Vu le film L’Amour Ouf de Gilles Lellouche (2024) avec François Civil Adèle Exarchopoulos Malik Frikah Mallory Wanecque Elodie Bouchez Alain Chabat Raphael Quenard Anthony Bajon Benoit Poelvoorde Karim Leklou Vincent Lacoste Jean Pascal Zadi Jack, Claudany Guillaume Mélanie
Dans les années 1980, dans le Nord de la France,
deux adolescents, Clotaire et Jackie, tombent éperdument amoureux et vivent une
passion dévorante, malgré des différences de condition sociales et
d'aspirations personnelles. Jackie, récemment orpheline de sa mère et proche de
son père, rêve d'émancipation, tandis que Clotaire, perdu dans les difficultés
du monde ouvrier, plonge peu à peu dans la délinquance. Dans les années 1990, après avoir passé dix années en
prison pour un crime qu'il n'a pas commis, Clotaire est toujours hanté par
Jackie et tente désespérément de la revoir. Mais Jackie est désormais mariée,
installée dans une nouvelle vie rangée, et semble avoir définitivement tourné
le dos à leur passé. Mais en réalité, aucun des deux n'a oublié cet amour qui
les a consumés adolescents et qui pourrait bien ressurgir et bouleverser à
nouveau leurs vies.
L'Amour Ouf
de Gilles Lellouche est une déclaration d'amour au cinéma populaire, une
fresque sentimentale généreuse qui convoque avec brio l'énergie de la comédie
romantique et l'intensité du drame adolescent. Le film s'articule autour d'une
histoire d'amour passionnée entre Clotaire, un adolescent rebelle, et
Jacqueline, une jeune fille studieuse à la personnalité affirmée. Ce schéma
narratif, certes classique, est transcendé par une mise en scène virtuose et
une direction artistique soignée.
Dès les premières images, L'Amour
Ouf séduit par sa reconstitution vibrante des années 1980 et 1990. Tourné
en pellicule, il restitue avec justesse l'atmosphère de cette époque, que ce
soit par les décors, la mode ou la musique. La bande originale, composée de
morceaux emblématiques de The Cure, Billy Idol et Prince, insuffle une énergie
communicative et accompagne à merveille la montée en puissance des sentiments
entre les deux protagonistes.
Lellouche s'appuie sur une mise en
scène ample et chorégraphiée, qui magnifie la fougue et l'innocence du premier
amour. L'une des séquences les plus marquantes du film demeure la danse
onirique des deux amants, une parenthèse enchantée où le langage du corps
supplante les mots. On sent une influence assumée du cinéma de Claude Lelouch
dans cette manière d'embrasser la passion avec lyrisme, tout en flirtant avec
une tension plus sombre digne d'un polar à la Olivier Marchal.
Le film s'ouvre pourtant sur une
tonalité radicalement différente, avec une séquence d'introduction violente et
désespérée. Clotaire et ses amis, apprentis braqueurs, se retrouvent entraînés
dans une spirale de violence et de fuites qui contraste avec l'idéalisme de
leur jeunesse. Ce début sombre installe un climat de fatalité, laissant croire
que toute issue positive est impossible. Pourtant, au fil du récit, la relation
entre Clotaire et Jacqueline sert de moteur d’espoir et d’évolution. Leur amour
devient une échappatoire à la brutalité du monde, et la transition vers une fin
romantique illustre cette rédemption par les sentiments.
Le casting est un des points forts du
film. Malik Frikah crève l'écran dans le rôle de Clotaire, incarnant avec
intensité un jeune homme tiraillé entre son instinct de rébellion et son amour
inconditionnel pour Jacqueline. Son passé de champion de breakdance apporte une
physicalité impressionnante à son jeu, notamment lors des scènes de
confrontation et de danse. Mallory Wanecque, quant à elle, offre une
performance nuancée et sensible, rendant son personnage aussi attachant que
déterminé. En revanche, dans la deuxième partie du film, qui se déroule à l'âge
adulte, François Civil et Adèle Exarchopoulos peinent à capturer la même
alchimie. Leur interprétation, plus sobre, contraste avec l'intensité des
jeunes acteurs, et le récit s’essouffle légèrement.
Si la première moitié du film est
électrisante, la seconde souffre d'un essoufflement narratif. La dynamique
entre les personnages devient plus prévisible et la bande originale, moins
marquante, n'apporte plus la même force émotionnelle. De plus, certains
dialogues manquent de finesse et les clichés inhérents au genre se font plus
pesants. La tension dramatique se dilue et l’intrigue peine à maintenir le
niveau d'engagement initial.
Toutefois, L'Amour Ouf brille
par la qualité de ses rôles secondaires. Élodie Bouchez et Alain Chabat, dans
le rôle des parents de Jacqueline, apportent une humanité et une justesse
bouleversantes. Leur présence renforce la crédibilité émotionnelle du récit et
ancre le film dans une réalité touchante.
Malgré ses imperfections, L'Amour
Ouf reste une œuvre sincère et généreuse, portée par un amour indéniable du
cinéma et des histoires d’amour folles et intemporelles. Si la fin, trop
expéditive, laisse un goût d’inachevé, elle ne gâche pas l’expérience globale.
Gilles Lellouche prouve ici qu’il a encore beaucoup à raconter et que ce film,
loin d’être un aboutissement, marque plutôt une étape dans sa carrière. Entre
lyrisme amoureux et fièvre adolescente, L'Amour Ouf captive par sa
fougue et son énergie communicative. Le passage d’un début violent et sans
espoir à une conclusion romantique exprime un message clair : malgré les
erreurs et la noirceur du passé, l’amour reste un puissant moteur de
transformation et d’espérance.
NOTE ; 14.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Gilles Lellouche
- Scénario : Gilles Lellouche, Ahmed Hamidi et Audrey Diwan, d'après le roman L'Amour ouf (Jackie Loves Johnser Ok?) de Neville Thompson4
- Musique : Jon Brion
- Décors : Jean-Philippe Moreaux
- Costumes : Isabelle Pannetier et Sarah Lazaro
- Photographie : Laurent Tangy
- Montage : Simon Jacquet
- Production : Alain Attal et Hugo Sélignac
- Sociétés de production : Chi-Fou-Mi Productions, Trésor Films, Studiocanal, France 2 Cinéma, Cool Industrie, Artémis Productions, RTBF, Proximus, BeTV et Shelter Prod
- Société de distribution : Studiocanal (France)
- Budget : 35,7 millions d'euros
- Adèle Exarchopoulos : Jacqueline, dite « Jackie », à 25 ans
- François Civil : Clotaire, à 28 ans
- Mallory Wanecque : Jackie, à 15 ans
- Malik Frikah : Clotaire, à 17 ans
- Alain Chabat : le père de Jackie
- Benoît Poelvoorde : La Brosse
- Vincent Lacoste : Jeffrey Valrinck
- Jean-Pascal Zadi : Lionel, à 28 ans
- Élodie Bouchez : la mère de Clotaire
- Karim Leklou : le père de Clotaire
- Raphaël Quenard : Kiki, à 20 ans
- Anthony Bajon : Tony, le fils de La Brosse
- Nicolas Wanczycki : Henri Gachet
- Andranic Manet : le dealer wallon
- Liv Del Estal : Tara
- Guillaume Mélanie : l'employé de la cantine
- Syrus Shahidi : le prof de sport
- Affif Ben Badra : le serveur du bar racketté
- Johann Dionnet : le responsable du supermarché
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