Vu le film True Grit de Etan et Joel Coen (2010) avec Jeff Brides Matt Damon Hailee Stenfield Josh Brolin Barry Pepper Domhnall Gleeson Paul Rae Elizabeth Marvel Dakin Matthews Ed Corbin
C'est
l'adaptation du roman True
Grit de Charles
Portis, déjà porté à
l'écran en 1969 avec Cent Dollars pour un shérif de Henry
Hathaway qui avait
permis à John Wayne de remporter son seul Oscars.
Mattie
Ross est une jeune fille très déterminée. Elle veut venger la mort de son père,
assassiné lâchement par un de ses employés, nommé Tom Chaney. Ce dernier s'est
enfui en territoire indien chacta avec une bande de
hors-la-loi menée par « Lucky » Ned Pepper. Puisque la justice ne
semble pas s'en préoccuper, Mattie négocie âprement pour obtenir des fonds,
afin de partir à ses trousses. Mais elle ne reste pas seule et décide d'engager
le marshal le plus coriace de la région, Reuben
« Rooster » Cogburn.
Avec True
Grit, les frères Coen revisitent un classique du western en lui insufflant
leur sens du détail, leur ironie mordante et une touche de lyrisme qui manquait
au film d’Henry Hathaway. Si Cent dollars pour un shérif (1969) servait
avant tout d’écrin à la légende de John Wayne, le film des Coen s’attache
davantage à l’atmosphère et aux personnages, leur donnant plus de profondeur et
de nuances. Loin d’un simple remake, c’est une relecture fidèle au roman de
Charles Portis, où l’aventure se mêle à la mélancolie et où la rudesse du
western se pare d’une poésie crépusculaire.
L’histoire
reste la même : Mattie Ross, une adolescente déterminée, engage le marshal
Reuben J. "Rooster" Cogburn pour traquer l’assassin de son père. Mais
là où le film de Hathaway campait une figure quasi mythologique en la personne
de John Wayne, les Coen réinscrivent cette quête dans un cadre plus rugueux et
réaliste, où l’héroïsme se drape de poussière et de maladresse. Jeff Bridges,
en Cogburn, ne cherche pas à rivaliser avec l’aura du Duke. Son interprétation
est plus brute, plus désenchantée, avec cette voix rocailleuse et ce regard
noyé dans le whisky. Il n’a pas la stature impériale de Wayne, mais il compose
un personnage plus humain, plus bancal, sans pour autant perdre en charisme.
Face à
lui, Hailee Steinfeld est la révélation du film. Son interprétation de Mattie
Ross est à la fois déterminée et touchante, bien loin des héroïnes classiques
du western. Avec son assurance à toute épreuve, son phrasé précis et son regard
implacable, elle tient tête à Bridges et Damon sans jamais vaciller. Son
personnage, moteur de l’intrigue, incarne une volonté inébranlable, dans un
monde d’hommes brutaux et désabusés.
Matt
Damon, lui, apporte un contrepoint inattendu avec son Texas Ranger LaBoeuf. Son
personnage, souvent ridicule mais étrangement attachant, contraste avec le
cynisme de Cogburn et la détermination de Mattie. Il incarne un certain
exotisme, une figure légèrement en décalage, qui oscille entre l’arrogance et
la maladresse. De son côté, Josh Brolin, en Tom Chaney, campe un tueur froid et
insignifiant, presque pathétique. Loin du monstre de violence qu’on pourrait
attendre, il incarne plutôt un mal ordinaire, un lâche sans envergure, ce qui
rend son personnage encore plus réaliste et glaçant.
La mise
en scène des Coen sublime cette histoire avec une photographie somptueuse
signée Roger Deakins. Chaque plan est composé avec une précision picturale, où
la rudesse des paysages se conjugue avec une lumière à la fois crépusculaire et
onirique. L’humour, omniprésent mais jamais forcé, désamorce la noirceur du
récit sans en diminuer l’intensité dramatique. Quant à la bande-son de Carter
Burwell, elle apporte une solennité envoûtante à cette traque où chaque pas
semble résonner comme un écho du passé.
True Grit est une épopée westernienne qui, sans renier son aîné, en offre une vision plus subtile et nuancée. Plus qu’un film d’aventure, c’est une méditation sur la vengeance, l’honneur et le passage à l’âge adulte. Hathaway avait signé un western efficace et froid, les Coen en font une fresque à la fois grandiose et intime, où l’ombre du mythe s’efface derrière la beauté fragile du crépuscule.
NOTE : 16.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation Joel et Ethan Coen
- Scénario : Joel et Ethan Coen, d'après le roman True Grit de Charles Portis
- Musique : Carter Burwell
- Photographie : Roger Deakins
- Montage : Joel et Ethan Coen
- Décors : Jess Gonchor
- Costumes : Mary Zophres
- Production : Joel et Ethan Coen, Scott Rudin
- Production déléguée : David Ellison, Megan Ellison, Robert Graf, Paul Schwake et Steven Spielberg
- Sociétés de production : Mike Zoss Productions, Scott Rudin Productions, DreamWorks Pictures et Skydance Productions
- Société de distribution : Paramount Pictures
- Budget : 38 000 000 $
- Jeff Bridges (VF : Patrick Floersheim) : Marshal Reuben J. « Rooster » Cogburn
- Hailee Steinfeld (VF : Sarah Kramer) : Mattie Ross
- Matt Damon (VF : Damien Boisseau) : LaBoeuf, le Texas Ranger
- Josh Brolin (VF : Marc Saez) : Tom Chaney, le tueur poursuivi
- Barry Pepper (VF : David Krüger) : « Lucky » Ned Pepper, le chef de bande
- Dakin Matthews (VF : Roger Carel) : le colonel Stonehill, commissaire-priseur
- Jarlath Conroy (VF : Jean-Pierre Gernez) : l'ordonnateur des pompes funèbres
- Paul Rae (VF : Bernard Bollet) : Emmett Quincy, le taiseux dans la bicoque
- Domhnall Gleeson (VF : Benoît Du Pac) : Moon, le jeune blessé à la cuisse dans la bicoque
- Elizabeth Marvel (VF : Catherine Wilkening) : Mattie, à 40 ans
- Roy Lee Jones (VF : Asto Montcho) : Yarnell, l'homme noir qui accompagne Mattie en ville
- Ed Lee Corbin (VF : Emmanuel Jacomy) : Forster, le « médecin-dentiste » ours
- Leon Russom (VF : René Morard) : le shérif
- Bruce Green : Harold Parmalee, membre de la bande de Ned Pepper
- Candyce Hinkle (VF : Danièle Hazan) : la propriétaire de la pension
- Don Pirl (VF : Marc Cassot) : Cole Younger
- Joe Stevens (VF : Jean-Yves Chatelais) : l'avocat contre-examinateur
- David Lipman (VF : Jean-Claude Sachot) : le premier avocat
- Ty Mitchell (VF : Julien Kramer) : le passeur
- Cody Jones : l'indien du Wild West Show (non crédité)
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