Vu le film Abigail de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (2024) avec Melissa Barrera Alisha Weir Dan Stevens Kathryn Newton Kevin Durand Angus Cloud Will Catlett Giancarlo Esposito Matthew Goode
Remake du film La Fille de Dracula de Lambert Hillyer
Les enfants peuvent être de véritables monstres.
Lorsque des criminels en puissance enlèvent une ballerine
de 12 ans, fille d’une puissante personnalité de la pègre, la seule mission des
ravisseurs est de surveiller la fillette pendant la nuit, en attendant de
récupérer une rançon de 50 millions de dollars. L'enthousiasme des ravisseurs,
cachés dans un manoir isolé, diminue au fil des heures et ils réalisent,
horrifiés, qu’ils se sont enfermés avec une petite fille qui n’est pas du tout
comme les autres.
Abigail de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
s’inscrit dans la veine des films d’horreur contemporains où l’efficacité prime
sur la profondeur. Quand on regarde un film d'horreur, on ne s'attend pas à un
chef-d'œuvre à la Exorcist de Friedkin ou à un thriller psychologique à
la Psycho d'Hitchcock. Ce qu’on veut, c’est un frisson immédiat, une
tension palpable, même si le jeu des acteurs laisse parfois à désirer.
Le film suit un groupe de criminels amateurs qui
kidnappent Abigail, une jeune ballerine de 12 ans, fille d’un magnat de la
pègre, dans l’espoir de toucher une rançon de 50 millions de dollars. Retirés
dans un manoir isolé, les ravisseurs réalisent vite que la fillette n’est pas
aussi innocente qu’elle en a l’air, et ils commencent à disparaître
mystérieusement les uns après les autres.
Malgré une intrigue au départ classique, le film parvient
à instaurer une tension continue grâce à une atmosphère oppressante. Le huis
clos dans le manoir fonctionne bien, créant un climat de paranoïa où chaque
recoin devient menaçant. Le duo de réalisateurs montre une fois de plus leur
savoir-faire pour jouer avec les nerfs du spectateur. La mise en scène soignée
et la photographie efficace renforcent ce sentiment d’enfermement et de danger
imminent.
Toutefois, le film n’échappe pas à certains clichés du
genre. Le twist principal se devine assez tôt, ce qui peut réduire l'impact des
révélations finales. Le scénario n’est pas des plus originaux, mais il est
suffisamment bien construit pour tenir le spectateur en haleine. On est loin
d'un chef-d'œuvre d'écriture, mais le récit reste cohérent, avec un rythme
suffisamment soutenu pour éviter l’ennui.
Alisha Weir, dans le rôle d’Abigail, livre une
performance impressionnante. Elle incarne à la perfection une ambiguïté
troublante, à la fois innocente et inquiétante. Son regard glacial et son calme
déstabilisant apportent une véritable plus-value au film. Elle réussit à
maintenir le doute sur la véritable nature de son personnage, renforçant le
malaise ambiant.
En revanche, les autres acteurs peinent à convaincre. On
ressent parfois un manque de conviction dans leur jeu, ce qui affaiblit
l’immersion. Leonardo DiCaprio disait qu’un acteur devait toujours jouer comme
s’il était observé de près ; ici, on a parfois l’impression que certains ont
oublié cette règle. Mais dans un film d’horreur, on pardonne plus facilement
des faiblesses de jeu si la tension est au rendez-vous, ce qui est globalement
le cas ici.
Ce qui distingue Abigail, c'est son équilibre
entre horreur et humour noir. Le film ne se prend pas trop au sérieux, ce qui
permet de désamorcer certaines situations tendues avec des répliques bien
placées. Cet humour décalé rappelle le style du duo dans leurs précédents
films, ajoutant une légèreté bienvenue à une intrigue qui aurait pu tomber dans
le grotesque sans cette touche d’autodérision.
Néanmoins, le film souffre de quelques longueurs,
notamment dans son deuxième acte où l’intrigue semble piétiner. Le manoir,
aussi bien exploité soit-il, finit par tourner en rond, et certaines scènes
répétitives auraient mérité d’être raccourcies. On sent que les réalisateurs
ont voulu jouer avec l’attente et le suspense, mais l’effet est parfois dilué
par un manque de renouvellement des situations.
Les réalisateurs, connus pour leurs précédents travaux
sur Wedding Nightmare et les récentes itérations de la franchise Scream,
démontrent une fois de plus leur capacité à revisiter des classiques de
l'horreur avec une touche moderne et inventive. Leur approche respecte
l'essence de l'œuvre originale tout en y insufflant une énergie nouvelle,
rendant Abigail accessible à la fois aux fans de longue date et aux
nouveaux venus dans l'univers des films de vampires.
, Abigail n’est pas un chef-d'œuvre du cinéma
d'horreur, mais il remplit parfaitement son contrat de divertissement efficace.
Le film offre des frissons, une tension palpable, et une ambiance oppressante
qui maintiennent l'attention du spectateur. Certes, on peut lui reprocher des
ficelles scénaristiques un peu visibles et un jeu d'acteur inégal, mais dans le
genre, l’efficacité prime sur la profondeur. Pour ceux qui cherchent un bon
moment de tension sans en attendre plus, Abigail fait le job. Pour le
reste, on pourra toujours se tourner vers les maîtres du genre.
NOTE : 7.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
- Scénario : Guy Busick et Stephen Shields
- Musique : Brian Tyler
- Décors : Susie Cullen
- Costumes : Gwen Jeffares Hourie
- Photographie : Aaron Morton
- Montage : Michael Shawver
- Production : Paul Neinstein, William Sherak, James Vanderbilt, Chad Villella et Tripp Vinson
- Production déléguée : Macdara Kelleher et Ron Lynch
- Sociétés de production : Project X Entertainment, Radio Silence Productions et Wild Atlantic Pictures
- Sociétés de distribution : Universal Pictures (États-Unis, France) ; Sony Pictures Releasing International (Belgique)
- Budget : 28 millions de $
- Melissa Barrera (VF : Laetitia Coryn ; VQ : Kim Jalabert) : Joey
- Alisha Weir (en) (VF : Sasha Cortella ; VQ : Alice Déry) : Abigail
- Dan Stevens (VF : Damien Ferrette ; VQ : Nicolas Charbonneaux-Collombet) : Frank
- Kathryn Newton (VF : Juliette Lamboley ; VQ : Ludivine Reding) : Sammy
- Kevin Durand (VF : Guillaume Orsat ; VQ : Louis-Philippe Dandenault) : Peter
- Angus Cloud (VF : Stanislas Forlani ; VQ : Nicholas Savard-L'Herbier) : Dean
- Will Catlett (en) (VF : Mohad Sanou ; VQ : Thiéry Dubé) : Rickles
- Giancarlo Esposito (VF : Thierry Desroses ; VQ : Alain Zouvi) : Lambert
- Matthew Goode (VF : Franck Monsigny ; VQ : Antoine Durand) : Kristof Lazaar
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