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mardi 4 février 2025

14.80 - MON AVIS SUR LE FILM LE PRIVE DE ROBERT ALTMAN (1973)


 Vu   le film Le Privé de Robert Altman (1973) avec Elliot Gould Sterling Hayden Nina Van Pallandt Jon Ann Brody Mark Rydell Henry Gibson Jim Bouton Pepe Callahan  David Carradine

En pleine nuit, Terry Lennox demande à son ami Philip Marlowe, un détective privé, de le conduire de toute urgence au Mexique. Ce dernier accepte, mais à son retour il est fraîchement accueilli par la police. Sylvia, l'épouse de Lennox, a en effet été retrouvée assassinée et Marlowe est inculpé pour meurtre.

Sorti en 1973, Le Privé (The Long Goodbye) de Robert Altman est une relecture audacieuse et irrévérencieuse du polar classique. Adapté du roman éponyme de Raymond Chandler, ce film revisite le mythe du détective Philip Marlowe en le transposant dans le Los Angeles désenchanté des années 70, loin de l’univers sombre et stylisé du film noir classique.

Ici, Marlowe est incarné par Elliott Gould, bien moins glamour que Humphrey Bogart dans Le Grand Sommeil (1946). Avec son allure négligée, sa dégaine nonchalante et son air perpétuellement désabusé, il campe un détective perdu dans un monde qui a changé sans lui. Son quotidien est rythmé par des détails absurdes : nourrir son chat difficile, croiser ses voisines hippies pratiquant le yoga dans le plus simple appareil, ou se traîner dans un Los Angeles ensoleillé mais poisseux.

Altman joue avec les codes du polar traditionnel pour mieux les déconstruire. Contrairement au Marlowe sûr de lui des années 40, celui de Gould est dépassé par les événements, toujours un pas derrière une vérité qui semble lui échapper. Il fume comme un pompier, marmonne dans sa barbe et enchaîne les mésaventures avec un fatalisme teinté d’humour. Son monde est peuplé de personnages excentriques, du gangster sadique incarné par Mark Rydell à l’écrivain alcoolique Terry Lennox, qui l’entraîne malgré lui dans une sombre affaire de meurtre.

L’écriture du film est typique des années 70 : labyrinthique, décousue, imprévisible. Altman, fidèle à son style, filme en plans longs et utilise un zoom flottant qui donne au film une sensation de flottement permanent, comme si Marlowe évoluait dans un rêve brisé. La bande-son, avec le thème de The Long Goodbye décliné sous différentes variations, renforce cette ambiance à la fois mélancolique et ironique.

Plus qu’un polar, Le Privé est une critique désabusée d’un monde où le cynisme a remplacé la morale. Marlowe, vestige d’une époque révolue, est un homme trop intègre pour une ville où tout n’est que compromission. Loin du détective à l’ancienne, il est le reflet d’une Amérique post-Watergate en perte de repères.

Ceux qui aiment le polar classique pourraient être déconcertés par ce film décalé, où la violence et le burlesque cohabitent sans transition. Mais pour les amateurs d’Altman, des années 70 et d’un certain esprit libre et désenchanté, Le Privé est un chef-d'œuvre.

NOTE: 14.80

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