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dimanche 23 février 2025

15.30 - MON AVIS SUR LE FILM DON'T LOOK UP DE ADAM McKAY (2021)


Vu le film Don't Look Up de Adam McKay (sur Netflix) (2021) avec Léonardo Di Caprio Jennifer Lawrence Meryl Street Timothée Chalamet Rob Morgan Jonah Hill Cate Blanchett Mark Rylance Tyler Perry Ron Perlman Matthew Perry Himesh Patel Gina Gershon Chris Evans , Ariana Grande et même Tomer Sisley

Le docteur Randall Mindy et sa doctorante Kate Dibiasky sont astronomes. Leurs calculs montrent qu'une comète va détruire la Terre dans six mois. Confrontés au peu d’empressement de la présidente des États-Unis pour la dévier de sa trajectoire, ils entreprennent une tournée médiatique afin d’annoncer la fin du monde et de mobiliser le grand public. La comète large de 10 à 15 km, est baptisée du nom de sa découvreuse, Dibiasky. Une fois que les autorités sont convaincues, une mission est envoyée pour dévier sa trajectoire, mais de manière inexplicable, elle fait demi-tour

Plus qu'un simple film sur le déni cosmique, Don't Look Up est une satire férocement hilarante et incroyablement lucide sur l'absurdité de notre époque. Adam McKay, ancien du Saturday Night Live et complice de longue date de Will Ferrell, prouve une fois de plus son génie de l'absurde. Après The Big Short et Vice, il revient avec cette comédie noire qui dynamite les codes du film catastrophe en y injectant une dose massive d'humour corrosif et de réflexion sociale.

Si Don't Look Up est un "délire cosmique", c'est parce qu'il pousse l'absurde jusqu'au bout, révélant que le véritable non-sens réside dans notre société elle-même. La satire fonctionne ici à plein régime : les politiciens cupides, les magnats de la tech déconnectés du réel, les médias assoiffés de buzz... Tous sont des caricatures, certes, mais des caricatures à peine exagérées de ce que nous voyons chaque jour. La force du film réside dans cette galerie de personnages aussi hilarants qu'effrayants, montrant à quel point l'absurdité peut naître du réalisme. McKay et son casting cinq étoiles s'en donnent à cœur joie pour pousser la farce à l'extrême, tout en maintenant une angoisse latente : celle d'un monde aveugle à sa propre destruction.

Le casting est phénoménal, à commencer par Leonardo DiCaprio qui, dans la peau d'un scientifique nerveux et maladroit, joue contre son image habituelle. Exit le beau gosse héroïque : ici, il incarne un homme ordinaire, dépassé par l'ampleur de la catastrophe et son incapacité à convaincre un monde sourd. Une performance magistrale où il montre une nouvelle facette de son talent. À ses côtés, Jennifer Lawrence campe une scientifique cynique et désabusée, loin des codes sociaux. Son personnage, qui pète un plomb aussi souvent qu'elle vomit face à l'absurdité ambiante, est à la fois touchant et hilarant.

Meryl Streep, en présidente narcissique et populiste (plus "pornocrate" que démocrate), livre une prestation aussi flamboyante que glaçante. Son duo avec Jonah Hill, fils à maman abruti accro à son smartphone, est un régal de cynisme. Cate Blanchett brille en présentatrice télé cynique, jonglant entre façade souriante et mépris en coulisses. Timothée Chalamet est déjanté en skateur nihiliste tout droit sorti d'un film de Gus Van Sant, tandis que Mark Rylance, méconnaissable, campe un magnat de la tech à mi-chemin entre Jeff Bezos et Bill Gates, obsédé par les algorithmes.

Le scénario joue habilement sur le contraste entre l'urgence cosmique et la banalité des préoccupations humaines. McKay y ajoute sa patte caractéristique : un humour trash et décomplexé qui égratigne tout le monde, des élites politiques aux influenceurs narcissiques. Les dialogues fusent, les situations sont aussi délirantes que réalistes, et la mise en scène explosive alterne entre moments de pure absurdité et véritables coups de poing émotionnels. On rit beaucoup, mais on en ressort aussi profondément ébranler.

Don't Look Up utilise l'humour pour aborder un sujet grave : le déni climatique. Le choix de McKay d'aborder la fin du monde par le rire est diaboliquement efficace. La comète n'est qu'un prétexte : le vrai sujet, c'est notre indifférence collective face aux crises planétaires. La satire prend ici tout son sens car elle dénonce avec une précision chirurgicale l'aveuglement des puissants et l'apathie du grand public. Ce qui pourrait n'être qu'une comédie absurde se révèle être une des réflexions les plus pertinentes sur l'état du monde actuel.

Visuellement, le film ne déçoit pas. La photographie oscille entre des scènes apocalyptiques grandioses et des moments de satire plus intimes. Le montage nerveux, ponctué de flashes absurdes et de coupures médiatiques délirantes, rappelle l'énergie frénétique de The Big Short. Les deux scènes post-génériques sont à ne pas manquer : la première, hilarante et provocante, boucle la satire de manière magistrale, tandis que la seconde laisse un goût amer en rappelant que, même au bord du gouffre, l'humanité persiste dans son absurdité.

Don't Look Up n'est pas seulement un film comique. C'est une œuvre coup de poing, un miroir tendu à notre société qui préfère détourner le regard plutôt que d'affronter la réalité. En mêlant satire féroce et humour absurde, Adam McKay crée une expérience cinématographique unique qui résonne longtemps après le générique de fin. Déjà culte, Don't Look Up s'impose comme un des films les plus marquants de ces dernières années. Avec ses images démentes, son casting phénoménal et son humour ravageur, il réussit à faire ce que peu de films osent : faire rire tout en nous poussant à réfléchir profondément sur notre monde.

Don't Look Up est bien plus qu'une comédie : c'est un électrochoc nécessaire. Le rire devient ici un acte de résistance face à l'absurdité du monde moderne. Adam McKay prouve une fois de plus qu'il est un maître du genre, un génie de l'absurde, et surtout, un cinéaste engagé qui sait utiliser l'humour pour nous ouvrir les yeux.

NOTE : 15.30

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation et scénario : Adam McKay
  • Musique : Nicholas Britell
  • Décors : Clayton Hartley
  • Costumes : Susan Matheson
  • Photographie : Linus Sandgren
  • Montage : Hank Corwin
  • Production : Adam McKay, Kevin Messick, Scott Stuber, Betsy Koch et Todd Schulman
  • Société de production : Hyperobject Industries
  • Société de distribution : Netflix
  • Pays de production : Drapeau des États-Unis États-Unis

DISTRIBUTION

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