Vu le film Sauvages de Claude Barras (2024) Film d’animation en Stop-Motion avec les voix de Pierre Isaic Duc Michel Vuillermoz Gael Faye Nelly Tungan Sailyvia Paysan Laetitia Dosch Benoit Poelvoorde
À
Bornéo, près de la forêt tropicale, Kéria recueille un bébé orang-outan dans la
plantation où travaille son père. Au même moment, Selaï, son cousin, vient
trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade
aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et le bébé singe baptisé
Oshi vont alors braver tous les obstacles pour lutter contre la destruction de
la forêt.
Sauvages, le nouveau film de Claude
Barras, s'inscrit dans la lignée des œuvres engagées qui allient la beauté de
l’animation en stop-motion à des sujets de société brûlants. Après le succès
éclatant de Ma Vie de Courgette, Barras nous plonge cette fois dans un
drame écologique poignant : la déforestation à Bornéo et le déplacement des
populations autochtones, un miroir troublant de l’histoire des peuples
indigènes à travers le monde.
Visuellement,
le film est une splendeur. Fidèle à son style, Barras utilise la stop-motion
avec un soin maniaque, donnant une âme à chaque personnage et une texture
palpable à cet univers luxuriant en train de disparaître. La jungle, filmée
avec un amour évident pour le détail, devient un personnage à part entière,
vibrant de mille couleurs et de bruits de vie, avant de s’éteindre sous les
assauts des machines et des bulldozers.
L’histoire
suit une famille d’autochtones chassée de ses terres et forcée de s’installer
dans un camp insalubre, une évocation glaçante des politiques de réinstallation
que l’on retrouve aussi bien dans l’Amérique coloniale que dans le monde
contemporain. À hauteur d’enfant, Barras capte avec finesse l’incompréhension,
la colère, mais aussi la résilience face à l’injustice. Comme dans Courgette,
les émotions sont au centre du récit, portées par des regards, des gestes, des
silences plus éloquents que de longs discours.
Les
marionnettes, d’une expressivité saisissante, sont sublimées par une mise en
scène intelligente, jouant sur les contrastes : la beauté de la forêt contre
l’âpreté du camp, la lumière naturelle face à la froideur des barbelés. La
musique, discrète mais immersive, accompagne cette fable avec une délicatesse
qui rappelle le travail d’animation de grands noms comme Michel Ocelot ou Nick
Park.
Mais Sauvages
ne se contente pas d’être un film esthétiquement abouti : c’est un cri
d’alarme. Barras, avec sa douceur habituelle, offre aux enfants une porte
d’entrée vers un sujet complexe sans jamais être moralisateur. Le film, malgré
son constat accablant, porte en lui une lueur d’espoir : celle de la
transmission, de la mémoire et de la lutte.
Un
chef-d’œuvre de stop-motion à mettre entre toutes les mains.
NOTE : 14.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Claude Barras
- Scénaristes : Claude Barras et Catherine Paillé
- Scénario : Claude Barras, Catherine Paillé
- Directeur de production : Ludovic Delbecq
- Musique originale : Charles De Ville, Nelly Tungang
- Montage : Anne-Laure Guégan, Claude Barras
- Montage animation : Valène Leroy
- Production : Nadasdy Film, Haut et Court, Paniques !
- Coproductions : Hélium Film, Beast Animation, Personne n'est parfait !, RTS Radio Télévision Suisse
- Pays de production :
Suisse,
France,
Belgique
- Pierre-Isaïe Duc
- Michel Vuillermoz
- Gaël Faye
- Sailyvia Paysan
- Nelly Tungan
- Komeok Joe
- Babette De Coster
- Martin Verset
- Lætitia Dosch
- Benoît Poelvoorde
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