Vu le film Aviator de Martin Scorsese (2004) avec Léonardo Di Caprio Cate Blanchett Kate Beckinsale Adam Scott Alec Baldwin Kelli Garner Ian Holm Jude Law
Aviator malgré ses 5 Oscars n’a
pas eu celui du Meilleur Film comme Di Caprio comme Meilleur Acteur on se
demande pourquoi ? C’est Million Dollar Baby de Clint Eastwood qui avait
gagné
Howard
Hughes est un richissime homme d'affaires, passionné par les
avions et le cinéma. À la fin des années
1920, il produit et réalise le film Les Anges de l'enfer,
dans lequel il investit des sommes colossales, qui sort en 1930. Il
devient rapidement une célébrité et entretient des relations tumultueuses avec
les stars de cinéma de l'époque comme Katharine
Hepburn et Ava
Gardner. Il engage également un bras de fer avec la compagnie
aérienne Pan Am, pour permettre à sa
compagnie, la TWA, de couvrir les lignes à
l'international. Mais dans l'intimité, Howard Hughes souffre de multiples troubles obsessionnels compulsifs qui
évoluent rapidement et le rongeront jusqu'à la fin de ses jours.
Aviator est une odyssée aérienne
et mentale, le portrait d’un homme qui a voulu conquérir le ciel mais s’est
écrasé dans l’enfer de ses propres démons. Scorsese s’empare d’Howard Hughes
avec une énergie fiévreuse, traduisant à l’écran le génie démesuré et la folie
grandissante de ce pionnier de l’aviation et du cinéma. La mise en scène épouse
sa trajectoire : rapide, immersive, parfois hallucinée, à l’image d’un homme
qui ne vivait que pour repousser les limites – celles du vol, de la
technologie, du spectacle. Loin d’un simple biopic académique, Aviator
est un film de sensations, une expérience où l’ambition et la névrose
s’entrechoquent dans un crescendo vertigineux.
Hughes, avant d’être cet homme
reclus dans l’ombre de sa propre paranoïa, est d’abord un visionnaire, un
touche-à-tout qui, dès Les Anges de l’Enfer, impose sa folie des
grandeurs. Il veut révolutionner le cinéma comme il révolutionne l’aviation :
en refusant les limites. Il tourne avec de vrais avions, attend des mois pour
obtenir le ciel parfait et réinvente les techniques de prise de vue aérienne.
Cette soif d’innovation ne le quittera jamais : il achète la TWA, conçoit des
avions toujours plus audacieux, dont le mythique Spruce Goose, gigantesque
hydravion en bois que l’on croyait incapable de voler. Mais derrière ces
succès, un gouffre se creuse. L’obsession du contrôle, l’isolement, la peur des
microbes, autant de fissures qui le rongent et finissent par l’engloutir.
DiCaprio est magistral. Son
incarnation dépasse la simple performance : il habite Hughes, il en
épouse chaque nuance, du charme irrésistible du golden boy au regard vide de
l’homme terrassé par ses phobies. Une scène, parmi les plus marquantes,
cristallise cette descente aux enfers : enfermé dans son bunker doré, nu,
barbu, il sombre dans une boucle de paranoïa, entouré de ses bouteilles
d’urine, incapable d’affronter le monde extérieur. Il répète mécaniquement des
phrases incohérentes, enfermé dans son propre esprit comme dans une prison sans
issue. La mise en scène de Scorsese traduit ce délire avec une précision
terrifiante : lumière blafarde, montage syncopé, une tension suffocante qui
nous plonge dans la psyché fracturée du personnage.
Autour de lui, une galerie de
seconds rôles brillamment incarnés donne de l’épaisseur à cette fresque. Cate
Blanchett ressuscite Katharine Hepburn avec une énergie flamboyante, entre
éclats de rire et indépendance farouche. Sa relation avec Hughes, d’abord
fusionnelle, se heurte à ses névroses grandissantes, jusqu’à un adieu empreint
de tristesse. Kate Beckinsale en Ava Gardner, plus distante mais non moins
marquante, est la seule à voir clair dans le jeu d’Hughes, refusant de se
laisser happer par son tourbillon autodestructeur. Alec Baldwin, en Patrician
Juan Trippe, et Alan Alda, en sénateur Brewster, incarnent les forces qui
s’opposent à lui, cherchant à écraser cet électron libre devenu trop puissant.
Mais c’est face à eux que Hughes livrera son dernier combat, notamment dans
cette scène magistrale de l’audition au Sénat, où, malgré son esprit vacillant,
il retrouve une lueur de grandeur et terrasse ses adversaires avec un discours
cinglant.
L’ombre de Citizen Kane
plane sur Aviator. Comme Welles avec Charles Foster Kane, Scorsese
dissèque l’ascension et la chute d’un homme consumé par ses propres excès.
Hughes et Welles auraient dû se rencontrer – deux géants façonnés par leur
propre mythe, incompris, enfermés dans des palaces qui deviennent leurs
prisons. À travers ce film, Scorsese et DiCaprio signent un chef-d’œuvre, une
tragédie moderne où le rêve américain se fracasse sur les murs de la solitude
et de la folie. Que DiCaprio n’ait pas eu l’Oscar pour cette performance est
une aberration. Il ne joue pas Hughes, il est Hughes. Et Aviator,
bien plus qu’un biopic, est un voyage à travers les cieux et l’âme humaine, où
le vertige du succès se transforme en chute libre.
NOTE : 16.90
FICHE TECHNIQUE
- Titre québécois : L’Aviateur
- Réalisation : Martin Scorsese
- Scénario : John Logan, d'après L'aviateur : La vraie vie de Howard Hughes de Charles Higham
- Musique : Howard Shore, Drew Neumaan, Jerry Goldsmith et Nick Glennie-Smith
- Direction artistique : Robert Guerra, Claude Paré, Luca Tranchino
- Décors : Dante Ferretti, Francesca LoSchiavo
- Costumes : Sandy Powell
- Photo : Robert Richardson
- Montage : Thelma Schoonmaker
- Production : Chris Brigham, Graham King, Michael Mann, Leonardo DiCaprio, Charles Evans Jr., Sandy Climan
- Producteurs délégués : Martin Scorsese, Rick Schwartz, Harvey Weinstein, Bob Weinstein, Rick Yorn, Volker Schauz, Aslan Nadery, Chris Brigham
- Sociétés de production : Forward Pass, Appian Way1, Initial Entertainment Group, Warner Bros. Pictures, Miramax Films
- Distribution : Miramax Films (États-Unis), TFM Distribution (France), Ascot Elite (Suisse romande2)
- Budget : 110 millions dollars
- Pays de production :
États-Unis,
Allemagne
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