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mardi 11 février 2025

16.20 - MON AVIS SUR LE FILM TRUE GRIT DE ETAN ET JOEL COEN (2010)


 Vu le film True Grit de Etan et Joel Coen (2010) avec Jeff Brides Matt Damon Hailee Stenfield Josh Brolin Barry Pepper Domhnall Gleeson Paul Rae Elizabeth Marvel Dakin Matthews Ed Corbin

C'est l'adaptation du roman True Grit de Charles Portis, déjà porté à l'écran en 1969 avec Cent Dollars pour un shérif de Henry Hathaway qui avait permis à John Wayne de remporter son seul Oscars.

Mattie Ross est une jeune fille très déterminée. Elle veut venger la mort de son père, assassiné lâchement par un de ses employés, nommé Tom Chaney. Ce dernier s'est enfui en territoire indien chacta avec une bande de hors-la-loi menée par « Lucky » Ned Pepper. Puisque la justice ne semble pas s'en préoccuper, Mattie négocie âprement pour obtenir des fonds, afin de partir à ses trousses. Mais elle ne reste pas seule et décide d'engager le marshal le plus coriace de la région, Reuben « Rooster » Cogburn.

Avec True Grit, les frères Coen revisitent un classique du western en lui insufflant leur sens du détail, leur ironie mordante et une touche de lyrisme qui manquait au film d’Henry Hathaway. Si Cent dollars pour un shérif (1969) servait avant tout d’écrin à la légende de John Wayne, le film des Coen s’attache davantage à l’atmosphère et aux personnages, leur donnant plus de profondeur et de nuances. Loin d’un simple remake, c’est une relecture fidèle au roman de Charles Portis, où l’aventure se mêle à la mélancolie et où la rudesse du western se pare d’une poésie crépusculaire.

L’histoire reste la même : Mattie Ross, une adolescente déterminée, engage le marshal Reuben J. "Rooster" Cogburn pour traquer l’assassin de son père. Mais là où le film de Hathaway campait une figure quasi mythologique en la personne de John Wayne, les Coen réinscrivent cette quête dans un cadre plus rugueux et réaliste, où l’héroïsme se drape de poussière et de maladresse. Jeff Bridges, en Cogburn, ne cherche pas à rivaliser avec l’aura du Duke. Son interprétation est plus brute, plus désenchantée, avec cette voix rocailleuse et ce regard noyé dans le whisky. Il n’a pas la stature impériale de Wayne, mais il compose un personnage plus humain, plus bancal, sans pour autant perdre en charisme.

Face à lui, Hailee Steinfeld est la révélation du film. Son interprétation de Mattie Ross est à la fois déterminée et touchante, bien loin des héroïnes classiques du western. Avec son assurance à toute épreuve, son phrasé précis et son regard implacable, elle tient tête à Bridges et Damon sans jamais vaciller. Son personnage, moteur de l’intrigue, incarne une volonté inébranlable, dans un monde d’hommes brutaux et désabusés.

Matt Damon, lui, apporte un contrepoint inattendu avec son Texas Ranger LaBoeuf. Son personnage, souvent ridicule mais étrangement attachant, contraste avec le cynisme de Cogburn et la détermination de Mattie. Il incarne un certain exotisme, une figure légèrement en décalage, qui oscille entre l’arrogance et la maladresse. De son côté, Josh Brolin, en Tom Chaney, campe un tueur froid et insignifiant, presque pathétique. Loin du monstre de violence qu’on pourrait attendre, il incarne plutôt un mal ordinaire, un lâche sans envergure, ce qui rend son personnage encore plus réaliste et glaçant.

La mise en scène des Coen sublime cette histoire avec une photographie somptueuse signée Roger Deakins. Chaque plan est composé avec une précision picturale, où la rudesse des paysages se conjugue avec une lumière à la fois crépusculaire et onirique. L’humour, omniprésent mais jamais forcé, désamorce la noirceur du récit sans en diminuer l’intensité dramatique. Quant à la bande-son de Carter Burwell, elle apporte une solennité envoûtante à cette traque où chaque pas semble résonner comme un écho du passé.

True Grit est une épopée westernienne qui, sans renier son aîné, en offre une vision plus subtile et nuancée. Plus qu’un film d’aventure, c’est une méditation sur la vengeance, l’honneur et le passage à l’âge adulte. Hathaway avait signé un western efficace et froid, les Coen en font une fresque à la fois grandiose et intime, où l’ombre du mythe s’efface derrière la beauté fragile du crépuscule.

NOTE : 16.20

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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