Vu le Film d’Animation La Planète Sauvage de René Laloux (1973) avec un scénario de René Laloux et Roland Topor, d'après le roman de Stefan Wul
Sur la planète Ygam
vivent les Draags, une espèce d'humanoïdes mesurant douze mètres de haut. Ils
ont atteint les plus hauts sommets de la connaissance. Leur existence s’écoule
lentement, tout entière tournée vers la méditation.
Les enfants des Draags
raffolent de minuscules animaux familiers, les Oms, ramenés d'une lointaine
planète dévastée, Terra. Peu de Draags envisagent les Oms comme des créatures
intelligentes, même s’ils sont doués d'une faculté d’adaptation certaine. Certains
Draags considèrent même cette espèce comme nuisible, car si les Oms de luxe
font la joie des petits, les spécimens qui s’échappent et retournent à l’état
sauvage tendent à proliférer dans les parcs et volent des biens appartenant aux
Draags.
Sorti en 1973, La Planète
sauvage est une œuvre d’animation inclassable, fruit du génie de René
Laloux et du graphisme hallucinant de Roland Topor. Loin des canons de
l’animation occidentale, Disney en tête, et du dynamisme du style japonais, le
film impose une esthétique singulière, à la fois brute et raffinée, où chaque
plan semble sorti d’un rêve étrange. L’animation en papier découpé confère une
rigidité hypnotique aux mouvements, accentuant l’aspect irréel du récit.
Inspiré du roman Oms en série
de Stefan Wul, le film nous plonge dans un monde où les humains, appelés Oms,
sont réduits à l’état d’animaux domestiques par les Draags, une espèce
extraterrestre gigantesque et technologiquement avancée. Cette allégorie
cruelle interroge notre rapport à la domination, à l’intelligence et à la
révolte. Loin d’un simple récit de science-fiction, La Planète sauvage
aborde des thèmes philosophiques profonds : l’oppression, la connaissance comme
outil d’émancipation et la coexistence des espèces.
Ce conte philosophique joue sur
l’ambivalence entre fascination et malaise. Les créatures aux formes
organiques, le bestiaire surréaliste et les paysages lunaires confèrent à ce
monde une étrangeté familière, qui évoque à la fois les œuvres de Dalí et l’absurde
kafkaïen. Le minimalisme du doublage et le ton froid des dialogues renforcent
cette impression d’inconfort et de contemplation.
Mais ce qui rend l’expérience
encore plus envoûtante, c’est la musique planante d’Alain Goraguer. Ses nappes
électroniques et ses sonorités psychédéliques accompagnent la narration d’une
manière envoûtante, créant une atmosphère intemporelle.
La Planète sauvage est une fable universelle qui,
derrière son apparence de film d’animation, s’adresse autant aux enfants qu’aux
adultes. Son message, toujours d’actualité, résonne dans notre monde en
constante mutation, où la place de l’humain face aux puissances qui le
dépassent reste une interrogation essentielle. Une œuvre unique, intemporelle
et inoubliable.
NOTE : 14.40
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : René Laloux
Scénario : René Laloux et Roland Topor, d'après le roman de Stefan Wul
Musique : Alain Goraguer
Photographie : Boris Baromykin et Lubomir Rejthar
Production : Simon Damiani, Anatole Dauman et André Valio-Cavaglione
Studios de production : Les films Armorial (Paris), Service de la recherche ORTF (Paris), Československý Filmexport (Prague)
Sociétés de distribution : Argos Film (France), Ústřední půjčovna filmů/Slovenská požičovňa filmov (Tchécoslovaquie), Monopole-Pathé Films (Suisse romande)
DISTRIBUTION
- Jennifer Drake : Tiwa
- Éric Baugin : Terr enfant
- William Coryn : Terr adolescent
- Jean Topart : maître Sinh
- Jean Valmont : Terr adulte / le narrateur
- Jeanine Forney : la fiancée de Terr
- Sylvie Lenoir : la voix
- Yves Barsacq : un Om
- Gérard Hernandez : un maître Draag
- Philippe Ogouz et Denis Boileau : des Draags
- Julien Thomast : un jeune Om
- Jacques Ruisseau, Michèle Chahan, Claude Joseph, Paul Villé, Mark Lesser, Yvette Robin, Hubert de Lapparent, Pascal Kominakis, Madeleine Clervanne, André Rouyer, André Lambert, Max Amyl, Poupy de Monneron, Christian de Tillière, Irina Tarassov-Villeret, Serge Netter, Gilbert Vilhon : voix additionnelle
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