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mardi 4 février 2025

14.40 - MON AVIS SUR LE FILM LA PLANETE SAUVAGE DE RENE LALOUX (1973)


Vu le Film d’Animation La Planète Sauvage de René Laloux (1973) avec un scénario de    René Laloux et Roland Topor, d'après le roman de Stefan Wul

Sur la planète Ygam vivent les Draags, une espèce d'humanoïdes mesurant douze mètres de haut. Ils ont atteint les plus hauts sommets de la connaissance. Leur existence s’écoule lentement, tout entière tournée vers la méditation.

Les enfants des Draags raffolent de minuscules animaux familiers, les Oms, ramenés d'une lointaine planète dévastée, Terra. Peu de Draags envisagent les Oms comme des créatures intelligentes, même s’ils sont doués d'une faculté d’adaptation certaine. Certains Draags considèrent même cette espèce comme nuisible, car si les Oms de luxe font la joie des petits, les spécimens qui s’échappent et retournent à l’état sauvage tendent à proliférer dans les parcs et volent des biens appartenant aux Draags.

Sorti en 1973, La Planète sauvage est une œuvre d’animation inclassable, fruit du génie de René Laloux et du graphisme hallucinant de Roland Topor. Loin des canons de l’animation occidentale, Disney en tête, et du dynamisme du style japonais, le film impose une esthétique singulière, à la fois brute et raffinée, où chaque plan semble sorti d’un rêve étrange. L’animation en papier découpé confère une rigidité hypnotique aux mouvements, accentuant l’aspect irréel du récit.

Inspiré du roman Oms en série de Stefan Wul, le film nous plonge dans un monde où les humains, appelés Oms, sont réduits à l’état d’animaux domestiques par les Draags, une espèce extraterrestre gigantesque et technologiquement avancée. Cette allégorie cruelle interroge notre rapport à la domination, à l’intelligence et à la révolte. Loin d’un simple récit de science-fiction, La Planète sauvage aborde des thèmes philosophiques profonds : l’oppression, la connaissance comme outil d’émancipation et la coexistence des espèces.

Ce conte philosophique joue sur l’ambivalence entre fascination et malaise. Les créatures aux formes organiques, le bestiaire surréaliste et les paysages lunaires confèrent à ce monde une étrangeté familière, qui évoque à la fois les œuvres de Dalí et l’absurde kafkaïen. Le minimalisme du doublage et le ton froid des dialogues renforcent cette impression d’inconfort et de contemplation.

Mais ce qui rend l’expérience encore plus envoûtante, c’est la musique planante d’Alain Goraguer. Ses nappes électroniques et ses sonorités psychédéliques accompagnent la narration d’une manière envoûtante, créant une atmosphère intemporelle.

La Planète sauvage est une fable universelle qui, derrière son apparence de film d’animation, s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes. Son message, toujours d’actualité, résonne dans notre monde en constante mutation, où la place de l’humain face aux puissances qui le dépassent reste une interrogation essentielle. Une œuvre unique, intemporelle et inoubliable.

NOTE : 14.40

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : René Laloux

Scénario : René Laloux et Roland Topor, d'après le roman de Stefan Wul

Musique : Alain Goraguer

Photographie : Boris Baromykin et Lubomir Rejthar

Production : Simon Damiani, Anatole Dauman et André Valio-Cavaglione

Studios de production : Les films Armorial (Paris), Service de la recherche ORTF (Paris), Československý Filmexport (Prague)

Sociétés de distribution : Argos Film (France), Ústřední půjčovna filmů/Slovenská požičovňa filmov (Tchécoslovaquie), Monopole-Pathé Films (Suisse romande)

DISTRIBUTION

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