Vu le film #TheFabelmans de Steven Spielberg (2022) avec Gabriel Labelle Michele Williams Paul Dano Judd Hirsch David Lynch Julia Butters Sam Rechner Chloe East Seth Rogen Oakes Fegley Keeley Karsten Isabelle Kusman Gabriel Bateman
Pour moi un des plus gros scandale des Oscars avec le
gagnant remis à Everything everywhere all at once et pas au Spielberg
En 1952 dans le New Jersey, le jeune Samuel « Sammy »
Fabelmans se rend avec ses parents, Mitzi et Burt, au cinéma pour la première
fois. Il assiste, subjugué, à la projection du film Sous le plus grand
chapiteau du monde de Cecil B. DeMille, dont une scène impliquant un accident
de train le marque particulièrement. La nuit suivante, Sammy demande à ses
parents un train électrique en guise de cadeau pour Hanoucca. Il recrée alors
la scène du film avec le train, qu'il filme avec la caméra de son père pour la
visualiser à plusieurs reprises, afin de se remettre de son choc. Sammy
découvre alors la joie qu'il éprouve à se tenir derrière la caméra, tournant de
petites mises en scène avec ses sœurs.
The Fabelmans est bien plus qu'un simple film
autobiographique : c'est une lettre d'amour au cinéma, un voyage dans l'enfance
et l'adolescence de Steven Spielberg, raconté à travers les yeux de son alter
ego, Sammy Fabelmans, magistralement interprété par le talentueux Gabriel
LaBelle. Le film se déroule dans les années 50 et 60, une époque marquée par la
croissance des banlieues américaines, le boom technologique et les tensions
sociales, mais surtout par l'éveil d'un jeune cinéaste en devenir.
Dès les premières scènes, Spielberg nous plonge dans son
univers, celui d'un garçon fasciné par l'image et le mouvement. Le jeune Sammy
découvre très tôt son amour pour le cinéma lorsqu'il assiste à sa première
projection, une expérience fondatrice qui façonnera le reste de sa vie. On
assiste à ses premiers pas derrière la caméra, de ses essais ingénieux avec des
effets spéciaux artisanaux aux tournages improvisés avec ses amis. Ces moments,
empreints de curiosité, d'émerveillement et d'expérimentation, font écho aux
films qui définiront la carrière du futur Spielberg, notamment Duel, son
premier succès. On y reconnaît déjà cette capacité unique à raconter des
histoires captivantes, à capturer des émotions brutes et à marquer les esprits
à travers le cinéma.
Gabriel LaBelle incarne un jeune Spielberg avec une
finesse remarquable, éclipsant littéralement l'écran. Il dépeint avec justesse
la passion dévorante de Sammy pour le cinéma, mais aussi ses tourments et ses dilemmes
personnels. Le jeune acteur parvient à capturer l'essence du futur maître du 7ᵉ
art, tout en gardant une sensibilité touchante qui résonne tout au long du
film. Chaque regard, chaque hésitation, chaque moment de doute ou de joie se
lisent sur son visage, et on ne peut qu'être émerveillé par cette performance
époustouflante.
Le film ne se concentre cependant pas uniquement sur
l'éveil artistique de Sammy. Il explore également les dynamiques familiales
complexes qui ont façonné le jeune homme. D'un côté, il y a Burt Fabelmans,
interprété par un Paul Dano tout en retenue. Burt est un père rigide,
ambitieux, ingénieur brillant mais émotionnellement distant, qui considère le
cinéma comme un simple passe-temps pour son fils, une passion éphémère qui
finira par s'éteindre. De l'autre côté, il y a Mitzi Fabelmans, incarnée par
une Michelle Williams bouleversante. Mitzi est une mère pleine de vie, mais
profondément tourmentée, à la fois inspirante et instable. Elle encourage Sammy
dans sa passion tout en luttant avec ses propres démons intérieurs. Williams
joue avec une vulnérabilité poignante, laissant transparaître tristesse et joie
à parts égales, tout en dégageant une énergie qui illumine chaque scène où elle
apparaît.
Le film se concentre particulièrement sur les tensions
croissantes au sein de cette famille, les désillusions et les secrets enfouis.
Le mariage des parents de Sammy se délite lentement, sous le poids des
ambitions professionnelles du père et des insatisfactions personnelles de la
mère. Spielberg, à travers ces personnages, montre la complexité des relations
humaines et comment les rêves individuels peuvent parfois briser l'unité
familiale. La finesse avec laquelle Spielberg peint ces moments intimes est particulièrement
touchante, capturant des vérités universelles sur l'amour, le sacrifice et la
perte.
L'un des moments les plus marquants du film, et qui
illustre parfaitement la manière dont Spielberg transforme sa propre vie en
cinéma, est la rencontre finale entre Sammy et un autre géant du cinéma, John
Ford. Ce moment est à la fois drôle, touchant et incroyablement riche de sens.
