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jeudi 5 décembre 2024

14.80 - MON AVIS SUR LE FILM LES PASSAGERS DE LA NUIT DE DELMER DAVES (1947)


 Vu  le film Les Passagers de la Nuit de Delmer Daves (1947) avec Humphrey Bogart Lauren Bacall Agnès Moorehead Bruce Bennett Tom d’Andrea Clifton Young Rory Mallinson Douglas Kennedy

Vincent Parry, condamné à perpétuité pour le meurtre de sa femme, s'évade de prison. Sur son chemin, il croise Irene Jansen, qui l'aide à passer un barrage de police. La jeune artiste peintre qui a suivi le procès est convaincue que Vincent est innocent. Recherché, Vincent décide dans un premier temps de fuir la ville avant d'avoir recours à la chirurgie esthétique. Muni d'un nouveau visage, il entreprend de retrouver le coupable, mais les événements vont encore lui échapper.

Les Passagers de la Nuit (Dark Passage, 1947) est un chef-d'œuvre du film noir, où Delmer Daves, connu pour ses westerns légendaires (3h10 pour Yuma, La Flèche Brisée), démontre brillamment qu’il maîtrise aussi l’art du polar. Ce film, qui repose sur une atmosphère étouffante et un suspense implacable, est une leçon de cinéma, sublimée par la performance légendaire de son duo mythique : Humphrey Bogart et Lauren Bacall.

L'originalité du film réside dans sa narration audacieuse : pendant près d’une heure, Bogart n’apparaît à l’écran que par le biais d’une caméra subjective. En choisissant ce procédé, Daves nous plonge littéralement dans la peau de Vincent Parry, un homme accusé à tort du meurtre de sa femme, en fuite dans un San Francisco mystérieux et menaçant. Cette immersion, renforcée par le noir et blanc somptueux, nous fait partager l’angoisse et la solitude du personnage principal, tout en distillant une tension palpable à chaque plan.

Lauren Bacall, dans le rôle d’Irene, est lumineuse et hypnotique. Elle incarne une alliée énigmatique et fascinante, dont la détermination contraste avec la vulnérabilité apparente de Bogart. Leur alchimie, magnétique et indémodable, transcende l’écran. Ce quatrième film de leur collaboration confirme leur statut de couple mythique d’Hollywood, autant dans la réalité que dans la fiction.

Humphrey Bogart, une fois son visage révélé après l’opération, est magistral. Avec son regard sombre et son charisme brut, il incarne parfaitement cet homme traqué, désespéré mais résilient. Sa transformation physique devient une métaphore puissante de la quête de rédemption et de justice qui traverse tout le film.

L’atmosphère du San Francisco des années 1940 est un personnage à part entière : entre ses rues escarpées, ses appartements mystérieux et ses cabarets enfumés, la ville renforce le caractère oppressant de l’histoire. La photographie en noir et blanc, signée Sidney Hickox, sublime les contrastes entre lumière et ombre, accentuant l'impression d'une descente aux enfers, mais aussi d’un espoir fragile qui persiste jusqu’au bout.

Virtuose dans sa mise en scène, audacieux dans sa narration, et porté par des performances inoubliables, Les Passagers de la Nuit est bien plus qu’un simple polar : c’est une œuvre qui transcende le genre, un moment d’exception où chaque détail, chaque regard, chaque silence est une pièce d’un puzzle noir magnifiquement orchestré. Un film qui captive et obsède, longtemps après le générique.

NOTE : 14.80

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