Vu le film Une Nouvelle Femme de Léa Todorov (2023) avec Jasmine Trinca Leila Bekhti Agathe Bonitzer Nancy Huston Sébastien Pouderoux Pietro Ragusa Renato Sarti Patrizia La Fonte
En 1900, Lili d'Alengy, célèbre
courtisane parisienne, a un secret honteux : sa fille Tina, née avec un
handicap. Peu disposée à s'occuper d'une enfant qui menace sa carrière, elle
décide de quitter Paris pour Rome. Elle y fait la connaissance de Maria Montessori,
une femme médecin qui développe une méthode d'apprentissage
révolutionnaire pour les enfants qu'on appelle "déficients".
Ensemble, les deux femmes vont s'entraider pour gagner leur place dans ce monde
d'hommes et écrire l'Histoire.
Une Nouvelle Femme,
le nouveau film de Léa Todorov, est une œuvre audacieuse et profondément
humaine, qui plonge le spectateur dans les années 1900 pour explorer la
maternité, le handicap, et le poids des conventions sociales. Réalisé par une
femme et centré sur des femmes, le film s’impose comme une ode à la résilience
et à l’amour maternel, porté par un regard d’une rare sensibilité.
L’histoire suit une mère confrontée à
l’immense défi d’élever seule un enfant handicapé dans une époque où la
différence est perçue comme une tare. Mais ce qu’Une Nouvelle Femme
parvient à capter avec une grâce exceptionnelle, c’est l’intime, ce regard
bouleversant de l’enfant, ce lien fragile mais indestructible entre la mère et
son fils. La réalisatrice choisit de ne jamais tomber dans le pathos facile,
préférant une narration délicate et patiente, qui offre au spectateur le temps
de s’imprégner des émotions et des dilemmes moraux que pose cette situation.
Léa Todorov excelle dans la mise en
scène, faisant de chaque plan une peinture vivante, où les lumières tamisées et
les décors d’époque créent une ambiance à la fois authentique et poétique. La
caméra semble caresser les visages des actrices, révélant toute la tendresse,
la colère ou la douleur qu’elles incarnent. Les performances sont, à cet égard,
remarquables. Chaque actrice apporte une profondeur saisissante à son
personnage, et on ressent, sous leur jeu, une vibration sincère, presque
organique. Elles ne jouent pas des mères, elles sont des mères.
Le rythme du film, lent mais
nécessaire, peut parfois dérouter. Mais ce choix est pleinement assumé par
Todorov, qui privilégie l’immersion et la réflexion à l’action ou aux
rebondissements. En donnant du temps à ses personnages, elle parvient à éviter
les raccourcis narratifs et à offrir un portrait complet, nuancé et touchant de
cette époque et de cette condition.
Une Nouvelle Femme
n’est pas un film simple à aborder, mais il en sort une grande force. C’est un
rappel poignant de ce que signifie aimer sans condition, contre les préjugés et
les épreuves. Léa Todorov signe ici une œuvre rare, qui interroge, bouleverse
et laisse une empreinte durable. Un hommage magistral à toutes ces femmes
invisibles de l’Histoire, dont le courage et la détermination éclairent encore
notre époque.
NOTE : 9.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation et scénario : Léa Todorov
- Musique : Émile Sornin
- Décors : Pascale Consigny
- Costumes : Agnès Noden
- Photographie : Sébastien Goepfert
- Son : Cédric Berger et Olivier Pelletier
- Montage : Esther Lowe
- Production : Grégoire Debailly, Carlo Cresto-Dina, Valeria Jamonte, Ilaria Malagutti et Manuela Melissano
- Sociétés de production : Geko Films et Tempesta
- Sociétés de distribution : Ad Vitam Distribution (France) et Wanted Cinema (Italie) ; Cinéart (Belgique), Pathé Films AG (Suisse romande), TVA Films (Québec)
- Jasmine Trinca : Maria Montessori
- Leïla Bekhti : Lili d'Alengy
- Rafaëlle Sonneville-Caby : Tina d'Alengy
- Raffaele Esposito (it) : Giuseppe Montesano, l'époux
- Laura Borelli : Carlotta
- Nancy Huston : Betsy
- Agathe Bonitzer : Clarisse
- Sébastien Pouderoux : Jean Itard, le médecin
- Pietro Ragusa (it) : le prince
- Raffaella Ducrey Giordano : Anna
- Georgia Ives : Giorgia
- Stefano Abbati (it) : le professeur Lombroso
- Gianfranco Poddighe : Guido Baccelli, le médecin
- Renato Sarti (it) : Alessandro Montessori, le père
- Patrizia La Fonte (it) : Renilde Montessori, la mère
- Daniela Macaluso : Sarta
- Roberto Zibetti (it) : le journaliste
- Irina Valvilova : la Russe chez Betsy
- Luciana Castelluci : Mme Montesano
- Emily Di Ronza : une étudiante
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