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mercredi 26 février 2025

16.10 - MON AVIS SUR LE FILM MUNICH DE STEVEN SPIELBERG (2005)

 


Vu le film Munich de Steven Spielberg (2005) avec Éric Bana Daniel Craig Mathieu Kassovitz Michael Lonsdale Mathieu Almaric Ayelet Zurer Marie José Croze Ciarand Hinds

Après le meurtre de onze athlètes israéliens et leur entraîneur aux Jeux Olympiques de 1972, le gouvernement israélien confie secrètement à Avner Kaufman une série de représailles stratégiques. A l'aide d'un conducteur, d'un faussaire, d'un fabricant de bombes et d'un ancien soldat, Avner mène une opération mondiale visant onze personnes. Comme les assassinats s'accumulent, Avner commence à douter de la moralité de ses actions.

Munich, réalisé par Steven Spielberg en 2005, est un film complexe et puissant qui s'attaque à un sujet hautement sensible : les conséquences de l'attentat des Jeux olympiques de Munich en 1972, où onze athlètes israéliens furent assassinés par le groupe terroriste palestinien Septembre noir. Le film suit Avner (Eric Bana), un agent du Mossad chargé de mener une mission de représailles contre les responsables de cet acte. À travers ce récit, Spielberg plonge dans une réflexion nuancée sur la vengeance, la justice et le prix à payer pour la sécurité nationale.

Spielberg, souvent considéré comme le GOAT du cinéma populaire, s'aventure rarement sur le terrain du film politique, mais ici, il relève le défi avec une habileté remarquable. Le réalisateur aurait facilement pu tomber dans un manichéisme simpliste, mais il choisit au contraire de naviguer dans les zones grises de la moralité. Au premier abord, Munich semble justifier la vengeance œil pour œil, dent pour dent, alors qu’Avner et son équipe traquent et éliminent un à un les exécutants et commanditaires de l'attentat. Pourtant, Spielberg ne se contente pas de raconter une histoire de vengeance, il la questionne profondément.

La force de Munich réside dans sa capacité à montrer les conséquences de la violence, non seulement sur les victimes, mais aussi sur ceux qui l’exercent. À mesure qu'Avner s'enfonce dans cette spirale de représailles, le doute et la culpabilité le rongent. Eric Bana livre une performance subtile et nuancée, incarnant un homme déchiré entre son devoir patriotique et son humanité. Le reste du casting est également excellent, notamment Daniel Craig en Steve, un membre cynique de l’équipe, et Ciarán Hinds en Carl, dont le désenchantement est palpable.

Spielberg dépeint les opérations avec un réalisme glaçant, offrant des scènes de suspense dignes des meilleurs thrillers. La mise en scène est précise, immersive, et rappelle le cinéma paranoïaque des années 70, comme dans Les Trois Jours du Condor ou À cause d'un assassinat. Le réalisateur recrée avec minutie l’Europe des années 70, offrant une ambiance à la fois élégante et oppressante. La photographie de Janusz Kamiński, tout en contrastes, et la musique subtile de John Williams amplifient cette tension permanente.

Là où Munich devient vraiment percutant, c'est dans son propos politique. Spielberg n'hésite pas à critiquer le gouvernement israélien et le Mossad, montrant comment ces mercenaires — issus de différents horizons (allemand, anglais et américain) — sont manipulés pour accomplir des missions aux conséquences morales dévastatrices. En filmant Tel Aviv et Beyrouth avec un regard objectif, le réalisateur souligne la complexité géopolitique de cette époque, sans jamais tomber dans le piège de la simplification.

Le film prend une dimension historique en résonance avec le passé cinématographique. Il fait écho à 5 Septembre de Kevin Macdonald, un documentaire qui relate également les événements de Munich, mais sous un angle plus factuel. Spielberg choisit, lui, de s'attarder sur les répercussions humaines de ces actes violents. Munich interroge ainsi la légitimité de la vengeance d'État, questionne le cycle sans fin de la violence et montre comment la guerre contre le terrorisme finit par consumer ceux qui la mènent.

La fin du film est particulièrement marquante et sincère. Alors qu’Avner retrouve sa famille à Brooklyn, son esprit reste hanté par les fantômes de ses victimes et les doutes sur l’utilité de sa mission. La caméra de Spielberg s'attarde alors sur les tours du World Trade Center, en arrière-plan, rappelant que cette histoire de représailles n’est qu’un chapitre d’un cycle de violence qui continue de se répéter.

En définitive, Munich est un thriller politique implacable et magistralement mis en scène. Spielberg parvient à marier une tension narrative digne des meilleurs films d'espionnage à une réflexion profonde et honnête sur les dilemmes moraux de la vengeance. C'est une œuvre ambitieuse, courageuse et incontournable, qui montre que même un conteur de mondes fantastiques peut offrir une vision lucide et déchirante du réel.

NOTE ; 16.10

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