Vu le film M.A.S.H de Robert Altman (1970) avec Donald Sutherland Elliot Gould Sally Kellermann Burd Cord Tom Skerritt Robert Duval John Ann Pflug René Auberjonois Robert Bowen David Arkin
Hawkeye et Duke entrent immédiatement
en conflit avec leur nouveau compagnon de tente, le major Frank Burns (Robert Duvall),
qui est à la fois un religieux et un chirurgien médiocre. Hawkeye et Duke
mettent la pression sur le lieutenant-colonel Henry Blake (Roger Bowen),
commandant de l'unité, pour qu'il change Burns de tente. Dans le même temps,
ils lui demandent d'affecter un chirurgien thoracique à la 4077e.
Le mystérieux nouveau chirurgien
arrive, sans rien révéler de ce qu'il est et d'où il
vient. Hawkeye est convaincu qu'il l'a déjà rencontré par le passé.
C'est après un match de football improvisé que Hawkeye se souvient d'un match
de football universitaire, dans lequel il a joué et dont le nouveau chirurgien
thoracique a marqué le seul touchdown du
match. Il s'agit de « Trapper John » (Elliott Gould).
M.A.S.H.
(1970) de Robert Altman est un monument de l’humour noir et de la satire
antimilitariste, un film à l’énergie anarchique qui a marqué son époque. Adapté
du roman de Richard Hooker, il jette un regard cynique et acéré sur la guerre
de Corée, en pleine période du Vietnam, et prend un malin plaisir à dynamiter
l’héroïsme militaire avec un style bordélique assumé. Si la série télévisée qui
en découlera en 1972 atténuera quelque peu la virulence du propos, le film,
lui, est d’une férocité jubilatoire.
L’intrigue suit les péripéties d’un
hôpital de campagne américain où les chirurgiens, loin de respecter la
hiérarchie militaire, passent leur temps à boire, jouer au golf, draguer les
infirmières et se livrer à des farces de mauvais goût. Dans cet univers où la
mort rôde en arrière-plan, l’humour devient une arme pour supporter l’horreur
du quotidien. Les héros malgré eux sont Hawkeye Pierce (Donald Sutherland) et
Trapper John (Elliot Gould), deux chirurgiens surdoués mais totalement
irrévérencieux. Leur cible principale ? Le major Frank Burns (Robert Duvall),
bigot coincé et incompétent, et l’infirmière Margaret « Hot Lips » Houlihan
(Sally Kellermann), dont l’autoritarisme rigide ne résiste pas longtemps à
leurs plaisanteries de potache.
L’un des moments les plus célèbres du
film – et sans doute l’un des plus cruels – est la scène où Hot Lips, surnommée
ainsi en raison de sa liaison avec Frank Burns, est humiliée devant tout le
camp. Une farce orchestrée par Hawkeye et Trapper John consiste à soulever la
tente de la douche pendant qu’elle se lave, exposant sa nudité à tous. Cette
séquence, qui semble aujourd’hui problématique, était à l’époque perçue comme
un symbole du rejet de la rigidité militaire et de la misogynie de
l’institution. Sally Kellermann, qui hésitait à accepter le rôle, fut
convaincue par Altman de se prêter à cette scène, qui allait devenir l’une des
plus emblématiques du film.
L’un des autres moments inoubliables
est le faux enterrement du dentiste surnommé « Painless » Waldowski, persuadé
d’être impuissant et décidé à se suicider. Ses collègues organisent alors une
mise en scène macabre : une dernière soirée digne de la Cène avec un cercueil,
une cérémonie et un fond musical absolument génial, la chanson Suicide is
Painless. Cette ballade douce-amère deviendra le thème principal du film et
de la série, avec ses paroles ironiques écrites par le fils d’Altman, alors âgé
de 14 ans.
Le contexte de la production du film
est lui aussi savoureux : Donald Sutherland et Elliot Gould, à l’époque peu
convaincus par la direction chaotique d’Altman, avaient même tenté de le faire
virer ! Loin du classicisme hollywoodien, Altman privilégiait une méthode quasi
documentaire : plusieurs scènes sont filmées avec plusieurs micros cachés, les
dialogues se chevauchent, donnant un réalisme brut et un ton subversif à
l’ensemble. Les comédiens se sont cependant vite rendu compte que ce style
faisait toute la force du film, et leur complicité crève l’écran.
