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lundi 3 novembre 2025

15.80 - MON AVIS SUR LE FILM LES MISERABLES DE ROBERT HOSSEIN (1982)


 Vu le Film Les Misérables  de Robert Hossein (1982) avec Lino Ventura Michel Bouquet Jean Carmet Denis Lavant Valentine Bordelet Christiane Jean Evelyne Bouix Fernand Ledoux Roger Hanin Franck Cabot David Emmanuel Curtil (Gavroche) 

Jean Valjean, un paysan condamné aux travaux forcés, sort du bagne de Toulon en 1815 après y avoir passé dix-neuf ans, sa peine initiale ayant été prolongée à cause de ses multiples tentatives d'évasion. Son destin bascule lorsque l'évêque de Digne, Monseigneur Myriel, se dévoue pour lui éviter d'être de nouveau incarcéré à la suite du vol qu'il a perpétré dans sa maison. Dès lors, Jean Valjean va s'évertuer à ne faire que le bien autour de lui au détriment de son propre bonheur. 

 

Adapter Les Misérables, ce « petit livre peu connu » de Victor Hugo (ah ah), c’est un peu comme vouloir repeindre la Tour Eiffel : il faut de l’audace, du respect et un sacré savoir-faire. Robert Hossein, homme de théâtre avant tout, s’y est collé en 1982 avec un amour visible pour le texte, la mise en scène grandiose et la foi, cette dimension spirituelle qui traverse à la fois son œuvre et celle de Hugo. Dès les premières images, on comprend qu’on n’est pas dans une simple reconstitution : Hossein filme une fresque, un opéra du peuple, une tragédie biblique où chaque visage semble sortir d’une peinture romantique. 

L’histoire, tout le monde la connaît, ou du moins croit la connaître. Jean Valjean, ancien forçat condamné pour avoir volé un morceau de pain, sort du bagne, marqué à vie. Recueilli par l’évêque Myriel, il décide de se racheter, mais le commissaire Javert, incarnation de la loi rigide, ne cessera de le traquer. Entre eux, un duel moral et philosophique : la justice contre la rédemption, la règle contre la miséricorde. Le tout sur fond de misère sociale, de barricades et de révolution, dans une France où chaque pavé semble prêt à se soulever. 

Robert Hossein, fidèle à sa formation théâtrale, fait du film une suite de tableaux vivants. On sent l’homme de scène derrière chaque plan : éclairages dramatiques, silences pesants, décors imposants. Tout respire la grandeur tragique. C’est parfois un peu figé, oui, mais quelle beauté ! Les mouvements de foule, les costumes, la reconstitution des rues de Paris — tout y est millimétré. On croirait presque assister à un spectacle joué pour la postérité. 

Et puis il y a Lino Ventura. Monumental, massif, bouleversant. Son Jean Valjean n’est pas un saint éthéré mais un homme de chair, de fatigue et de foi. Chez Ventura, la rédemption passe par le corps. Il porte le poids du monde sur ses épaules comme d’autres portent leur croix. Son regard, sa lenteur, sa retenue en font un Valjean d’une humanité rare. Face à lui, Michel Bouquet, Javert inflexible, fait merveille. Bouquet a cette rigidité tranquille, cette froideur presque ascétique qui donne à leur affrontement une intensité incroyable. Deux écoles du jeu, deux philosophies de l’homme : Ventura, la passion ; Bouquet, la loi. 

Hossein ne cherche pas à moderniser Hugo, il cherche à lui rendre sa démesure. Le film est long, ample, habité. Il a ce souffle qui manque à tant d’adaptations contemporaines. La deuxième partie, celle des révoltés et des barricades, prend une dimension quasi mystique. Hossein filme la Commune comme une Passion : les jeunes tombent, le peuple saigne, mais la flamme de l’espérance ne s’éteint pas. On pense parfois à Abel Gance pour la mise en scène, à Pagnol pour la ferveur populaire. 

Oui, certaines scènes paraissent datées ou un peu figées, mais cela fait partie du charme. C’est du théâtre filmé au sens noble du terme, où la parole compte autant que le geste, où chaque silence résonne. On sent la foi de Hossein dans ses personnages, dans ce combat entre l’homme et sa conscience. C’est peut-être cela, la plus belle réussite du film : ne jamais réduire Hugo à une leçon d’école, mais en faire une expérience sensorielle, presque spirituelle. 

Les Misérables version Hossein, c’est un film d’époque fait avec le souffle des grandes fresques. Pas une adaptation de plus, mais une déclaration d’amour au texte et à ses héros. Ventura et Bouquet y sont comme deux statues vivantes, opposées mais unies par la grandeur tragique. Et même si le film n’est pas parfait, on sort avec l’envie d’ouvrir — ou de rouvrir — ce fameux « petit livre » qui, décidément, n’a rien perdu de sa force. Un grand spectacle, à la fois populaire, lyrique et profondément humain. 

En prolongement de la Comédie Musicale que j’avais vu au Théâtre du Chatelet , épique et sublime 

NOTE : 15.80

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