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jeudi 20 février 2025

12.60 - MON AVIS SUR LE FILM SHORT-CUTS DE ROBERT ALTMAN (1994)


 Vu le film Short-Cuts de Robert Altman (1994) avec Andie McDowell Tim Robbins Tom Waits Matthew Modine Robert Downey Jr Julianne Moore Bruce Davidson Jack Lemmon Anne Archer Fred Ward Jennifer Jason Leigh Chris Penn Lili Taylor Frances McDormand

Plusieurs personnages se croisent dans des intrigues basées sur les histoires de Raymond Carver. La serveuse Doreen Piggot se heurte contre un garçon avec sa voiture. En quittant la scène, l'enfant tombe dans le coma. À l'hôpital, le grand-père du garçon raconte à son fils, Howard, ses infidélités.

Short Cuts (1993), c'est du pur Robert Altman, dans ce qu'il sait faire de mieux : un film choral tentaculaire où une mosaïque de vies s’entrelace, s’entrechoque et se répercute en échos subtils. Adapté des nouvelles et poèmes de Raymond Carver, ce chef-d'œuvre, couronné du Lion d’Or à Venise, capte avec un mélange d’ironie, de tendresse et de cruauté le tumulte de l’existence humaine.

Difficile de ne pas voir dans ce film une sorte de cousin spirituel de Nashville (1975), avec ses 22 personnages, coïncidence numérique ou clin d’œil ? Altman tisse son canevas narratif avec un montage d’une fluidité diabolique, capable d’abandonner un personnage pour mieux le ressusciter plus tard, comme un marionnettiste jouant avec le destin de ses créatures. Chaque trajectoire individuelle devient une note dans une partition plus vaste, une symphonie du chaos humain.

Et quels personnages ! Jennifer Jason Leigh, téléphoniste érotique débitant ses obscénités pendant qu’elle plie du linge. Julianne Moore, artiste excentrique discutant avec son mari en bas résille... mais sans culotte. Tim Robbins, flic aussi séduisant que pathétique dans ses mensonges compulsifs. Tom Waits, ivrogne magnifique, tandis que sa femme, Lily Tomlin, tente de gérer le désastre. Chris Penn, en beauf taiseux, laisse monter une violence trouble. Anne Archer en clown – oui, vraiment. Peter Gallagher réduit l’appart de son ex (Frances McDormand) en miettes, tronçonneuse à la main. Et Matthew Modine, dépassé, éclate dans une jalousie délirante.

Le film oscille entre burlesque et tragédie, le rire coincé dans la gorge. Altman joue avec l’absurde du quotidien et la fatalité du destin : un enfant dans le coma, un cadavre flottant, des disputes absurdes sur l’infidélité, des aveux qui n’ont pas d’effet. La ville de Los Angeles, loin du glamour, devient une fresque de solitudes entremêlées, où l’on boit, triche, crie, baise et tente d’exister.

C’est cruel, parfois hilarant, toujours bouleversant. L’Amérique d’Altman est un puzzle éclaté où chacun cherche désespérément à assembler les pièces. Un chef-d’œuvre d’observation, porté par un casting d’anthologie.

NOTE : 12.60

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