Pages

mercredi 19 février 2025

14.80 - MON AVIS SUR LE FILM L'AMOUR OUF DE GILLES LELLOUCHE (2024)

 


Vu le film L’Amour Ouf de Gilles Lellouche (2024) avec François Civil Adèle Exarchopoulos Malik Frikah Mallory Wanecque Elodie Bouchez Alain Chabat Raphael Quenard Anthony Bajon Benoit Poelvoorde Karim Leklou Vincent Lacoste Jean Pascal Zadi Jack, Claudany Guillaume Mélanie

Dans les années 1980, dans le Nord de la France, deux adolescents, Clotaire et Jackie, tombent éperdument amoureux et vivent une passion dévorante, malgré des différences de condition sociales et d'aspirations personnelles. Jackie, récemment orpheline de sa mère et proche de son père, rêve d'émancipation, tandis que Clotaire, perdu dans les difficultés du monde ouvrier, plonge peu à peu dans la délinquance. Dans les années 1990, après avoir passé dix années en prison pour un crime qu'il n'a pas commis, Clotaire est toujours hanté par Jackie et tente désespérément de la revoir. Mais Jackie est désormais mariée, installée dans une nouvelle vie rangée, et semble avoir définitivement tourné le dos à leur passé. Mais en réalité, aucun des deux n'a oublié cet amour qui les a consumés adolescents et qui pourrait bien ressurgir et bouleverser à nouveau leurs vies.

L'Amour Ouf de Gilles Lellouche est une déclaration d'amour au cinéma populaire, une fresque sentimentale généreuse qui convoque avec brio l'énergie de la comédie romantique et l'intensité du drame adolescent. Le film s'articule autour d'une histoire d'amour passionnée entre Clotaire, un adolescent rebelle, et Jacqueline, une jeune fille studieuse à la personnalité affirmée. Ce schéma narratif, certes classique, est transcendé par une mise en scène virtuose et une direction artistique soignée.

Dès les premières images, L'Amour Ouf séduit par sa reconstitution vibrante des années 1980 et 1990. Tourné en pellicule, il restitue avec justesse l'atmosphère de cette époque, que ce soit par les décors, la mode ou la musique. La bande originale, composée de morceaux emblématiques de The Cure, Billy Idol et Prince, insuffle une énergie communicative et accompagne à merveille la montée en puissance des sentiments entre les deux protagonistes.

Lellouche s'appuie sur une mise en scène ample et chorégraphiée, qui magnifie la fougue et l'innocence du premier amour. L'une des séquences les plus marquantes du film demeure la danse onirique des deux amants, une parenthèse enchantée où le langage du corps supplante les mots. On sent une influence assumée du cinéma de Claude Lelouch dans cette manière d'embrasser la passion avec lyrisme, tout en flirtant avec une tension plus sombre digne d'un polar à la Olivier Marchal.

Le film s'ouvre pourtant sur une tonalité radicalement différente, avec une séquence d'introduction violente et désespérée. Clotaire et ses amis, apprentis braqueurs, se retrouvent entraînés dans une spirale de violence et de fuites qui contraste avec l'idéalisme de leur jeunesse. Ce début sombre installe un climat de fatalité, laissant croire que toute issue positive est impossible. Pourtant, au fil du récit, la relation entre Clotaire et Jacqueline sert de moteur d’espoir et d’évolution. Leur amour devient une échappatoire à la brutalité du monde, et la transition vers une fin romantique illustre cette rédemption par les sentiments.

Le casting est un des points forts du film. Malik Frikah crève l'écran dans le rôle de Clotaire, incarnant avec intensité un jeune homme tiraillé entre son instinct de rébellion et son amour inconditionnel pour Jacqueline. Son passé de champion de breakdance apporte une physicalité impressionnante à son jeu, notamment lors des scènes de confrontation et de danse. Mallory Wanecque, quant à elle, offre une performance nuancée et sensible, rendant son personnage aussi attachant que déterminé. En revanche, dans la deuxième partie du film, qui se déroule à l'âge adulte, François Civil et Adèle Exarchopoulos peinent à capturer la même alchimie. Leur interprétation, plus sobre, contraste avec l'intensité des jeunes acteurs, et le récit s’essouffle légèrement.

Si la première moitié du film est électrisante, la seconde souffre d'un essoufflement narratif. La dynamique entre les personnages devient plus prévisible et la bande originale, moins marquante, n'apporte plus la même force émotionnelle. De plus, certains dialogues manquent de finesse et les clichés inhérents au genre se font plus pesants. La tension dramatique se dilue et l’intrigue peine à maintenir le niveau d'engagement initial.

Toutefois, L'Amour Ouf brille par la qualité de ses rôles secondaires. Élodie Bouchez et Alain Chabat, dans le rôle des parents de Jacqueline, apportent une humanité et une justesse bouleversantes. Leur présence renforce la crédibilité émotionnelle du récit et ancre le film dans une réalité touchante.

Malgré ses imperfections, L'Amour Ouf reste une œuvre sincère et généreuse, portée par un amour indéniable du cinéma et des histoires d’amour folles et intemporelles. Si la fin, trop expéditive, laisse un goût d’inachevé, elle ne gâche pas l’expérience globale. Gilles Lellouche prouve ici qu’il a encore beaucoup à raconter et que ce film, loin d’être un aboutissement, marque plutôt une étape dans sa carrière. Entre lyrisme amoureux et fièvre adolescente, L'Amour Ouf captive par sa fougue et son énergie communicative. Le passage d’un début violent et sans espoir à une conclusion romantique exprime un message clair : malgré les erreurs et la noirceur du passé, l’amour reste un puissant moteur de transformation et d’espérance.

NOTE ; 14.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire