Vu le film Monsieur Aznavour de Mehdi Idir et Fabien Marsaud (2024) avec Tahar Rahim Bastien Bouillon Victor Meutelet Marie Julie Baup Camille Moutawakil Tigran Mekhitarian Petra Silander Ella Pelegrini
Fils de
réfugiés, petit, pauvre, à la voix voilée, on disait de lui qu'il n'avait rien
pour réussir. À force de travail, de persévérance et d'une volonté hors normes,
Charles Aznavour est devenu un monument de la chanson, et un symbole de la
culture française. Avec près de 1200 titres interprétés dans le monde entier et
dans toutes les langues, il a inspiré des générations entières.
Ma déception
est plus que compréhensible, surtout en tant que grand admirateur de Charles
Aznavour. Monsieur Aznavour aurait pu être une fresque intime et
vibrante sur l’un des plus grands artistes de la chanson française, mais il
semble que Mehdi Idir et Fabien Marsaud se soient contentés d’une
reconstitution appliquée plutôt qu’un véritable film incarné.
L’un
des plus gros problèmes du film est son approche trop hagiographique, qui
compile les rencontres prestigieuses d’Aznavour (Trenet, Sinatra, Sammy Davis
Jr., Halliday) sans jamais en saisir la substance. Comme vous le dites si bien,
cela donne l’impression d’un défilé de sosies plus proches d’un spectacle de
province de la Foire au pâté de la Motte Bevron que d’une reconstitution
immersive. Tout semble survolé, réduit à des anecdotes, alors que l’histoire
d’Aznavour aurait mérité un véritable souffle narratif.
Tahar
Rahim, pourtant excellent acteur, est ici plombé par un maquillage raté et une
approche trop mimétique du personnage. Au lieu de capter l’essence d’Aznavour,
il en singe les postures, ce qui crée une distance gênante. Pire encore, la
décision de rendre le chanteur antipathique, notamment dans son rapport aux
femmes, déséquilibre totalement le récit. On ne demande pas un portrait lisse,
mais encore faut-il que la complexité du personnage soit nuancée.
Seule
la période avec Pierre Roche (superbement interprété par Bastien Bouillon)
apporte un peu de vie et d’émotion. On y sent enfin l’effervescence de
l’artiste en devenir, le désir d’émancipation. Mais une fois cette parenthèse
refermée, le film retombe dans une narration mécanique et impersonnelle.
Heureusement,
il reste les chansons et ce générique de fin, où le véritable Aznavour reprend
ses droits. Ironie du sort : c’est en nous montrant des images d’archives que
le film nous rappelle à quel point il est passé à côté de son sujet. Une
occasion manquée, qui frustre d’autant plus que l’amour des réalisateurs pour
Aznavour ne fait aucun doute… mais aimer un artiste ne suffit pas à en réaliser
un bon film.
NOTE : 11.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation et scénario : Grand Corps Malade et Mehdi Idir
- Musique : Varda Kakon
- Décors : Stéphane Rozenbaum
- Costumes : Isabelle Mathieu
- Photographie : Brecht Goyvaerts
- Son : Thomas Lascar et Élisabeth Paquotte
- Montage : Laure Gardette
- Production : Éric et Nicolas Altmayer et Jean-Rachid Kallouche
- Co-production : Arnaud Chautard et Ardavan Safaee
- Sociétés de production : Kallouche Cinéma et Mandarin et Compagnie, en co-production avec Beside Productions, Pathé Films et TF1 Films Production
- Sociétés de distribution : Pathé Films (France, Suisse romande) ; Alternative Films (Belgique), Pathé Films AG (Suisse romande), Sphère Films (Québec)
- Budget : 26 millions d'euros
- Tahar Rahim : Charles Aznavour
- Camille Moutawakil : Aïda Aznavour
- Gulia Avetisyan : Mélinée Manouchian
- Bastien Bouillon : Pierre Roche
- Marie-Julie Baup : Édith Piaf
- Lionel Cecilio : Gilbert Bécaud
- Victor Meutelet : Johnny Hallyday
- Hovnatan Avédikian : Misha Aznavourian
- Charlotte Agrès : Joséphine
- Petra Silander : Ulla Thorsell
- Sharon Mann : l'interprète
- Rupert Wynne-James : Frank Sinatra
- Tiffany Hofstetter : Kimberly
- Elisabeth Duda : Jeanne
- Anaïs Spinelli-Herry : Michèle Mercier
- Tigran Mekhitarian : Missak Manouchian
- Ella Pellegrini : Micheline Rugel
- Cécile Auxire-Marmouget : Régine
- Roxane Barazzuol : Seda Aznavour, jeune
- Christophe Favre : Androuchka, le chauffeur de Charles
- Annie Mercier : la tenancière de cabaret
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