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vendredi 21 février 2025

14.10 - MON AVIS SUR LE FILM SAUVAGES DE CLAUDE BARRAS (2024)

 

Vu le film Sauvages de Claude Barras (2024) Film d’animation en Stop-Motion avec les voix de Pierre Isaic Duc Michel Vuillermoz Gael Faye Nelly Tungan Sailyvia Paysan Laetitia Dosch Benoit Poelvoorde

À Bornéo, près de la forêt tropicale, Kéria recueille un bébé orang-outan dans la plantation où travaille son père. Au même moment, Selaï, son cousin, vient trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et le bébé singe baptisé Oshi vont alors braver tous les obstacles pour lutter contre la destruction de la forêt.

Sauvages, le nouveau film de Claude Barras, s'inscrit dans la lignée des œuvres engagées qui allient la beauté de l’animation en stop-motion à des sujets de société brûlants. Après le succès éclatant de Ma Vie de Courgette, Barras nous plonge cette fois dans un drame écologique poignant : la déforestation à Bornéo et le déplacement des populations autochtones, un miroir troublant de l’histoire des peuples indigènes à travers le monde.

Visuellement, le film est une splendeur. Fidèle à son style, Barras utilise la stop-motion avec un soin maniaque, donnant une âme à chaque personnage et une texture palpable à cet univers luxuriant en train de disparaître. La jungle, filmée avec un amour évident pour le détail, devient un personnage à part entière, vibrant de mille couleurs et de bruits de vie, avant de s’éteindre sous les assauts des machines et des bulldozers.

L’histoire suit une famille d’autochtones chassée de ses terres et forcée de s’installer dans un camp insalubre, une évocation glaçante des politiques de réinstallation que l’on retrouve aussi bien dans l’Amérique coloniale que dans le monde contemporain. À hauteur d’enfant, Barras capte avec finesse l’incompréhension, la colère, mais aussi la résilience face à l’injustice. Comme dans Courgette, les émotions sont au centre du récit, portées par des regards, des gestes, des silences plus éloquents que de longs discours.

Les marionnettes, d’une expressivité saisissante, sont sublimées par une mise en scène intelligente, jouant sur les contrastes : la beauté de la forêt contre l’âpreté du camp, la lumière naturelle face à la froideur des barbelés. La musique, discrète mais immersive, accompagne cette fable avec une délicatesse qui rappelle le travail d’animation de grands noms comme Michel Ocelot ou Nick Park.

Mais Sauvages ne se contente pas d’être un film esthétiquement abouti : c’est un cri d’alarme. Barras, avec sa douceur habituelle, offre aux enfants une porte d’entrée vers un sujet complexe sans jamais être moralisateur. Le film, malgré son constat accablant, porte en lui une lueur d’espoir : celle de la transmission, de la mémoire et de la lutte.

Un chef-d’œuvre de stop-motion à mettre entre toutes les mains.

NOTE : 14.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION (VOIX)

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