian Fraiscinet (le Fils Bodin). Pendant des années, ils ont bâti un véritable petit empire comique, avec leurs spectacles joués à guichets fermés et un public fidèle qui les suit coûte que coûte. Et il faut bien leur reconnaître une chose : sur scène, leur mécanique fonctionne comme une horloge. Le minimalisme de la mise en scène, les répliques envoyées à la volée, le ping-pong entre la mère acariâtre et le fils éternel adolescent… Tout cela crée une alchimie indéniable qui appartient au monde du théâtre. 

Mais voilà : ce qui marche parfaitement sur les planches ne trouve pas toujours sa place sur grand écran. Et c’est précisément le problème de Les Bodin’s partent en vrille. Frédéric Forestier tente de donner de l’ampleur, du mouvement, de la narration à ces personnages nés d’un dispositif très différent. Le résultat, c’est un film qui multiplie les décors, les situations, les péripéties, tout en étouffant ce qui faisait le sel du duo : leurs échanges directs, leurs petites cruautés quotidiennes, leur rythmique de scène. Les vannes existent toujours, mais elles sont noyées dans un scénario qui tombe à plat et cherche désespérément un fil conducteur. 

L’histoire elle-même donne l’impression d’être écrite au hasard des opportunités. On commence au Salon de l’Agriculture, ce qui aurait pu offrir un terrain de jeu réjouissant pour La Mère Bodin, mais soudain, sans prévenir, on se retrouve… au Maroc. Pourquoi ? Comment ? Mystère total. Pas d’explication, pas de transition, pas même une pirouette. Le film part en vrille — c’est dans le titre — mais il aurait été sympathique de nous donner au moins une boussole. On a parfois l'impression que le scénario a été improvisé entre deux avions, ou qu’on nous a coupé les scènes qui auraient permis de comprendre comment on est passé du fumier de Touraine au sable brûlant de Marrakech. 

Quant aux personnages, ils restent fidèles à eux-mêmes, mais sans jamais évoluer. La Mère Bodin râle, tempête, manipule ; le Fils Bodin subit, bégaie face au monde et ne comprend pas plus le Maroc qu’il ne comprend Paris. Le problème, c’est que tout cela finit par tourner en rond. À force de ne jouer qu’une note, le film perd toute nuance et toute émotion. Car oui, il n’y en a aucune. Le seul carburant prévu, c’est l’humour. Et quand on n'est pas sensible à cet humour — ce qui est mon cas — il reste quoi ? Pas grand-chose. Je ne suis pas la cible, je le savais avant d’entrer dans la salle. Et, prudent, j’avais déjà pris mes dispositions : j’ai laissé mon cerveau à la maison, comme je le fais parfois pour aborder les objets cinématographiques les plus légers. Je savais pertinemment que je n’allais pas voir un film de Truffaut ou de Godard. Mais même dans ce mode ultra relax, même en acceptant la légèreté comme règle du jeu, je n’ai trouvé ni dingue, ni intéressant, ni vraiment drôle ce qui se déroulait à l’écran. 

Le film ne raconte finalement pas grand-chose. Il saute d’une idée à l’autre, sans liant, sans tension dramatique, sans enjeu. On ne compatit pas au combat des personnages, parce qu’il n’est jamais défini. On ne ressent rien, parce que rien n’est construit pour être ressenti. Ce n’est pas un film, c’est une succession de situations plaquées les unes après les autres dans l’espoir que le public se contente d’un gag toutes les trois minutes. 

Mais attention : les Bodin’s ont leur public, un public solide, fidèle, chaleureux, et pas toujours très regardant sur la qualité tant qu’on retrouve “la Mère” et “le Fils”. Pour eux, cette virée au Maroc fera l’affaire. Pour moi, l’expérience s’arrête à une constatation simple : les Bodin’s, c’est fait pour la scène. À l’écran, malgré leurs efforts, on voit les coutures. Et quand on traîne un scénario bancal, une mise en scène molle et une écriture hasardeuse, même la meilleure volonté ne peut empêcher le film de s’enfoncer dans le néant d’où il semble être sorti. 

Un spectacle filmé qui s’habille comme un film, mais qui oublie d’en adopter les fondamentaux. Et moi, qui avais pourtant laissé mon cerveau à la maison, j’ai quand même réussi à trouver ça… long. 

NOTE : 4.90

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

  • Vincent Dubois : Maria Bodin
  • Jean-Christian Fraiscinet : Christian Bodin
  • Michel Bompoil : Albert de Beauharnais, PDG de Mondialacta
  • Guillaume Clérice : Guy Laval, cadre de Mondialacta
  • Kamel Abdeli : Khalid
  • Hajar Abourachid : Leila
  • Marie-Hélène Lentini : Madeleine Brocart de la Batte, n°2 de Mondialacta
  • Julie Nicolet : Sandrine Laval, épouse de Guy
  • Michel Vivier : le maire de Pouziou
  • Khalid Maadour : Mustapha, le cousin de Khalid
  • Nelson Monfort : journaliste de la scène finale[]
  • Léopold Bellanger : le responsable Mondialacta

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