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mardi 4 février 2025

13.80 - VU LE FILM VICE DE ADAM MCKAY (2018)

 


Vu le film Vice de Adam McKay (2018) avec Christian Bale Amy Adams Steve Carell Sam Rockwell Alison Pill Colyse Harger Lily Rabe Jesse Plemons Tyler Perry Justin Kirk

Dans les années 1960, le jeune Dick Cheney préfère se battre et traîner dans les bars plutôt que de suivre ses études. Alors qu'il vit de petits boulots, son épouse Lynne, qui veut atteindre par son intermédiaire les sommets que sa condition de femme lui interdit, le somme de se ressaisir et de mettre fin à sa débauche après être allée le chercher une deuxième fois au poste de police pour ivresse sur la voie publique. Après un stage, Dick décroche, au service de Donald Rumsfeld, un poste d'assistant à la Maison-Blanche dès 1969 durant la présidence de Richard Nixon. Il y découvre sa vocation : agir au plus près du pouvoir tout en restant dans l'ombre. Profitant de l'affaire du Watergate qui écarte plusieurs Républicains du pouvoir, il devient ensuite chef de cabinet de Gerald Ford.

Adam McKay, connu pour ses comédies satiriques, s’attaque à un sujet bien plus sombre avec Vice (2018), un film qui dissèque la carrière de Dick Cheney, l’un des personnages les plus influents – et opaques – de la politique américaine contemporaine. Entre biopic et satire grinçante, McKay nous entraîne dans les coulisses du pouvoir avec un regard acéré et un style déstructuré, qui déconcerte autant qu’il fascine.

Le film retrace l’ascension de Cheney, de son poste de stagiaire à la Maison-Blanche jusqu’à celui de vice-président sous George W. Bush. McKay opte pour une mise en scène éclatée, alternant scènes décalées, montages frénétiques et ruptures du quatrième mur. Cette approche, déjà employée dans The Big Short, pousse Vice à la lisière du documentaire-fiction et de la farce politique. On ne sait jamais vraiment si l’on assiste à un portrait sérieux ou à une caricature acerbe, tant le ton oscille entre le drame feutré et la parodie mordante.

Christian Bale, méconnaissable sous une transformation physique impressionnante, livre une performance nuancée et fascinante. Il incarne un Cheney impénétrable, calculateur et froid, un homme dont les silences en disent souvent plus que ses rares éclats de voix. Son interprétation est le pivot du film, lui conférant une gravité qui contraste avec l’approche plus caricaturale de certains de ses partenaires.

Steve Carell en Donald Rumsfeld et Sam Rockwell en George W. Bush semblent en revanche jouer sur un registre plus outrancier, frôlant parfois la caricature. Si leur prestation amuse et dynamise le récit, elle peut aussi donner l’impression d’une distorsion excessive de la réalité, rendant le film inégal dans son ton. Ce choix de direction d’acteurs accentue l’impression d’une œuvre qui hésite entre rigueur historique et satire acerbe.

La mise en scène de McKay, bien que brillante dans sa construction et son audace narrative, peut parfois brouiller le propos. À trop vouloir jouer sur l’ironie et la stylisation, le film risque de diluer la portée de son sujet. Pourtant, l’accumulation des faits et des décisions politiques marquantes de Cheney dessine un portrait implacable de la manière dont le pouvoir s’exerce dans l’ombre, loin des projecteurs et des discours officiels.

Vice n’est pas un film agréable à regarder, et c’est peut-être sa plus grande réussite. Il met en lumière une réalité inconfortable, celle d’un homme qui a su manipuler les rouages du pouvoir sans jamais chercher la lumière. Entre fascination et répulsion, le spectateur est pris au piège d’un récit où la frontière entre vérité et exagération se brouille constamment. Un film imparfait, mais audacieux et nécessaire.

 NOTE : 13.80

FICHE TECHNIQUE

Producteurs délégués : Megan Ellison et Jeff G. Waxman
Coproducteur : Jason George

DISTRIBUTION

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