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samedi 15 février 2025

16.10 - MON AVIS SUR LE FILM TRAFFIC DE STEVEN SODERBERGH (2000)


Vu le film Traffic de Steven Soderbergh (2000) avec Michael Douglas Catherine Zeta Jones Erika Christensen Don Cheadle Dennis Quaid Luiz Guzman Topher Grace Amy Irving Tomas Millan Albert Finney

Sur le trajet des stupéfiants s'entrecroisent des destins. Javier Rodriguez, policier mexicain, travaille à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Aux États-Unis, un juge de la cour suprême de l'Ohio est nommé par le Président à la tête de la lutte antidrogue, alors que sa fille Caroline est devenue toxicomane. À San Diego, le riche mari d'Helena est arrêté, accusé d'être le caïd de la région, elle se retrouve enceinte et à la rue.

Traffic (2000) de Steven Soderbergh est un thriller choral magistral sur la lutte antidrogue, dont la modernité et l’efficacité restent saisissantes. Le réalisateur y déploie une mise en scène nerveuse et immersive, où la photographie joue un rôle clé pour distinguer les univers qui s’entrecroisent : teintes froides pour les politiques (Michael Douglas), éclats chauds pour le Mexique (Benicio Del Toro), tonalités neutres pour la police américaine (Don Cheadle). Ce procédé visuel sublime la narration en différenciant les enjeux de chaque camp.

Le film frappe par sa tension constante et son regard sans complaisance sur un monde gangrené par la corruption. À mesure que les intrigues se tissent, la frontière entre le bien et le mal devient floue : qui est réellement clean dans cet engrenage où tous semblent compromis ? C’est là que réside toute la force du récit, nous plongeant dans un suspense haletant, où chaque décision peut faire basculer un destin.

Le film suit trois arcs narratifs distincts mais interconnectés. Du côté politique, le juge Robert Wakefield (Michael Douglas), fraîchement nommé à la tête de la lutte antidrogue aux États-Unis, découvre avec horreur que sa propre fille (Erika Christensen) est dépendante à l’héroïne. Ce drame familial humanise son combat et illustre l’impuissance du gouvernement face à un fléau qui touche toutes les strates de la société.

Au Mexique, Javier Rodriguez (Benicio Del Toro), policier intègre mais désabusé, tente de lutter contre les cartels dans un environnement gangrené par la corruption. Sa trajectoire est l’une des plus fascinantes du film : pris entre son sens du devoir et sa volonté de survie, il finit par comprendre qu’un changement véritable ne viendra pas de la répression, mais d’une approche plus humaniste et préventive.

Enfin, du côté des trafiquants, Helena Ayala (Catherine Zeta-Jones), épouse d’un puissant baron de la drogue emprisonné, passe de femme au foyer naïve à stratège impitoyable pour sauver son empire. Son évolution est l’une des plus marquantes, illustrant comment l’appât du gain et l’instinct de survie peuvent transformer les individus.

Steven Soderbergh orchestre cette fresque avec une maîtrise exemplaire, alternant les scènes d’action brutales et les moments d’introspection. Don Chevale et Luis Guzmán incarnent quant à eux des policiers américains traquant les barons de la drogue, montrant que malgré leurs efforts, les forces de l’ordre ne font souvent que gratter la surface d’un problème bien plus profond.

Avec son réalisme troublant et son implacable critique du système antidrogue, Traffic se pose en précurseur de Narcos et autres œuvres du même genre. Un sommet du thriller politique, un incontournable du cinéma des années 2000, et sans doute l’un des films les plus marquants de Soderbergh.

NOTE : 16.10

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