Le réalisateur légendaire, joué avec un humour grinçant par David Lynch, donne
à Sammy un conseil inoubliable sur la manière de cadrer un plan : « Quand
l’horizon est en haut ou en bas de l’image, c’est intéressant. Quand l’horizon
est au milieu, c’est chiant. » Cette scène, aussi courte soit-elle, résonne
comme un passage de témoin entre deux géants du cinéma, tout en offrant une
leçon simple mais puissante sur la manière de voir et de capturer le monde.
En fin de compte, The Fabelmans est un
chef-d'œuvre de Spielberg, à la fois intime et universel. Il parvient à
capturer la magie du cinéma tout en explorant des thèmes profondément humains
comme la famille, les rêves et les sacrifices. Le film raconte comment un jeune
garçon, à travers les difficultés et les épreuves, a trouvé dans le cinéma une
échappatoire, un refuge, mais aussi un moyen de comprendre et de réconcilier
son monde. C'est un hommage à la puissance de la narration visuelle, à la
capacité des films à nous transformer et à la manière dont ils peuvent,
parfois, guérir des blessures profondes.
Avec ce film, Spielberg, souvent qualifié de
"GOAT" (Greatest of All Time) de la culture pop et du cinéma, nous
offre un regard sincère sur ses origines tout en célébrant le cinéma comme un
art capable de façonner des vies. The Fabelmans est un film où
Spielberg, le créateur de mondes fantastiques, se dévoile enfin en tant
qu'homme, nous montrant que derrière la légende se cache un garçon passionné,
rêveur, mais aussi marqué par les complexités de la vie. Un grand moment de
cinéma, à la fois personnel et universel.
NOTE : 18.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Steven Spielberg
- Scénario : Tony Kushner et Steven Spielberg
- Musique : John Williams3
- Direction artistique : Andrew Max Cahn
- Décors : Rick Carter
- Costumes : Mark Bridges
- Photographie : Janusz Kamiński
- Montage : Sarah Broshar et Micheal Kahn
- Production : Tony Kushner, Kristie Macosko Krieger et Steven Spielberg
- Sociétés de production : Amblin Entertainment et Amblin Partners
- Société de distribution : Universal Pictures
- Budget : 40 millions de dollars
- Gabriel LaBelle (VF : Jean-Stan Du Pac ; VQ : Charles Sirard-Blouin) : Samuel « Sammy » Fabelman
- Mateo Zoryon Francis-DeFord (VF : Aloïs Le Labourier Tiêu ; VQ : Noé Henri Rouillard) : Samuel, enfant
- Michelle Williams (VF : Valérie Siclay ; VQ : Pascale Montreuil) : Mitzi Fabelman
- Paul Dano (VF : Donald Reignoux ; VQ : Sébastien Reding) : Burt Fabelman
- Seth Rogen (VF : Xavier Fagnon ; VQ : Tristan Harvey) : Bennie Loewy
- Keeley Karsten (VF : Lana Ropion ; VQ : Marguerite d'Amour) : Natalie Fabelman
- Alina Brace (VF : Victoire Pauwels) : Natalie enfant
- Julia Butters (VF : Jaynelia Coadou ; VQ : Ludivine Reding) : Reggie Fabelman
- Birdie Borria (VF : Loïse Charpentier) : Reggie, enfant
- Judd Hirsch (VF : Judka « Popeck » Herpstu ; VQ : Jean-Marie Moncelet) : l'oncle Boris Podgorny
- Sophia Kopera (VF : Mila Pointet) : Lisa Fabelman
- Jeannie Berlin (VF : Annie Balestra) : Hadassah Fabelman
- Robin Bartlett (VF : Sylvie Genty) : Tina Schildkraut
- Sam Rechner (en) (VF : Gauthier Battoue ; VQ : Xavier Dolan) : Logan Hall
- Oakes Fegley (VF : Hugo Brunswick ; VQ : Matis Ross) : Chad Thomas
- Chloe East (VF : Barbara Probst ; VQ : Lauriane S. Thibodeau) : Monica Sherwood
- Isabelle Kusman (VF : Jennifer Fauveau) : Claudia Denning
- Nicolas Cantu (VF : Esteban Oertli) : Hark
- Cooper Dodson : Turkey
- Gabriel Bateman (VF : Andrea Santamaria) : Roger
- James Urbaniak : le principal
- Connor Trinneer : Phil Newhart
- Greg Grunberg : Bernie Fein
- Jan Hoag (VF : Marie-Martine) : Nona, la secrétaire du CBS
- David Lynch6 (VF : Frédéric Cerdal) : John Ford
- Crystal : Bennie le singe
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