Autre élément marquant : la voix
omniprésente du haut-parleur du camp, annonçant les repas, les nouvelles
absurdes du front et les ordres militaires, avec une ironie involontaire qui
participe au caractère grotesque de la situation. Ce détail, qui semble anodin,
est en fait un symbole du décalage entre la bureaucratie militaire et la
réalité du terrain.
Sorti en pleine guerre du Vietnam, M.A.S.H.
est immédiatement perçu comme une critique à peine voilée de l’intervention
américaine en Asie. La Paramount, effrayée par le ton du film, avait d’ailleurs
ajouté une mention précisant que l’histoire se déroulait en Corée et non au
Vietnam, pour éviter toute censure. Mais le message d’Altman passe sans
ambiguïté : derrière la farce potache et l’humour cruel, c’est l’absurdité de
la guerre qui est dénoncée, avec une liberté de ton inédite pour l’époque.
Avec son humour trash, ses personnages
inoubliables et sa mise en scène révolutionnaire, M.A.S.H. reste un
chef-d’œuvre qui a traversé le temps. Un film bordélique, provocateur et
génial, où la guerre n’est qu’un prétexte pour montrer l’absurdité des systèmes
rigides et l’instinct de survie d’hommes qui, face à l’horreur, choisissent le
rire comme seule arme efficace.
NOTE : 13.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Robert Altman
- Scénario : Ring Lardner, Jr., d'après le roman Mash : A Novel About Three Army Doctors de Richard Hooker
- Musique : Johnny Mandel
- Photographie : Harold E. Stine (de), Panavision Deluxecolor
- Montage : Danford B. Greene (de)
- Production : Ingo Preminger
- Sociétés de production : Aspen Productions - Ingo Preminger Productions
- Société de distribution : 20th Century Fox
- Budget : 3,025 millions de
- Donald Sutherland (VF : Georges Aminel) : capitaine Benjamin Franklin « Hawkeye » (Œil-de-Lynx) Pierce
- Elliott Gould (VF : Claude Joseph) : capitaine John Francis Xavier « Trapper John » (John le Piégeur) McIntyre, chirurgien chef
- Tom Skerritt (VF : Philippe Ogouz) : capitaine Augustus Bedford « Duke » Forrest
- Sally Kellerman (VF : Nathalie Nerval) : major-infirmière en chef Margaret « Hot Lips » (Lèvres en Feu) O'Houlihan
- Robert Duvall (VF : Gabriel Cattand) : major Franck Burns
- Jo Ann Pflug (VF : Perrette Pradier) : lieutenant Maria « Hot Dish » (Régal) Schneider
- Rene Auberjonois (VF : Serge Lhorca) : père John Patrick « Dago Red » Mulcahy (Gros Qui Tache)
- Roger Bowen (VF : Roger Carel) : lieutenant-colonel Henry Braymore Blake
- David Arkin (VF : Georges Poujouly) : Sergeant First Class Sergeant first class (en) Vollmer
- Gary Burghoff (VF : Jean-Pierre Leroux) : caporal Walter « Radar » O'Reilly
- John Schuck (VF : Marc de Georgi) : capitaine Walter Kosciusko « Painless Pole » Waldowski (le dentiste)
- Fred Williamson (VF : Med Hondo) : capitaine Oliver Harmon « Spearchucker » (Bazooka) Jones
- Carl Gottlieb (VF : Henry Djanik) : capitaine John « Ugly » Black
- Bud Cort : le soldat Lorenzo Boone
- Weaver Levy (en) (VF : Michel Gudin) : le médecin coréen
- Cathleen Cordell (en) (VF : Lita Recio) : capitaine Peterson
- James B. Douglas (VF : Jacques Ferrière) : colonel Merril
- G. Wood (en) (VF : André Valmy) : général Hammond
- Bobby Troup (VF : René Arrieu) : sergent Gorman
- Dawne Damon (VF : Claude Chantal) : lieutenant Storch
- Monica Peterson (VF : Arlette Thomas) : la réceptionniste (non créditée)
- Noland Smith (VF : Claude Bertrand) : le joueur de Football noir drogué (non crédité)
- Ben Davidson : Davidson, le joueur de Football #88 (non crédité)
- Indus Arthur (en) (VF : Ginette Pigeon) : lieutenant Leslie
- Dianne Turley Travis (VF : Claire Guibert) : le reporter (non créditée)
- Ken Prymus (VF : Bachir Touré) : Seidman
- Michael Murphy (VF : Jean-Louis Jemma) : « Me Lai » Marston
- Corey Fischer (en) (VF : Georges Aubert) : capitaine Bandini
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