Vu le film Shelby Oaks de Chris Stuckmann (2025) avec Keith David Camille Sullivan Michael Beach Brendan Sexton III Robin Bartlett Phuong Kubaki Charlie Talbert Sarah Durn Rob Grant
Mia recherche sa sœur disparue, Riley, qui a été vue pour la dernière fois avec un groupe d'enquêteurs paranormaux, les Paranormal Paranoids
On pouvait se réjouir à l’idée de voir Chris Stuckmann, critique ciné devenu réalisateur, signer son premier long-métrage sous le parrainage de Mike Flanagan — un nom qui garantit au minimum un petit frisson, un soupçon de mystère, et parfois quelques nuits agitées. Hélas… on déchante assez vite. Shelby Oaks prend le même chemin que Paranormal Activity, c’est-à-dire celui du found-footage tremblotant, filmé caméra à l’épaule, parfois au smartphone, souvent en mode "je cours, donc tout est flou". Et quand tout devient flou, c’est rarement artistique. Ici, c’est surtout inaudible, illisible, et frustrant.
Le film suit Mia, interprétée par Camille Sullivan, une femme qui enquête sur la disparition mystérieuse de sa sœur Riley, autrefois membre des "Paranormal Paranoids", un groupe d’enquêteurs amateurs du surnaturel. Sur le papier, il y avait matière à construire une vraie tension psychologique. Dans les faits, le scénario tient effectivement “sur un ticket de métro”, avec une intrigue vue, revue, usée jusqu’à la corde, sans surprise et sans véritable montée dramatique. On avance, on recule, on ouvre une porte, on entend un bruit… et on se dit : “Non… tout ça pour ça ?”
Le casting, pourtant sincère, peine à transcender la matière. Camille Sullivan s’accroche à son rôle comme elle peut, cherchant à injecter de la détresse et du doute dans un récit qui ne lui donne pas toujours de quoi respirer. Les autres comédiens, du groupe des Paranormal Paranoids jusqu’aux intervenants plus secondaires, jouent avec sérieux mais restent prisonniers d’une écriture assez plate. Personne n’est mauvais, loin de là. C’est juste que tout le monde rame dans le même bateau… et que le bateau n’avance pas vraiment.
La mise en scène, elle, reste enfermée dans les codes les plus basiques du found-footage : cadrages approximatifs, caméra nerveuse, plans nocturnes où l’on devine plus qu’on ne voit. Le film essaie quelques jumpscares — deux ou trois — histoire de réveiller les spectateurs qui auraient commencé à regarder leurs chaussures. Rien de honteux, mais rien de mémorable non plus. Pas la moindre scène qui imprime durablement, pas de vraie signature de réalisateur, pas ce petit frisson qu’on attendait de la part de quelqu’un passionné de cinéma d’horreur.
Quant à l’entité, révélée du bout des doigts, elle peine sérieusement à convaincre. On la voit à peine… et cette rare apparition évoque davantage un cosplay un peu paresseux qu’une créature terrifiante issue des cauchemars. On sent l'envie de jouer sur la suggestion, mais la suggestion, ça fonctionne quand tout ce qu’il y a autour inspire déjà la peur. Ici, on reste surtout dans l’attente d’un moment qui ne vient jamais.
Le film ne manque pas de bonne volonté : l’enquête, le thème de la disparition, la relation sororale abîmée, la descente progressive de Mia dans le doute et la paranoïa auraient pu dessiner une colonne vertébrale solide. Mais l’ensemble manque d’ampleur, de souffle, de vraie vision. Ce n’est pas un naufrage, ce n’est pas un film indigne — juste une œuvre qui, malgré des ambitions sincères, ne trouve ni son rythme, ni son identité, ni sa tension.
Alors, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?
Eh bien… non. Tout ça pour ça ?
Shelby Oaks est un film honnête dans l’intention, mais qui peine à exister dans un genre saturé où seules les propositions fortes survivent. Une histoire déjà vue, des rebondissements trop timides, un dénouement décevant… et cette impression, au générique, d’avoir assisté à un long épisode de found-footage déjà croisé cent fois ailleurs. Dommage : avec Flanagan en production, on pouvait espérer un peu plus de nerf, un peu plus de fun, un peu plus… de cinéma.
NOTE : 3.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation et scénario : Chris Stuckmann
- Photographie : Andrew Scott Baird
- Montage : n/a
- Musique : Aaron J. Morton
- Société de distribution : Metropolitan (France)[]
- Pays de production : États-Unis
DISTRIBUTION
- Keith David : Morton Jacobson
- Camille Sullivan : Mia
- Michael Beach : Détective Allen Burke
- Brendan Sexton III : Robert
- Robin Bartlett : Norma Miles
- Phuong Kubacki : Reporter #2
- Charlie Talbert : Wilson Miles
- Sarah Durn : Riley, la sœur de Mia
- Emily Bennett : Janet
- Rob Grant : Elijah
- Lisa Coffey : l'infirmière
- Corey J. Rice : usager de la bibliothèque
- Lloyd Weema : un membre du SWAT
- Josh Heileman : un membre du SWAT (non crédité)

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