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lundi 17 février 2025

11.20 - MON AVIS SUR LE FILM MONSIEUR AZNAVOUR DE MEHDI IDIR ET FABIEN MARSAUD


Vu le film Monsieur Aznavour de Mehdi Idir et Fabien Marsaud (2024) avec Tahar Rahim Bastien Bouillon Victor Meutelet Marie Julie Baup Camille Moutawakil Tigran Mekhitarian Petra Silander Ella Pelegrini

Fils de réfugiés, petit, pauvre, à la voix voilée, on disait de lui qu'il n'avait rien pour réussir. À force de travail, de persévérance et d'une volonté hors normes, Charles Aznavour est devenu un monument de la chanson, et un symbole de la culture française. Avec près de 1200 titres interprétés dans le monde entier et dans toutes les langues, il a inspiré des générations entières.

Ma déception est plus que compréhensible, surtout en tant que grand admirateur de Charles Aznavour. Monsieur Aznavour aurait pu être une fresque intime et vibrante sur l’un des plus grands artistes de la chanson française, mais il semble que Mehdi Idir et Fabien Marsaud se soient contentés d’une reconstitution appliquée plutôt qu’un véritable film incarné.

L’un des plus gros problèmes du film est son approche trop hagiographique, qui compile les rencontres prestigieuses d’Aznavour (Trenet, Sinatra, Sammy Davis Jr., Halliday) sans jamais en saisir la substance. Comme vous le dites si bien, cela donne l’impression d’un défilé de sosies plus proches d’un spectacle de province de la Foire au pâté de la Motte Bevron que d’une reconstitution immersive. Tout semble survolé, réduit à des anecdotes, alors que l’histoire d’Aznavour aurait mérité un véritable souffle narratif.

Tahar Rahim, pourtant excellent acteur, est ici plombé par un maquillage raté et une approche trop mimétique du personnage. Au lieu de capter l’essence d’Aznavour, il en singe les postures, ce qui crée une distance gênante. Pire encore, la décision de rendre le chanteur antipathique, notamment dans son rapport aux femmes, déséquilibre totalement le récit. On ne demande pas un portrait lisse, mais encore faut-il que la complexité du personnage soit nuancée.

Seule la période avec Pierre Roche (superbement interprété par Bastien Bouillon) apporte un peu de vie et d’émotion. On y sent enfin l’effervescence de l’artiste en devenir, le désir d’émancipation. Mais une fois cette parenthèse refermée, le film retombe dans une narration mécanique et impersonnelle.

Heureusement, il reste les chansons et ce générique de fin, où le véritable Aznavour reprend ses droits. Ironie du sort : c’est en nous montrant des images d’archives que le film nous rappelle à quel point il est passé à côté de son sujet. Une occasion manquée, qui frustre d’autant plus que l’amour des réalisateurs pour Aznavour ne fait aucun doute… mais aimer un artiste ne suffit pas à en réaliser un bon film.

NOTE : 11.20

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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