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mardi 18 février 2025

13.10 - MON AVIS SUR LE FILM M.A.S.H DE ROBERT ALTMAN (1970)


Vu le film M.A.S.H de Robert Altman (1970) avec Donald Sutherland Elliot Gould Sally Kellermann Burd Cord Tom Skerritt Robert Duval John Ann Pflug René Auberjonois Robert Bowen David Arkin

 

Hawkeye et Duke entrent immédiatement en conflit avec leur nouveau compagnon de tente, le major Frank Burns (Robert Duvall), qui est à la fois un religieux et un chirurgien médiocre. Hawkeye et Duke mettent la pression sur le lieutenant-colonel Henry Blake (Roger Bowen), commandant de l'unité, pour qu'il change Burns de tente. Dans le même temps, ils lui demandent d'affecter un chirurgien thoracique à la 4077e.

Le mystérieux nouveau chirurgien arrive, sans rien révéler de ce qu'il est et d'où il vient. Hawkeye est convaincu qu'il l'a déjà rencontré par le passé. C'est après un match de football improvisé que Hawkeye se souvient d'un match de football universitaire, dans lequel il a joué et dont le nouveau chirurgien thoracique a marqué le seul touchdown du match. Il s'agit de « Trapper John » (Elliott Gould).

M.A.S.H. (1970) de Robert Altman est un monument de l’humour noir et de la satire antimilitariste, un film à l’énergie anarchique qui a marqué son époque. Adapté du roman de Richard Hooker, il jette un regard cynique et acéré sur la guerre de Corée, en pleine période du Vietnam, et prend un malin plaisir à dynamiter l’héroïsme militaire avec un style bordélique assumé. Si la série télévisée qui en découlera en 1972 atténuera quelque peu la virulence du propos, le film, lui, est d’une férocité jubilatoire.

L’intrigue suit les péripéties d’un hôpital de campagne américain où les chirurgiens, loin de respecter la hiérarchie militaire, passent leur temps à boire, jouer au golf, draguer les infirmières et se livrer à des farces de mauvais goût. Dans cet univers où la mort rôde en arrière-plan, l’humour devient une arme pour supporter l’horreur du quotidien. Les héros malgré eux sont Hawkeye Pierce (Donald Sutherland) et Trapper John (Elliot Gould), deux chirurgiens surdoués mais totalement irrévérencieux. Leur cible principale ? Le major Frank Burns (Robert Duvall), bigot coincé et incompétent, et l’infirmière Margaret « Hot Lips » Houlihan (Sally Kellermann), dont l’autoritarisme rigide ne résiste pas longtemps à leurs plaisanteries de potache.

L’un des moments les plus célèbres du film – et sans doute l’un des plus cruels – est la scène où Hot Lips, surnommée ainsi en raison de sa liaison avec Frank Burns, est humiliée devant tout le camp. Une farce orchestrée par Hawkeye et Trapper John consiste à soulever la tente de la douche pendant qu’elle se lave, exposant sa nudité à tous. Cette séquence, qui semble aujourd’hui problématique, était à l’époque perçue comme un symbole du rejet de la rigidité militaire et de la misogynie de l’institution. Sally Kellermann, qui hésitait à accepter le rôle, fut convaincue par Altman de se prêter à cette scène, qui allait devenir l’une des plus emblématiques du film.

L’un des autres moments inoubliables est le faux enterrement du dentiste surnommé « Painless » Waldowski, persuadé d’être impuissant et décidé à se suicider. Ses collègues organisent alors une mise en scène macabre : une dernière soirée digne de la Cène avec un cercueil, une cérémonie et un fond musical absolument génial, la chanson Suicide is Painless. Cette ballade douce-amère deviendra le thème principal du film et de la série, avec ses paroles ironiques écrites par le fils d’Altman, alors âgé de 14 ans.

Le contexte de la production du film est lui aussi savoureux : Donald Sutherland et Elliot Gould, à l’époque peu convaincus par la direction chaotique d’Altman, avaient même tenté de le faire virer ! Loin du classicisme hollywoodien, Altman privilégiait une méthode quasi documentaire : plusieurs scènes sont filmées avec plusieurs micros cachés, les dialogues se chevauchent, donnant un réalisme brut et un ton subversif à l’ensemble. Les comédiens se sont cependant vite rendu compte que ce style faisait toute la force du film, et leur complicité crève l’écran.

Autre élément marquant : la voix omniprésente du haut-parleur du camp, annonçant les repas, les nouvelles absurdes du front et les ordres militaires, avec une ironie involontaire qui participe au caractère grotesque de la situation. Ce détail, qui semble anodin, est en fait un symbole du décalage entre la bureaucratie militaire et la réalité du terrain.

Sorti en pleine guerre du Vietnam, M.A.S.H. est immédiatement perçu comme une critique à peine voilée de l’intervention américaine en Asie. La Paramount, effrayée par le ton du film, avait d’ailleurs ajouté une mention précisant que l’histoire se déroulait en Corée et non au Vietnam, pour éviter toute censure. Mais le message d’Altman passe sans ambiguïté : derrière la farce potache et l’humour cruel, c’est l’absurdité de la guerre qui est dénoncée, avec une liberté de ton inédite pour l’époque.

Avec son humour trash, ses personnages inoubliables et sa mise en scène révolutionnaire, M.A.S.H. reste un chef-d’œuvre qui a traversé le temps. Un film bordélique, provocateur et génial, où la guerre n’est qu’un prétexte pour montrer l’absurdité des systèmes rigides et l’instinct de survie d’hommes qui, face à l’horreur, choisissent le rire comme seule arme efficace.

NOTE : 13.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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