Vu le film Les Passagers de la Nuit de Delmer Daves (1947) avec Humphrey Bogart Lauren Bacall Agnès Moorehead Bruce Bennett Tom d’Andrea Clifton Young Rory Mallinson Douglas Kennedy
Vincent Parry, condamné à perpétuité pour le meurtre de
sa femme, s'évade de prison. Sur son chemin, il croise Irene Jansen, qui l'aide
à passer un barrage de police. La jeune artiste peintre qui a suivi le procès
est convaincue que Vincent est innocent. Recherché, Vincent décide dans un
premier temps de fuir la ville avant d'avoir recours à la chirurgie esthétique.
Muni d'un nouveau visage, il entreprend de retrouver le coupable, mais les
événements vont encore lui échapper.
Les Passagers de la Nuit (Dark Passage, 1947) est
un chef-d'œuvre du film noir, où Delmer Daves, connu pour ses westerns
légendaires (3h10 pour Yuma, La Flèche Brisée), démontre
brillamment qu’il maîtrise aussi l’art du polar. Ce film, qui repose sur une
atmosphère étouffante et un suspense implacable, est une leçon de cinéma,
sublimée par la performance légendaire de son duo mythique : Humphrey Bogart et
Lauren Bacall.
L'originalité du film réside dans sa narration audacieuse
: pendant près d’une heure, Bogart n’apparaît à l’écran que par le biais d’une
caméra subjective. En choisissant ce procédé, Daves nous plonge littéralement
dans la peau de Vincent Parry, un homme accusé à tort du meurtre de sa femme,
en fuite dans un San Francisco mystérieux et menaçant. Cette immersion,
renforcée par le noir et blanc somptueux, nous fait partager l’angoisse et la
solitude du personnage principal, tout en distillant une tension palpable à
chaque plan.
Lauren Bacall, dans le rôle d’Irene, est lumineuse et
hypnotique. Elle incarne une alliée énigmatique et fascinante, dont la
détermination contraste avec la vulnérabilité apparente de Bogart. Leur
alchimie, magnétique et indémodable, transcende l’écran. Ce quatrième film de
leur collaboration confirme leur statut de couple mythique d’Hollywood, autant
dans la réalité que dans la fiction.
Humphrey Bogart, une fois son visage révélé après
l’opération, est magistral. Avec son regard sombre et son charisme brut, il
incarne parfaitement cet homme traqué, désespéré mais résilient. Sa
transformation physique devient une métaphore puissante de la quête de
rédemption et de justice qui traverse tout le film.
L’atmosphère du San Francisco des années 1940 est un
personnage à part entière : entre ses rues escarpées, ses appartements
mystérieux et ses cabarets enfumés, la ville renforce le caractère oppressant
de l’histoire. La photographie en noir et blanc, signée Sidney Hickox, sublime
les contrastes entre lumière et ombre, accentuant l'impression d'une descente
aux enfers, mais aussi d’un espoir fragile qui persiste jusqu’au bout.
Virtuose dans sa mise en scène, audacieux dans sa
narration, et porté par des performances inoubliables, Les Passagers de la Nuit
est bien plus qu’un simple polar : c’est une œuvre qui transcende le genre, un
moment d’exception où chaque détail, chaque regard, chaque silence est une
pièce d’un puzzle noir magnifiquement orchestré. Un film qui captive et obsède,
longtemps après le générique.
NOTE : 14.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Delmer Daves
- Scénario : Delmer Daves, d'après un roman de David Goodis.
- Production : Jack Warner et Jerry Wald pour la Warner Bros. Pictures
- Musique : Franz Waxman et Max Steiner
- Décors : Charles H. Clarke
- Costumes : Bernard Newman
- Photographie : Sid Hickox
- Montage : David Weisbart
- Humphrey Bogart (VF : Claude Péran) : Vincent Parry
- Lauren Bacall (VF : Françoise Gaudray) : Irene Jansen
- Bruce Bennett (VF : Robert Dalban) : Bob
- Agnes Moorehead (VF : Lita Recio) : Madge Rapf
- Tom D'Andrea (VF : Fernand Rauzéna) : Sam, le chauffeur de taxi
- Clifton Young (VF : Robert Dalban) : Baker
- Douglas Kennedy (VF : Maurice Dorléac) : Détective Kennedy
- Rory Mallinson (VF : Raymond Loyer) : George Fellsinger
- Houseley Stevenson (VF : Pierre Leproux) : Dr Walter Coley
Et, parmi les acteurs non crédités :
- John Arledge : l'homme solitaire
- Vince Edwards : Le policier au péage
- Ian MacDonald : Le policier au dépôt de bus
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